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parler d'actes inhumains a t il un sens ?

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« Introduction et problématique. Est-il légitime d'affirmer, à propos d'une activité synthétique de la personne, d'une disposition de moyens en vue de fins, que ce mouvement se situe en dehors de l'essence humaine ou de la condition humaine, qu'il est, en quelque sorte, étranger à l'être représentant les qualités et les caractéristiques de notre espèce ? Tel est le sens de cet intitulé énigmatique.

En quelle acception peut-on dire que nos actes sécrètent de l'étrange, de l'humain, du barbare, de l'étranger à nous-mêmes ? Les exemples, hélas, ici seront nombreux, pour nous permettre de mieux comprendre le sujet.

Un acte inhumain, étranger à notre nature.

Songeons à la barbarie nazie, aux camps de concentration. Mais les nazis furent des hommes, jugés dans le cadre d'un procès à Nuremberg, par des hommes.

Quel que soit le type d'approche, quelque chose ici nous gène et nous égare.

Des questions alors se posent et s'imposent. L'humanité est-elle au fond de tout individu ? Mais alors comment pourrait-on être inhumain ? Peut-être bien la question retrouve-t-elle un sens dans le registre de l'imaginaire.

L'inhumain ne se lie-t-il pas à l'imaginaire et ne s'inscrit-il pas au plus profond de l'humanité de l'homme, au sein de sa terrible liberté ? L'être humain ne peut pas rester indifférent à autrui «Je suis responsable d'autrui sans attendre la réciproque, dût-il m'en coûter la vie», écrit Emmanuel Lévinas, dans Éthique et infini.

Est humain celui qui ne traite pas son prochain comme une chose, comme une bête, mais comme son semblable.

Tout comme moi, mon semblable est un être intelligent, sensible.

C'est en tant que tel que je lui dois le respect. Pour Lévinas, l'éthique est la « voie royale vers l'absolument autre » (Préface).

En effet, le désir d'infini n'est pas un désir au sens habituel et négatif de manque mais une expérience sans retour possible de soi vers l'autre, du familier vers l'étranger.

Car « l'absolument autre, c'est autrui » (Rupture de la totalité), autrui n'est donc pas la négation de moi-même, ce qui impliquerait encore une relation d'identité, mais il est positivement « l'absolument autre ».

Autrui me révèle le sens de l'éthique comme « rapport non allergique du Même et de l'Autre » (L'Être comme bonté). L'éthique trouvant son sens premier dans la relation de face à face, elle présuppose une ouverture à « l'absolument autre » que seul le visage d'autrui permet d'entrevoir.

L'éthique est bien originellement une « optique » mais sans image, car la vision est encore une totalisation.

Or le visage empêche le regard de se fixer, il nous tourne vers un au-delà, un ailleurs ; il figure « l'infiniment autre » qu'on ne parviendra jamais à totaliser.

Le visage d'autrui se donne à voir comme « révélation » de l'Autre dans sa nudité et sa fragilité.

Il m'appelle alors à la responsabilité infinie devant lui. « Je pense plutôt que l'accès au visage est d'emblée éthique.

C'est lorsque vous voyez un nez, des yeux, un front, un menton, et que vous pouvez les décrire, que vous vous tournez vers autrui comme vers un objet.

La meilleure manière de rencontrer autrui, c'est de ne pas même remarquer la couleur de ses yeux ! Quand on observe la couleur des yeux, on n'est pas en relation sociale avec autrui.

La relation avec le visage peut certes être dominée par la perception, mais ce qui est spécifiquement visage, c'est ce qui ne s'y réduit pas. Il y a d'abord la droiture même du visage, son expression droite, sans défense.

La peau du visage est celle qui reste la plus nue, la plus dénuée.

La plus nue, bien que d'une nudité décente.

La plus dénuée aussi: il y a dans le visage une pauvreté essentielle.

La preuve en est qu'on essaie de masquer cette pauvreté en se donnant des poses, une contenance.

Le visage est exposé, menacé, comme nous invitant à un acte de violence.

En même temps le visage est ce qui nous interdit de tuer.

» Lévinas, « Ethique et infini ». Lévinas commence par opposer perception d'un objet et rencontre authentique d'autrui.

Quand je pose l'autre comme objet, je le projette sur une surface d'objectivité : il m'apparaît comme un tableau à décrire, une surface à observer et détailler, son unité éclate en autant de petits objets à commenter (les éléments du visage sont euxmêmes réductibles à des unités plus petites.

Ce rapport est un rapport théorique qui ne me donne pas véritablement autrui : dans un processus de connaissance, ma conscience s'assimile l'objet plutôt qu'elle ne s'ouvre à l'altérité du donné.

En posant autrui comme objet, je reste seul. La saisie véritable d'autrui (celle qui me fait vraiment sortir de moi et rencontrer une dimension irréductible aux simples données de l'expérience) ne donne pas une richesse d ‘éléments à décrire mais présente une pauvreté. L'autre se présente simultanément comme sans défense et invitation au respect : en effet, la possibilité physique de tuer autrui se donne en même temps que l'impossibilité morale d'accomplir cet acte.

Autrui nous est livré dans une dimension éthique comme celui que je n'ai pas le droit de tuer.. »

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