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Perception et jugement ?

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« Définition des termes du sujet: JUGEMENT: Du latin judicare, «porter un jugement», «émettre une opinion».

1.

Pouvoir ou faculté de bien juger, de distinguer le vrai d'avec le faux (synonyme de bon sens ou de raison).

2.

En logique, affirmation ou négation d'un rapport entre un sujet et un prédicat.

3.

En droit, décision rendue par un juge.

4.

Chez Kant, faculté de penser l'individu sous l'espèce, le cas particulier sous la règle. Perception: Du latin percipere, saisir par les sens, recueillir, comprendre.

Faculté par laquelle le moi se forme, à partir de ses sensations, une représentation unifiée des objets extérieurs à lui. Nous percevons les choses par l'entremise de nos sens : ce rapport sensoriel se marque par autant de sensations liées aux qualités perçues.

Ainsi, une sensation indique la présence de la chose par sa couleur, son poids, son goût, etc. Percevoir, c'est, selon l'étymologie, récolter les sensations.

La perception est la conscience que nous avons de ce rapport sensoriel.

Par exemple, lorsque nous jugeons qu'une pomme est rouge, cela présuppose qu'elle nous est apparue de cette couleur.

Le jugement exprimé propose une représentation de la chose perçue : nous jugeons que cette pomme est rouge, parce qu'elle nous est apparue telle.

Cependant, dans quelle mesure ce glissement de la perception subjective à la représentation de la chose elle-même est-il légitime ? Perception et représentation La représentation sensible d'une chose est donc un ensemble unifié et cohérent de perceptions.

Elle s'affine au fur et à mesure de la répétition et de la mémorisation des expériences vécues, de l'habitude, qui enrichissent, renforcent ou stabilisent l'image de la chose.

Ainsi, un savoir empirique se constitue.

Il permet à chacun, en fonction de son vécu, de s'orienter dans le réel.

La perte d'un sens ampute cette possibilité, la rend plus difficile.

Lorsqu'un sens manque, les autres sens sont sollicités pour compenser le handicap, jusqu'à atteindre une performance supérieure à la normale.

La perception s'éduque, se cultive : un aveugle est plus réceptif au son, à l'odeur et au toucher; un sourd est plus attentif aux couleurs, etc. Perception et jugement implicite La perception semble donc être le résultat de la saisie passive des données sensibles.

La sensibilité est en effet une faculté de réceptivité.

Cependant, nous élaborons une forme générale (idea) de la chose, résultat de notre faculté de juger. Juger, c'est penser, « unir des représentations dans une conscience », dit Kant (Prolégomènes à toute métaphysique future, § 22).

Cette liaison signe une activité de notre esprit qui collecte les données de l'expérience sensible, activité qui est le plus souvent inconsciente, implicite.

Par exemple, me retrouvant dans une clairière, je n'y suis pas complètement perdu.

L'image générale, le « schème » dit Lagneau, que j'ai de la clairière, permet une reconnaissance minimale du lieu.

Si nous ne pouvions pas ainsi nous retrouver dans la réalité concrète, nous serions désorientés dans le temps et dans l'espace.

Cependant, reconnaître une chose comme déjà vue ou semblable à du déjà vu, ce n'est pas la connaître véritablement. Percevoir et concevoir Comment s'opère le passage de la perception à la conception ? Y a-t-il une synthèse d'une autre nature ? Par exemple : percevant un polygone de mille côtés, je n'arrive pas à en former une image précise.

Mon imagination est vite limitée.

Je le vois, pourtant je n'en perçois qu'une forme imprécise.

Je dois quitter l'ordre de l'image et compter les côtés.

J'aboutis alors à un concept simple et exact : le chiliogone. L'imprécision de l'image est remplacée par l'exactitude parfaite du concept.

Je n'ai aucune difficulté à le concevoir.

Il aurait 999 ou 1001 côtés, la pensée serait toujours aussi claire et distincte.

Qu'en est-il ? Tout d'abord, on réalise que la perception ne peut être science.

Elle est attachée à l'expérience singulière d'un sujet.

De plus, elle ne peut être améliorée à l'infini : j'ai beau m'exercer, je buterai toujours sur une limite de mes sens et de mon imagination.

Enfin, une illusion des sens demeure telle quelle, mais je peux toujours retenir mon jugement sur la chose et ne pas tomber dans l'erreur qu'elle peut susciter.

Ainsi, mon jugement peut être libéré de ma perception.

En effet, le jugement relève ici d'un discours rationnel, valable pour tous les esprits, faisant abstraction des perceptions subjectives. Ainsi, l'entendement me permet d'élaborer en esprit des idées qui ne sont pas tributaires des limites de la perception. Alors, s'il est vrai que sans les sens nous ne pourrions pas entrer en contact avec les choses, ils ne suffisent cependant pas à nous les faire connaître.

La perception doit laisser ce rôle à une forme de jugement qui tient à la puissance de l'entendement qui conçoit et non « aux témoignages des sens qui ne nous donnent que des exemples », dit Leibniz. Perception esthétique Cependant, dans le domaine de l'art, la perception conserve un rôle et une valeur irremplaçables.

Les beaux-arts montrent combien la perception esthétique peut être riche et complexe.

Et l'artiste aussi bien que le spectateur de l'oeuvre d'art, montrent à quel point la sensibilité est une voie d'accès au sens et à la vérité sur le mode esthétique, sans le détour par le concept.

Le jugement de goût qui exprime le sentiment du beau montre un lien à la fois subjectif et objectif entre le monde et l'homme.. »

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