Percevoir est-ce seulement recevoir ?
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Introduction :
La perception est notre rapport immédiat au monde ; c'est un rapport subi de par notre participation corporelle au
monde matérielle.
Dans ce sens, la perception apparait avant tout comme réception.
Je suis devant mon ordinateur
et je reçois les effluves de stimuli visuels auditifs, tactiles qui viennent de l'ordinateur ; en percevant mon
ordinateur, je le reçois, ce n'est pas moi qui le crée.
Cependant, la perception n'est pas une simple réception de la sensation, elle ajoute des idées aux données des
sens.
Par exemple, les stimuli qui me proviennent de mon ordinateur ne contiennent pas en eux même l'information
ordinateur, c'est par un acte intellectuel que je rassemble un flux hétéroclite de sensations sous l'idée d'ordinateur.
Problématique :
La perception est une réception des données sensorielles, cependant, ce n'est pas une réception passive, la
perception est déjà un travail de l'esprit.
I : La sensation est une réception.
1)
On perçoit à travers la sensation.
La sensation est la stimulation des sens par le monde extérieur.
La
sensation est donc essentiellement une réception, une affection passive et subie du corps, elle se distingue
de la volonté qui est une mise en mouvement active du corps.
2)
Par la sensation, nous percevons la qualité des choses.
Sans cette réception, il n'y aurait ni plaisir ni
douleur, aucune saveur ; cette réceptivité est notre enracinement dans le monde, ce qui nous le fait aimer.
3)
Sentir n'est que recevoir, c'est pourquoi les morales du plaisir sont fondamentalement égoïstes.
Le plaisir
ne se partage pas, celui qui ne fait que sentir est incapable de donner, il ne sait que recevoir.
II : La perception est un travail d'organisation de l'expérience.
1)
Il y a toujours un travail de l'esprit dans la perception.
Dans les méditations métaphysiques, Descartes
raconte qu'il aperçoit des hommes passer dans la rue, puis il se
ravise : il n' vu passer que des manteaux et chapeaux.
Cela montre
qu'il y a toujours un travail dans la perception, il a ajouté à la simple
sensation visuelle l'idée qu'il y avait des hommes sous les chapeaux et
les manteaux, alors qu'il aurait pu y avoir des automates.
2)
Husserl dit qu'il y a toujours une intentionnalité dans la perception ;
l'intentionnalité est le contenu sémantique d'une représentation.
La
perception est toujours perception « de » quelque chose, ce n'est pas
une pure réception, on a toujours une idée de ce qu'on perçoit.
Lorsqu'on perçoit un objet, les sens ne nous donnent jamais tout
l'objet, et pourtant, nous avons une idée de l'objet entier ; si je
perçois la table devant moi, les sens ne m'en donnent qu'une petite
partie et pourtant j'ai bien conscience de me tenir devant une table
entière.
On peut sans doute faire débuter la réflexion phénoménologique de Husserl à
partir de cette formule dont il est redevable à Brentano, dont il fut l'élève :
Toute conscience est conscience de quelque chose.
Tout état de conscience
en général est, en lui-même, conscience de quelque chose, quoi qu'il en soit
de l'existence réelle de cet objet et quelque abstention que je fasse, dans
l'attitude transcendantale qui est mienne, de la position de cette existence et
de tous les actes de l'attitude naturelle
C'est ce que Husserl appelle aussi l'intentionnalité, car au fond il n'y a pas de «je pense» qui ne soit en même temps
je pense un quelque chose, c'est-à-dire un objet pensé, un cogitatum.
Le mot intentionnalité ne signifie rien d'autre que cette particularité foncière et générale qu'a la conscience d'être
conscience de quelque chose, de porter, en sa qualité de cogito, son cogitatum en elle-même.
Et s'il n'y a de conscience que de conscience de quelque chose, de même il n'y a d'objet que pour une conscience,
non pas que ma conscience crée l'objet en le visant (intentionnalité, conscience de), mais parce que cet objet n'a
de sens que le sens que je lui donne en le pensant.
3)
Selon Kant, dans la perception, les données des sens sont apportées à des catégories de notre
entendement.
C'est l'imagination qui fait le lien entre les données sensibles et les catégories de
l'entendement par l'intermédiaire de « schèmes ».
Notre expérience est donc toujours un travail de l'esprit, la
perception n'est pas une simple réception, elle est un travail des données sensibles..
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