Partagez-vous ce jugement sur la connaissance scientifique « rien n'est donné, tout est construit » ?
Extrait du document
«
Analyse du sujet :
l
Malgré la formulation du sujet, il ne s'agit pas de donner notre sentiment, mais de faire une réponse
argumentée de portée universelle.
On pourrait reformuler le sujet de la façon suivante : « Bachelard disait à
propose de la connaissance scientifique : « rien n'est donné, tout est construit », discutez cette
affirmation ».
l
Il faut ensuite remarquer que le sujet ne concerne que la connaissance scientifique, et non toute forme
de connaissance.
l
On peut alors se demander ce qu'on appelle « connaissance scientifique », et, plus généralement, ce
qu'on appelle « science ».
l
Les sciences ne se limitent pas aux mathématiques, à la physique et à la biologie ; il existe aussi des
sciences dites « molles », ou sciences humaines (la sociologie, l'économie, l'histoire, etc.).
l
Même s'il semble plus fructueux de s'en tenir à une discussion à propos des savoirs constitués dans les
sciences qu'on appellera « dures », et, plus encore, dans les sciences empiriques (Bachelard avait d'ailleurs
principalement en vue la physique), il est bienvenu de préciser cette restriction, en disant notamment qu'on
ne parlera pas de sciences humaines ou de toute autre connaissance que l'on peut qualifier de
« connaissance scientifique » (la logique, par exemple).
l
Après avoir délimité de cette manière le domaine de notre réflexion, nous pouvons nous pencher sur la
citation de Bachelard.
l
Bachelard oppose le « donné » au « construit », mais il ne se contente pas de cette opposition : son
affirmation a le caractère radical du « tout » et du « rien ».
Pour défendre la thèse de Bachelard, il ne s'agira
donc pas seulement de montrer que la plupart des connaissances scientifiques sont construites, et très peu
données ; il faudra démontrer que tout est construit et que rien n'est donné.
En revanche, on pourra
montrer que la proposition de Bachelard est fausse à l'aide d'un seul exemple de quelque chose de donné.
Problématisation :
La science est une activité humaine, l'homme y a donc nécessairement un rôle d'élaboration.
Peut-on cependant
dire que, dans la connaissance scientifique, « rien n'est donné, tout est construit », comme l'affirme Bachelard ? Si
la science ne repose sur aucune donnée objective, de quoi est-elle connaissance ? La science n'a-t-elle pas pour
but de connaître le monde qui nous entoure ? Quel sens pourrait avoir une connaissance qui ne se rapporterait pas
au donné ?
Proposition de plan :
1.
Explication de la situation
La science, dans son besoin d'achèvement comme dans son principe,
s'oppose absolument à l'opinion.
S'il lui arrive, sur un point particulier,
de légitimer l'opinion, c'est pour d'autres raisons que celles qui fondent
l'opinion ; de sorte que l'opinion a, en droit, toujours tort.
L'opinion
pense mal; elle ne pense pas : elle traduit des besoins en
connaissances.
En désignant les objets par leur utilité, elle s'interdit de
les connaître.
On ne peut rien fonder sur l'opinion: il faut d'abord la
détruire.
Elle est le premier obstacle à surmonter.
L'esprit scientifique nous interdit d'avoir une opinion sur des questions
que nous ne comprenons pas, sur des questions que nous ne savons
pas formuler clairement.
Avant tout, il faut savoir poser des problèmes.
Et quoi qu'on dise, dans la vie scientifique, les problèmes ne se posent
pas d'eux-mêmes.
S'il n'y a pas eu de question, il ne peut y avoir connaissance
scientifique.
Rien ne va de soi.
Rien n'est donné.
Tout est construit.
Gaston Bachelard, La Formation de l'esprit scientifique, Vrin, 1938.
Ce que défend ce texte:
Un dernier aspect de cette opposition permet à l'auteur d'opérer une
distinction capitale qui constitue la thèse véritable de ce texte.
L'opinion, nous dit-il, n'envisage les objets sur lesquels elle porte ses jugements que par rapport à l'aspect de leur
utilité la plus commune.
La pluie n'est pas pour elle un phénomène de condensation complexe qu'il s'agit d'étudier pour lui-même, elle est
cette eau qui tombe du ciel et que je ne définis, dans l'opinion, que par rapport à mes propres intérêts : nécessité.
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