Pascal a dit : « Ceux à qui Dieu a donné la religion par sentiment du coeur sont bien heureux et bien légitimement persuadés. Mais ceux qui ne l'ont pas, nous ne pouvons la leur donner que par raisonnement en attendant que Dieu la leur donne par sentimen

« Pascal a dit : « Ceux à qui Dieu a donné la religion par sentiment du cœur sont bien heureux et bien légitimement persuadés.

Mais ceux qui ne l'ont pas, nous ne pouvons la leur donner que par raisonnement en attendant que Dieu la leur donne par sentiment du cœur.

» Vous montrerez comment Pascal a suivi ce dessein dans les Pensées. Cette dissertation est de même nature que la précédente.

Il s'agit de comparer cette phrase, conçue comme une sorte de programme, avec ce que nous trouvons dans les Pensées.

D'autre part, bien qu'on vous dise de « montrer comment » et non pas « dans quelle mesure », il est évident qu'on ne vous défend pas d'indiquer, plus ou moins longuement, pourquoi et comment Pascal avait dessein, dans son œuvre, de ne pas faire appel au seul raisonnement. Le raisonnement est employé contre les libertins.

Il apparaît et dans les Pensées et dans l'Entretien avec Monsieur de Sacy.

Les principaux points en sont : grandeur et misère de l'homme.

L'homme est misérable parce que, de quelque côté qu'il se tourne, il est incapable d'atteindre la vérité, comme il est incapable d'atteindre un bonheur qui ne devienne pas tout de suite satiété et ennui.

Mais l'homme est grand parce qu'il a l'idée de la vérité, le besoin de la posséder et l'instinct d'un bonheur infini.

Seule la religion chrétienne est capable d'expliquer cette contradiction par le dogme du péché originel et de la chute.

— Doctrine du « divertissement ».

L'homme inquiet, égaré par les « puissances trompeuses » de l'imagination, poursuit des plaisirs qui lui semblent délicieux; mais dès qu'il les a, il s'en rassasie; il lui en faut d'autres qui lui échappent aussi vite.

Le seul repos, donc le seul bonheur, c'est de renoncer et de vivre en Dieu.

— Dans le détail : pour montrer comment Pascal prouve la misère, la faiblesse de l'homme, rappeler sa critique de la raison ; les démonstrations de la raison reposent sur des axiomes, c'est-à-dire des vérités indémontrables ; la raison est « ployable à tous sens ».

— L'argument du pari nous prouve qu'il y a tout avantage à tenir la religion pour vraie; si elle l'est, nous perdons un néant, les plaisirs de ce monde, et nous gagnons une éternité de bonheur dans le ciel ; si elle ne l'est pas, nous ne perdons qu'un néant.

— En outre Pascal se proposait de raisonner sur les prophéties, les miracles, etc. Mais l'apologétique des Pensées devait faire appel au cœur tout autant qu'au raisonnement.

Il est indispensable d'indiquer ce point.

Si vous connaissez Pascal suffisamment, la teneur du sujet vous autorise à insister surtout sur la partie raisonnement.

Sinon (ce qui sera le plus souvent votre cas) vous pourrez développer assez largement cette contre-partie, Dans la vie, dit Pascal, nous ne sommes pas seulement conduits par les démonstrations de la raison; nous le sommes aussi bien par les vérités qui dépendent du « cœur » et de l'esprit de « finesse ».

Ce n'est pus par la raison que l'un aime; ce n'est pas par la raison que l'on goûte la beauté ou L'agrément d'une œuvre d'art; ce n'est pas par la raison qu'on plaît dans le monde; ce n'est pas en raisonnant méthodiquement qu'on discerne les caractères et qu'on peut agir sur eux, etc.

C'est par esprit de finesse.

Et c'est par esprit de finesse, en sachant les émouvoir, que Pascal espère aussi bien convaincre les libertins. Enfin, vous pouvez expliquer cette méthode de Pascal.

Pascal, dans sa vie mondaine, a été en relations avec Miton, Méré.

Il a vu ce qu'était un « honnête homme », le prix qu'on attachait dans le monde aux « agréments » ; il a bien vu qu'on s' « avançait dans le monde » moins parce qu'on avait raison que parce qu'on savait plaire, etc.. »