Par le langage, peut-on agir sur la réalité ?
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Vocabulaire:
Agir: opération propre à un être animé (agent): avoir une activité qui transforme une réalité donnée dans laquelle
le sujet ne reconnaissait pas l'objet de son désir.
LANGAGE : 1) Faculté de parler ou d'utiliser une langue.
2) Tout système de signes, tout système signifiant,
toute communication par signes (verbaux ou non verbaux).
Le langage désigne aussi la totalité des langues
humaines.
Réalité / Réel :
Réalité: * Caractère de ce qui a une existence concrète, par opposition aux apparences, aux illusions ou aux
fictions de notre imagination.
* Ensemble des choses et des faits réels.
Réel: * Comme adjectif : qui existe effectivement, et pas seulement à titre d'idée, de représentation ou de mot
(exemple : un pouvoir réel).
* Comme nom : l'ensemble des choses qui existent, le monde extérieur (synonyme : réalité).
Analyse du sujet et Problématique
"Agir", c'est "produire un effet sensible".
"Agir sur quelque chose", c'est "exercer une action, une influence réelle" sur
cette chose, la modifier.
Il convient donc d'examiner quels effets, actions, influences le langage produit sur la
réalité.
Ce faisant, on ne se contentera pas d'analyser une seule sorte de réalité, mais l'on se souviendra que le réel
est l'ensemble des choses existantes - dans lequel est donc compris le langage lui-même -, et que tout acte est à
la fois création de réalité et modification de la réalité précédente.
Introduction
Dans les sociétés traditionnelles (celles de l'Antiquité ou celles dites « primitives »), le langage est saisi comme une
puissance démiurgique et magique, qui relève du sacré.
Ainsi, selon la Bible c'est en parlant que Dieu créa le monde
(« Dieu dit: "Que la lumière soit" et la lumière fut [...].
Dieu dit : "Qu'il y ait un firmament" [...] » etc.).
De même,
dans toutes les cultures, les formules d'objurgation, d'obsécration, d'exécration, etc., jouent un rôle fondamental
dans les rites de la magie et de la théurgie : le magicien ou le sorcier est celui qui connaît le pouvoir secret des
mots et qui sait les prononcer avec l'intonation correcte.
Enfin, le nomen est omen : le nom est un signe du divin.
De telles conceptions mythiques et religieuses indiquent que l'homme conçoit spontanément le langage comme un
pouvoir essentiel lui permettant d'agir sur la réalité.
Nous essayerons d'examiner si cette croyance de la pensée
mythique n'a pas quelque fondement objectif.
En d'autres termes, par le langage peut-on agir sur la réalité ?
L'univers du discours et les actes de langage.
Dire, c'est faire.
La première réalité où se déploie le langage et sur laquelle il permet d'agir est évidemment la réalité humaine et
sociale : il est manifeste que par le langage chaque homme agit constamment sur autrui et sur la réalité qu'il
constitue, puisque chacun communique à l'autre des informations qui le modifient et en fonction desquelles il agit.
Parler, c'est donc agir, toute parole, tout discours est acte, et même triplement acte, ainsi que l'a montré le
linguiste et philosophe anglais J.
L.
Austin: Elle est, en premier lieu, acte locutoire.
Une parole, un discours est
d'abord l'exercice de la faculté du langage.
Un discours est un énoncé ou un ensemble d'énoncés réellement produit
par un locuteur (individuel ou collectif).
Il est donc par lui-même un acte: acte de locution.
Elle est, ensuite, acte
illocutoire.
Lorsque je parle (que j'accomplis un acte de locution), j'utilise le discours.
Mais je puis l'utiliser de
différentes manières, car le discours a de nombreuses fonctions.
Je puis, par exemple, informer, suggérer,
promettre, interdire, etc.
Donc, en disant quelque chose, j'effectue un acte différent de l'acte locutoire qui est de
dire quelque chose.
Elle est, enfin, acte perlocutoire.
Un discours a le plus souvent certains effets intentionnels ou
non, même lointains, soit sur autrui, soit sur celui qui parle.
Ainsi, lorsque je produis un acte locutoire (et par là
même un acte illocutoire), je produis un troisième acte, qu'Austin nomme « perlocutoire ».
On peut illustrer ces trois
actes distincts par l'exemple suivant:
Acte locutoire : production de la parole, (« Tu ne peux pas faire cela »).
Acte illocutoire : la parole (« Tu ne peux
pas faire cela ») manifeste une protestation contre une action.
Acte perlocutoire : la parole et la protestation (« Tu
ne peux pas faire cela ») ont pour effet de dissuader l'interlocuteur de réaliser son action.
Discours constatif et performatif.
On considère habituellement que dire quelque chose, c'est toujours simplement affirmer quelque chose: les énoncés
seraient toujours des affirmations dont on peut dire qu'ils sont vrais ou faux selon qu'ils correspondent à la réalité.
Par exemple l'énoncé « je bois un café » est vrai si je bois effectivement un café, faux si je n'en bois pas.
Mais
Austin observe que certains énoncés ne sont ni vrais ni faux, car ils ne décrivent rien, mais sont les actions qu'ils
énoncent: ils ne décrivent pas quelque chose, mais font quelque chose, sans donc être ni vrais ni faux, tout comme
lorsque je bois un café, mon acte de boire un café n'est en lui-même ni vrai ni faux : il est ; c'est un fait.
Si nous
considérons par exemple l'énoncé : « Je promets de dire toute la vérité », nous voyons qu'en prononçant ces mots,.
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