Pascal a écrit : « Le moi est haïssable. » Vous semble-t-il que le « moi » de Pascal soit absent des Pensées ?
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Pascal a écrit : « Le moi est haïssable.
» Vous semble-t-il que le « moi » de Pascal soit absent des
Pensées ?
C'est avant tout un sujet d'analyse auquel vous pourrez ajouter une partie explicative.
Vous avez à faire l'analyse
de cette idée du moi, puis à faire l'analyse (on pourrait dire aussi bien la description du moi que l'on trouve dans les
Pensées pour comparer avec ce que vous aurez dit de la littérature personnelle.
Vous pourrez enfin expliquer ce qu'il
y a de personnel.
Une œuvre littéraire peut être personnelle parce que l'écrivain y parle de lui et plus particulièrement de ce qui ne
peut appartenir qu'à lui : événements précis, goûts, manies, — ou bien de ce qui lui est arrivé, de ce qu'il a
éprouvé, pensé, etc., mais que beaucoup d'autres ont pu vivre, éprouver, penser comme lui.
Pascal avait un
excellent exemple de ces deux formes de littérature personnelle dans les Essais de Montaigne; et c'est à eux qu'il
songe.
On les retrouve aussi bien dans les Confessions de Rousseau.
On trouve la première, mais plus souvent la
seconde, dans la plupart des grandes œuvres romantiques.
Aucune de ces deux formes n'est dans les Pensées de
Pascal.
Jamais Pascal ne dit ou suggère : « C'est ainsi que, moi, je pense ou je sens.
» Il s'efforce toujours de
donner au lecteur cette impression que sa pensée, son jugement doivent être ceux de tout lecteur cultivé capable
de le comprendre.
Par contre, la personnalité d'un auteur peut s'exprimer par le fait qu'il pense ou sent ce que personne d'autre ne
pourrait penser ou sentir comme lui ; et surtout parce qu'il exprime ce qu'il pense et ce qu'il sent avec un accent,
dans un style qu'on ne rencontre nulle part ailleurs.
Supprimons tous les passages où Montaigne parle de lui ; ne
gardons que les parties impersonnelles ou bien celles où nous pourrons écrire « on » à la place de « je », les Essais
n'en exprimeront pas moins exactement la personnalité de Montaigne; tout comme les Fables refléteraient aussi bien
La Fontaine si l'on donnait un caractère impersonnel aux quelques passages ou fragments où il se met directement
en scène.
C'est cette sorte de moi qu'on peut retrouver dans les Pensées : 1° La religion de Pascal, quelle que soit
son orthodoxie, est bien une religion à lui et à lui seul, par un mélange d'implacable austérité janséniste, de rigueur
ascétique et d'ardeur frémissante, de pitié fraternelle pour une humanité anxieuse et misérable; 2° Le mouvement
surtout et le style des Pensées sont l'image de l'âme de Pascal et de la sienne seulement, par l'alliance de la rigueur
logique, déductive et d'une sensibilité, d'une imagination qui suscitent les images, les tours frappants, les mots
hardis et colorés.
L'explication est dans le caractère même de Pascal, chrétien qui veut penser aux autres et jamais à lui.
Mais elle
peut être cherchée aussi dans l'esprit du temps.
D'une part, la doctrine classique est formée et elle ne veut étudier
que l'homme en général.
— D'autre part, vers 1655-1660, il y a encore dans les mœurs et dans la littérature un
certain désordre, une certaine liberté ; la règle classique n'est pas encore entrée fortement dans la pratique..
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