Penser est-ce agir ?
Extrait du document
«
Quand nous parlons d'agir et de penser , nous renvoyons insensiblement à des groupes de mots : qui dit pensée,
implique jugement, raison, conscience, intelligence, attention, réflexion , idée, représentation,qui d'un autre coté
parle d'action suppose, réflexe, tendance, désir, mouvement.
Il arrive d'une manière générale que nous
distinguons l'action et la pensée ; on les oppose comme en témoignent les expressions , hommes d'action, homme
de pensée par lesquelles on se réfère à deux types d'homme antagoniste, mais qu'en est-il vraiment penser est-ce
agir ? Marx ne demandait-il pas à la philosophie d'arrêter de penser théoriquement le monde mais de le changer, et
si possible de le changer radicalement !
Le sujet suivant nous demande de penser les rapports entre le verbe penser et agir et si ce rapport est un rapport
d'identité.
Le premier problème qui surgit est le problème de la conscience intime : à l'intérieur de celle-ci, il y a
une forme d'agitation, mais est-ce de l'action à proprement , au nom de quoi l'action serait-elle simplement un
mouvement externe, et non pas interne ?
Afin de répondre à la question du sujet nous essayerons de voir les rapports entre ces deux verbes en soutenant
d'une part que penser, ce n'est pas agir, et que d'autre part qu'agir, ce n'est pas penser, enfin nous essayerons de
saisir un possible rapport d'identité entre ces deux verbes, après avoir disqualifié les mauvaises pistes de
compréhension entre ces deux verbes.
I
Penser , ce n'est pas agir
- A Penser, c'est réfléchir sur soi-même, c'est un acte réflexif de la conscience sur elle-même, rien n'est produit de
l'extérieur, aucune action, tout se passe de l'intérieur.
Les méthodes de la psychologie, l'introspection, la
psychanalyse semble indiquer que la monde de la conscience est replié sur lui-même.
- B Penser c'est toujours suffisamment théorique pour nous montrer la séparation d'avec l'action pratique.
Pensez
à Hegel dans la Phénoménologie de l'esprit.
Quels sont les obstacles que rencontre la raison théorique et
pourquoi ne peut-elle agir sur le monde extérieur ?
- La raison est bien pour Hegel dans Phénoménologie de l'esprit,
l'unité de la pensée et de l'objet, c'est-à-dire de la certitude subjective et
de la vérité objective,de l'être et du moi.
»la raison est la certitude de la
conscience d'être toute la réalité.
».en fait il y a deux types de démarche au
sein même de la raison, d'une part La raison observante ou théorique qui
est vouée à l'observation de la nature,se trouve devant un élément qui lui
demeure étranger.
Le monde extérieur et objectif des résultats de son effort
est vain pour atteindre la véritable intelligence ; l'intelligence seulement
formelle ne nous est d'aucun secours.
Et de l'autre côté, la raison opérante
ou pratique qui s'élève à l'universalité et pense l'essence spirituelle comme
moralité.
L'esprit y est déjà présent.
L'individualité « réelle en et pour
soi » ne prend plus la réalité comme une résistance à vaincre.
Son
existence en tant qu'acte est l'actualisation de son essence.
L'être-en-soi,
c'est-à-dire
l'universel, et l'être-pour-soi ,c'est-à-dire l'individualité, se
pénètrent intimement, ne sont plus étrangers l'un à l'autre ou hostiles.
Le
monde qui s'offre à nous comme matière de notre opération n'est pas,en soi,
distinct de nous ; il est déjà révélation au-dehors de ce que nous sommes
au-dedans.
Le chose même est l'unité de l'être et de la conscience de
soi.
C'est la chose spirituelle, humaine, très éloignée de la chose de la
perception.
Mais le monde de la raison réalisée dépasse le seul moment de
l'individualité.
Il exige l'interaction des individualités »: le Moi qui est un nous,
et le Nous qui est un Moi »
- C Penser, c'est réfléchir, c'est se souvenir, le souvenir est un obstacle à l'adaptation que réclame l'action
immédiate.
La mémoire peut être un frein indéniable à l'action car elle peut nous rappeler de tels souvenirs que nous
n'osons plus agir.
La peur que le malheur passé ne se reproduise.
Pensez à la philosophie des sceptiques qui nous
demande justement de demeurer sans jugement pour atteindre l'ataraxie , c'est-à-dire la paix de l'âme.
- Si penser, c'est penser justement, logiquement, selon des règles assurant un bon raisonnement, chacun sait plus
ou moins bien comment la logique nous sépare de l'action, Kant d'ailleurs critiquera la logique comme science
incapable d'avoir des applications pratiques.
II
Agir, ce n'est pas penser
- A Agir, c'est faire des mouvements, le problème peut s'exprimer de deux manières, soit le mouvement est
automatique, et il est de l'ordre du réflexe, réflexe dans lequel la conscience s'est retirée, ou alors le mouvement
est un mouvement conscient, et il suppose une attention de tous les instants, le problème là encore est que
l'attention peut être diffuse, l'attention peut ne pas durer et devenir automatique, mais l'attention en elle-même
est-elle pensée ? Bref la plupart de nos actions sont faites par habitude, et ce qui est sûr, notamment grâce à la
philosophie, c'est que la pensée remet en cause les habitudes acquises par l'action, en les critiquant.
- B Agir en matière politique, c'est régler les problèmes avec une certaine urgence, là où la morale délibère sans
cesse, où la pensée théorique prend tout son temps, l'action politique doit trouver des réponses efficaces qui
évitent si possibles la question des tribulations morales.
Demandez-vous les raisons pour lesquelles Machiavel
sépare le domaine de la politique et de la morale si ce n'est pas parce que la politique doive répondre à une situation.
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