Peut-il exister un acte libre ?
Extrait du document
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Un acte libre est un acte qui est effectif, qui a des conséquences, qui est le début d'une chaîne causale, sans être
lui-même causé pour autant.
En effet si un acte a une cause comment peut-il être libre puisque du fait de cette
cause cet acte n'aurait pas pu ne pas être ? Un acte nécessaire ne peut plus être qualifié de libre, or si une cause
précède un acte elle le rend nécessaire.
Dès lors rechercher un acte libre consiste bien à rechercher un acte sans
cause.
Mais prétendre à l'existence d'un tel acte n'est-ce pas s'affranchir du déterminisme universel selon lequel
tout ce qui cause quelque chose est lui-même causé ? Le problème semble bien être de prouver l'existence d'un tel
acte.
De plus c'est un problème moral qui est posé si l'on considère les conséquences ultimes du problème.
En effet
la morale exige de l'homme qu'il agisse selon le devoir et donc librement, c'est-à-dire non pas selon les conditions
extérieures qui le déterminent mais selon ce qui est juste.
La morale semble donc fondée sur la possibilité d'actes
libres puisqu'elle exige de l'homme qu'il agisse indépendamment de ce qui le détermine.
Or si un acte libre ne peut
exister comment l'exigence de la morale pourrait avoir un sens ? Comment reprocher à un homme sa manière d'agir si
celui-ci n'est pas libre d'agir ? En conséquence l'enjeu est de savoir si la morale peut perdurer malgré la difficulté de
prouver la possibilité d'un acte libre, possibilité qu'elle requiert.
I.
Le Déterminisme Universel et l'impossibilité d'un acte libre :
Si nos actes ne sont pas libres comment peut-on expliquer que nous croyons agir librement ? Cette question est
cruciale ; il s'agit de savoir si on peut se fier à notre expérience quotidienne pour fonder la possibilité d'actes
libres.
Après tout ne sommes nous pas juges de la liberté de nos actes ? Dans l'appendice de la première partie
de l'Ethique Spinoza apporte une réponse à ce problème.
Selon Spinoza, le sentiment interne de liberté dépend
uniquement de l'ignorance des causes qui nous font agir.
Si l'homme se
croit libre c'est uniquement parce que celui-ci ignore ce qui le détermine à
agir alors qu'il agit.
En effet l'homme qui veut une chose peut très bien
ignorer ce qui le détermine à vouloir cette chose ; par contre, il n'ignore
pas qu'il veut cette chose, en conséquence cet homme sera conscient
qu'il veut sans savoir pourquoi il veut ce qui peut faire croire à cet homme
qu'il veut librement.
On n'agit jamais librement par contre il arrive bien que
nous agissions sans connaître les causes de notre acte, alors on croit agir
librement mais il ne s'agit là que d'une illusion.
Conscient de ses actes et
pas des causes qui le font agir l'homme croit être libre.
Le rationalisme cartésien nous montre déjà qu'une volonté infiniment libre,
mais privée de raison, est une volonté perdue.
Plus nous connaissons, plus
notre liberté est grandie et fortifiée.
Si nous développons notre
connaissance au point de saisir dans toute sa clarté l'enchaînement
rationnel des causes et des effets, nous saisirons d'autant mieux la
nécessité qui fait que telle chose arrive et telle autre n'arrive pas, que tel
phénomène se produit, alors que tel autre ne viendra jamais à l'existence.
Pour Spinoza, une chose est libre quand elle existe par la seule nécessité
de sa propre nature, et une chose est contrainte quand elle est
déterminée par une autre à exister et à agir.
Au sens absolu, seul Dieu est infiniment libre, puisqu'il a une
connaissance absolue de la réalité, et qu'il la fait être et exister suivant sa propre nécessité.
Pour Spinoza et à
la différence de Descartes, la liberté n'est pas dans un libre décret, mais dans une libre nécessité, celle qui nous
fait agir en fonction de notre propre nature.
L'homme n'est pas un empire de liberté dans un empire de
nécessité.
Il fait partie du monde, il dispose d'un corps, d'appétits et de passions par lesquelles la puissance de
la Nature s'exerce et s'exprime en nous, tant pour sa propre conservation que pour la nôtre.
Bien souvent nous
croyons être libres, alors que nous ne faisons qu'être mus, par l'existence de causes extérieures :
la faim, la pulsion sexuelle, des goûts ou des passions qui proviennent de notre éducation, de notre passé, de
notre culture.
Nul homme n'étant coupé du milieu dans lequel il vit et se trouve plongé, nous sommes
nécessairement déterminés à agir en fonction de causes extérieures à notre propre nature.
"Telle est cette
liberté humaine que tous les hommes se vantent d'avoir et qui consiste en cela seul que les hommes sont
conscients de leurs désirs, et ignorants des causes qui les déterminent."
La position de Spinoza est lourde de conséquence morale, en effet l'homme qui agit bien n'agit bien que parce
qu'il y est déterminé.
Comment dès lors féliciter un individu pour son action ? Qualifier de bonne une action perd
tout son sens si l'on n'est pas libre de faire le contraire.
On voit que le problème dépasse une question
théorique, s'il n'y a plus d'acte libre alors il n'y a plus de bonnes ou de mauvaises actions, et on ne peut plus
juger un homme pour la façon dont il agit puisque tout est déterminé malgré lui.
TRANSITION
Qu'il s'agisse de l'ordre divin, ou de l'ordre inaltérable de la nature il semble donc que le déterminisme empêche de
concevoir tout acte libre, tout acte est inscrit dans un schéma causal qui empêche l'existence d'un acte libre.
Dès
lors si ce qui arrive est nécessaire on voit mal comment il est possible de préserver la possibilité d'un acte libre.
II.
Leibniz le déterminisme incline sans nécessité.
»
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