Par ses choix, l'homme engage l'humanité tout entière
Extrait du document
«
VOCABULAIRE:
CHOIX: Action consistant à se déterminer en arrêtant une conduite à tenir, retenue entre plusieurs possibles.
La capacité de choisir est
considérée traditionnellement comme caractéristique du libre arbitre.
HOMME: Le plus évolué des êtres vivants, appartenant à la famille des hominidés et à l'espèce Homo sapiens (« homme sage »).
• Traditionnellement défini comme « animal doué de raison », l'homme est aussi, selon Aristote, un « animal politique ».
Ce serait en
effet pour qu'il puisse s'entendre avec ses semblables sur le bon, l'utile et le juste que la nature l'aurait pourvu du langage.
L'homme est ce qu'il se fait
Affirmer que l'homme n'a pas d'essence préalable, c'est affirmer q u e Dieu n'existe pas, mais cela signifie aussi q u e l'homme n'est
d'abord ni bon, ni méchant, ni capable de raison ou de déraison.
L'homme n'est ni ceci ni cela.
Son existence n'est d'abord soutenue par
rien.
Par essence, il faut entendre ce qu'une chose ou un être est fondamentalement.
Essence s'oppose à existence.
L'existentialisme sartrien
est une philosophie qui affirme la primauté de l'existence sur l'essence.
L'homme n'a pas été conçu avant d'être créé, il n'a pas d'essence
préalable.
Il n'y a pas de nature humaine.
C'est précisément parce que l'homme n'est d'abord rien qu'il se distingue de toute autre réalité et que son existence est liberté, ne peut
qu'être liberté.
La chose qui est ceci ou cela, qui n'est que ce qu'elle est, ne saurait être libre.
Un arbre ne peut jamais qu'être l'arbre qu'il
est.
L'homme n'est pas.
Il n'est pas d'avance ceci ou cela.
L'homme est ce qu'il se fait.
Et si l'homme n'est d'abord rien et choisit
librement son essence, cela signifie qu'il est pure subjectivité, projet.
L'homme ne choisit pas d'être libre, il l'est, il ne peut que l'être.
Il
l'est tout entier et toujours.
Il ne saurait être tantôt libre, tantôt esclave.
C e q u e Sartre exprime sous cette formule : « l'homme est
condamné à être libre ».
L'homme est conditionné mais n'est point déterminé
L'homme est en situation c'est-à-dire qu'il est « conditionné par sa classe », « son salaire », « la nature
de son travail ».
Mais il peut se choisir lui-même dans sa « manière d'être ».
Ainsi, si le prolétariat est «
totalement conditionné par sa classe », c'est néanmoins lui qui décide de sa condition et de celle de ses
camarades, « c'est lui qui librement donne au prolétariat un avenir d'humiliation sans trêve ou de
conquête et de victoire, selon qu'il se choisit résigné ou révolutionnaire » (article paru dans Action).
D'où
la formule : « L'important n'est pas ce qu'on a fait de nous, mais ce que nous faisons nous-mêmes de
ce qu'on a fait de nous.
» La situation n'est pas quelque chose qui limite la liberté : elle est ce à partir
d'où commence la liberté.
C'est la raison pour laquelle Sartre a pu écrire en 1944 dans Les Lettres
françaises : « Jamais nous n'avons été plus libres que sous l'occupation allemande.
» Qu'est-ce à dire,
sinon qu'à ce moment-là, puisque nous étions traqués, « chacun d e nos gestes avait le poids de
l'engagement » ? La liberté est donc le choix permanent qui oblige chacun, à chaque instant, quel que
soit l'obstacle ou la situation, à se faire être.
Jamais
nous
n'avons été aussi
libres que sous
l'occupation
allemande.
(Situations, III)
Sartre ne prétend nullement que l'occupation allemande
aurait été propice à la liberté politique.
C'est d e la
liberté au sens métaphysique du terme qu'il s'agit ici.
Être libre c'est être capable de dire non, de refuser une
situation.
L'occupation allemande est un d e ces
moments d e notre histoire où notre attitude avait une
pleine signification.
Accepter c'était être complice,
refuser, devenir résistant c'était risquer la torture et la
mort.
C'est donc une d e ces situations limites où les
choix ne peuvent qu'être authentiques.
La liberté ne se
mesure pas dans les situations sans risque mais dans
celles où notre responsabilité et ses conséquences sont
pleinement engagées.
Par ses choix, l'homme engage l'humanité tout entière
Pour Sartre la conscience de nous choisir et d e choisir, par là même, l'homme, ne peut que s'accompagner du sentiment d e la
responsabilité.
Certes, beaucoup d'hommes ne se sentent pas responsables de l'humanité tout entière.
Ils croient en agissant n'engager
qu'eux-mêmes, et « lorsqu'on leur dit : mais si tout le monde faisait comme ça ? Ils haussent les épaules et répondent : tout le monde
ne fait pas comme ça ».
Mais, en fait, ils se masquent leur angoisse qu'ils fuient.
Ils sont de mauvaise foi, car en vérité, on doit toujours
se demander : « Qu'arriverait-il si tout le monde en faisait autant ? » Dire que « l'homme est condamné à être libre », cela signifie bien
que l'homme n'est pas mais qu'il se fait, et qu'en se faisant il assume la responsabilité de l'espèce humaine, cela signifie aussi qu'il n'y a
pas de valeur ni de morale qui soient données a priori.
En chaque cas, nous devons décider seuls, sans points d'appui, sans guides et
cependant pour tous.
Comme le dit Sartre dans un article paru dans Action, « chacun de nos actes met en jeu le sens du monde et la
place de l'homme dans l'univers ».
• Suffit-il d'être conscient pour être libre ?
On peut accorder à Sartre que la conscience est bien négativité infinie, pouvoir de dépassement de ce qui est.
Mais la liberté se confondelle avec la spontanéité de la conscience ? L'enfant est-il libre ? La liberté ne se développe-t-elle pas avec l'expérience et la connaissance
? Le choix n'est-il pas d'autant plus libre qu'il s'effectue en pleine connaissance de cause ? Sartre semble sous-estimer le rôle de la raison
dans la liberté..
»
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