Pensez-vous que "c'est l'illusion et non le savoir qui rend heureux" ?
Extrait du document
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Explicitation de la citation
• Illusion et savoir sont opposés terme à terme.
Mais cette opposition ne porte pas tant sur leurs définitions
intrinsèques respectives (l'illusion est-elle le contraire du savoir?) que sur leurs effets par rapport à une finalité
définie (le bonheur).
L'erreur méthodologique serait donc ici de se lancer dans deux développements séparés, l'un
sur la nature du savoir et l'autre sur celle de l'illusion.
Ce qu'il faut, c'est envisager l'opposition illusion/savoir dans ce
qu'elle peut avoir de pertinent ou de non pertinent pour la recherche du bonheur.
• En partant d'une définition succincte des deux termes, on peut dégager les traits fondamentaux de la
problématique qui sous-tend la citation :
- L'illusion (du latin illudere : se jouer de), dans son sens premier, est une apparence sensible trompeuse; par
dérivation, l'illusion peut se définir comme une fausse croyance spontanée (cf.
par exemple l'illusion du
géocentrisme, qui correspond, en tant que croyance collective, au mouvement apparent des astres).
- Le savoir, dans sa définition la plus générale, n'est pas autre chose qu'un ensemble de connaissances permettant
de comprendre une réalité donnée.
- L'opposition illusion/savoir est envisagée ici de façon très générale, sans distinction des domaines pour lesquels
elle pourrait prendre un sens spécifique.
Ce niveau de généralité pourra être contesté, relativisé, en tenant compte
des différents points de vue auxquels on peut se situer en ce qui concerne la recherche du bonheur.
La réflexion
devra porter, entre autres, sur le statut du savoir dans une telle recherche (si le savoir peut contribuer au bonheur,
en est-il pour autant une condition suffisante?).
- Les effets de l'illusion ou du savoir ne sont sans doute pas définissables indépendamment d'une conception
anthropologique implicite : c'est à partir d'une certaine vision de l'homme que l'on tend à valoriser l'illusion (qui serait
gratifiante dans la mesure où elle dissimulerait à l'homme certaines difficultés fondamentales de son existence ou de
sa condition) ; de même, la valorisation du savoir, de son rôle émancipateur et bénéfique, semble relever d'une
autre conception de l'homme.
En fait, la problématique à définir met en jeu des idées qu'il faut expliciter.
- L'idée que le bonheur puisse être effet de l'illusion mérite, elle aussi, discussion.
De quel type de bonheur s'agit-il?
Un bonheur d'illusion est-il concevable et acceptable ? Inversement, ce que le savoir peut comporter de
dérangeant, d'incommode, ne peut-il être dépassé en vue d'un authentique bonheur, dans la mesure où il définit les
conditions de la lucidité ?
Quelques éléments de réflexion sur la fonction de l'illusion
• Freud parle des «bénéfices secondaires» de la maladie, pour désigner
l'intérêt affectif que peut avoir un malade à rester dans sa maladie ; de
même, il évoque la fonction de l'illusion religieuse en tant que consolation ou
compensation.
de même, durant la cure analytique, le patient en même temps
qu'il collabore avec l'analyste résiste au traitement pour que l'inconscient
reste tel.
Freud appelle ces résistances, le transfert: c'est le déplacement de
l'énergie affective et libidinale du sujet vers la personne même du médecin le
symbolisant souvent d'un rôle paternel.
L'analyste doit d'abord provoquer le
transfert de son patient pour progresser dans la cure; et savoir le maîtriser.
Le transfert qu'il soit positif ou négatif est le facteur de réussite de la cure.
Ce que Lacan illustrera dans la formule lapidaire: "la résistance, c'est le
transfert".
Mais en aucun cas, le médecin ne devra se prêter aux avances de
son patient: règle de l'abstinence.
De plus, la psychanalyse doit frustrer le
patient, ce qui est une condition indispensable pour qu'il ne se contente plus
des "bénéfices secondaires" que lui procure la névrose (la névrose est une
adaptation, une réaction à des déséquilibres mettant encore plus en péril
l'intégrité psychique du névrosé), et qu'il veuille se débarrasser de ses
symptômes: névrose de transfert.
Dans le transfert, le patient manifeste ses
conflits les plus profonds et les plus manifestes; il donne de précieuses
indications sur la manières dont son patient a vécu certaines périodes de son
enfance, et en particulier la période oedipienne..
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