Origine et fonction de l'État ?
Extrait du document
«
VOCABULAIRE:
ORIGINE (n.
f.) 1.
— Commencement réel d'un phénomène, d'une activité, d'une institution ; par ext., point d'où
l'on convient de faire partir une mesure, un repère.
2.
— Source ; ensemble des réalités et des processus à partir
desquels un phénomène a pris naissance : l'origine des espèces.
3.
— Principe, raison d'être de quelque chose.
4.
—
Développement rationnel des étapes idéales par lesquelles une réalité quelconque se constitue et qui permet d'en
expliquer les propriétés actuelles ; en ce sens, l'origine suppose bien un commencement, mais il n'est pas placé dans
un temps historique, dans une chronologie réelle ; c'est en ce sens que l'on parlait, au XVIIIe siècle, de l'origine du
langage, de l'inégalité, etc.
; SYN.
genèse ; l'idée moderne selon laquelle, dans le langage par ex., la totalité est
donnée avant les éléments qui se définissent par leurs relations matérielles, semble exclure cette approche.
5.
—
Original : a) Ce dont autre chose est la copie ou la représentation ; SYN.
modèle.
b) Qui ne ressemble à rien d'autre
; (péjoratif) fantasque.
6.
— Originaire : a) Qui tire son origine de...
b) Qui est l'origine de...
7.
— Originel : qui vient
de l'origine (péché originel).
État
Ensemble durable des institutions politiques et juridiques qui organisent une société sur un territoire donné et
définissent un espace public.
Le problème essentiel est celui de la légitimité des fondements de l'État.
L'origine de l'État
Il est nécessaire de rendre compte de l'origine de l'État, car l'État n'a pas toujours existé.
Il ne faut pas confondre,
en effet, l'autorité, le pouvoir et l'État.
Dans les sociétés traditionnelles, certaines décisions sont prises par les
chefs ou par les Anciens, ou par d'autres personnalités que la communauté écoute et respecte: il y a donc une
forme d'autorité politique dans ce type de société.
Quant au pouvoir – une capacité de contraindre qui n'est pas
fondée sur la seule force –, il a toujours existé, bien avant que les Grecs n'inventent la «politique» au sens moderne
de ce terme.
Pour les Grecs, la politique est le pouvoir d'élaborer la loi, de prendre des décisions concernant la
collectivité, et de rendre justice.
Ce pouvoir est théoriquement détenu par l'ensemble des citoyens.
La cité bien
gérée est donc une république (du latin res publica, «chose publique »).
Mais l'État proprement dit n'apparaît que lorsque, d'une part, le pouvoir se matérialise, c'est-à-dire s'incarne dans
des institutions; lorsque, d'autre part, un espace public se développe, si bien que le pouvoir d'État cesse
d'appartenir à ceux qui le représentent pour devenir une chose publique.
En ce sens, comme l'a montré Blondine
Kriegel2, la naissance de l'État (au xvie siècle sur notre continent) coïncide avec l'apparition des prémices de l'État
de droit (un État réglé par la loi) en Europe.
L'État moderne est d'emblée désacralisé.
Le pouvoir n'est ni naturel ni
imposé par Dieu (ou l'Église).
Machiavel est ainsi le premier penseur de l'État moderne; il montre que c'est la
violence, et non l'ordre moral (c'est-à-dire religieux) qui est à la source de l'État.
Cette violence fut nécessaire, si
l'on en croit Machiavel.
Comment le droit, cependant, pourrait-il procéder de la violence? C'est à cette question que
vont tenter de répondre, à la suite de Machiavel, les théoriciens modernes de l'État.
Pourquoi l'État?
Tandis que Machiavel rompt avec la conception traditionnelle et théologique de la politique (« Il n'y a point
d'autorité qui ne vienne de Dieu», selon la fameuse formule de saint Paul), philosophes et juristes s'efforcent de
construire une théorie rationnelle de l'État.
La question de l'origine historique du pouvoir, qui intéressait notamment
Hume et Machiavel, est laissée de côté.
Il s'agit dorénavant de déterminer quel peut être le fondement légitime de
l'État.
Pour la théorie contractualiste, le corps social est un artifice et l'unité du peuple, c'est-à-dire sa volonté, est
le résultat d'une décision collective, d'un contrat.
A partir de ce présupposé commun, les approches peuvent
diverger considérablement.
Pour Hobbes, la condition de possibilité de l'État est la renonciation, de la part de
chacun, au pouvoir d'agir en suivant son seul désir.
C'est l'État qui, désormais, décide de ce qui sera dans l'intérêt
de tous.
La volonté du souverain se substitue à celle du corps social ou, plus exactement, elle l'incarne.
Cette
théorie est dite «absolutiste»: le pouvoir du souverain y est sans partage.
Vers l'État moderne
Pour Spinoza, au contraire, puis pour Locke (Le Second Traité du gouvernement, 1690') et Rousseau (Du contrat
social), les hommes ne peuvent abandonner raisonnablement leurs droits naturels au profit d'un souverain toutpuissant, et ceci sans contrepartie.
Ces théoriciens de l'État moderne estiment qu'un régime plus tempéré (dont les
pouvoirs sont limités) est seul à même de préserver l'égalité et la liberté naturelle des hommes.
La démocratie est le
régime le plus conforme à la «saine Raison», écrit Spinoza, car la souveraineté n'est pas transférée à un pouvoir
incontrôlable.
Le peuple reste souverain, au moins en droit.
Les pouvoirs de l'État sont limités et les droits
fondamentaux des hommes sont protégés par les institutions fondatrices de l'Etat..
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