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Origine de l'illusion

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« VOCABULAIRE: ORIGINE (n.

f.) 1.

— Commencement réel d'un phénomène, d'une activité, d'une institution ; par ext., point d'où l'on convient de faire partir une mesure, un repère.

2.

— Source ; ensemble des réalités et des processus à partir desquels un phénomène a pris naissance : l'origine des espèces.

3.

— Principe, raison d'être de quelque chose.

4.

— Développement rationnel des étapes idéales par lesquelles une réalité quelconque se constitue et qui permet d'en expliquer les propriétés actuelles ; en ce sens, l'origine suppose bien un commencement, mais il n'est pas placé dans un temps historique, dans une chronologie réelle ; c'est en ce sens que l'on parlait, au XVIIIe siècle, de l'origine du langage, de l'inégalité, etc.

; SYN.

genèse ; l'idée moderne selon laquelle, dans le langage par ex., la totalité est donnée avant les éléments qui se définissent par leurs relations matérielles, semble exclure cette approche.

5.

— Original : a) Ce dont autre chose est la copie ou la représentation ; SYN.

modèle.

b) Qui ne ressemble à rien d'autre ; (péjoratif) fantasque.

6.

— Originaire : a) Qui tire son origine de...

b) Qui est l'origine de...

7.

— Originel : qui vient de l'origine (péché originel). ILLUSION: 1) Toute erreur provenant de l'apparence trompeuse des choses (illusions perceptives). 2) Croyance ou opinion fausse abusant l'esprit par son caractère séduisant et le plus souvent fondée sur la réalisation d'un désir (Cf. l'analyse de Freud concernant la religion).

Contrairement à l'erreur, qui peut être corrigée, l'illusion survit à sa réfutation. A.

L'illusion est fille du désir L'illusion est une revanche du désir sur la réalité.

Freud montre que certains désirs, dont la satisfaction est incompatible avec les interdits sociaux, sont refoulés hors de la conscience.

Loin d'être anéantis (aucune répression ne peut abolir purement et simplement nos pulsions), ils ressurgissent sous un déguisement illusoire.

L'illusion s'explique alors par un désir ou un intérêt dissimulés, refoulés. « Nous appelons illusion une croyance quand, dans la motivation de celle-ci, la réalisation d'un désir est prévalente », écrit Freud dans L'Avenir d'une illusion (1927). Et c'est précisément parce que l'illusion dérive des désirs humains qu'elle ne peut être supprimée.

Au fond, si nous tenons tant à certaines de nos croyances, c'est que ces croyances réalisent, sur un mode imaginaire, nos aspirations les plus secrètes.

Ainsi le sentiment religieux tirerait sa force de la force des désirs dont il est issu.

Le désir infantile d'être protégé en même temps qu'aimé – désir qui perdure à l'âge adulte – trouve une satisfaction dans la figure consolatrice et bienveillante du père tout-puissant (Dieu).

De même, nos exigences de justice (exigences souvent déçues en ce monde) sont comblées par l'annonce du « jugement dernier », où chacun sera jugé en fonction de tout ce qu'il a fait durant sa vie. «[Les idées religieuses] sont des illusions, la réalisation des désirs les plus anciens, les plus forts, les plus pressants de l'humanité; le secret de leur force est la force de ces désirs.» Freud, L'Avenir d'une illusion (1927). • Pour Freud, il ne suffit pas de dire que la religion est une erreur, qui décrit de manière erronée la réalité et donne aux prêtres un ascendant illégitime sur les gens assez crédules pour les croire.

La religion a une force propre, celle du désir.

Elle est, comme l'ensemble des comportements humains, une des manifestations de la libido.

Pour Freud, la croyance en un Dieu providentiel est une projection de la figure paternelle, qui permet de se prémunir contre les angoisses rencontrées dans la réalité.

La religion est une pathologie, une névrose obsessionnelle, qui nous maintient dans un stade infantile et dont il faut se délivrer pour parvenir à l'âge adulte. • La critique freudienne est à double tranchant, car elle permet aussi de voir que certaines critiques de la religion reproduisent, au nom de la science et de la liberté de penser, les mécanismes qu'elles croient critiquer.

Ce qui se prétend «discours rationnel» n'est souvent pas moins dogmatique et pas moins symptomatique de certains désirs et angoisses que la religion. B.

Quand la raison présume de ses pouvoirs Mais toutes nos illusions ne s'enracinent pas dans nos désirs ou nos fantasmes.

Dans la Critique de la raison pure (1781) de Kant, sont dénoncées les illusions engendrées par la raison pure elle-même.

Les dogmes de la métaphysique, comme l'affirmation de l'existence d'un Dieu créateur et parfait ou l'affirmation de l'immortalité de l'âme, sont des idées que la raison produit sans pouvoir ni les prouver ni les réfuter.

Aussi la métaphysique estelle un terrain « où se livrent des combats sans fin ».

Indémontrables et toujours renaissantes, ces idées métaphysiques sont donc des illusions. D'après Kant, ces illusions sont produites par la raison pure, qui ne peut s'empêcher de poursuivre ses exigences d'unification et de totalisation au-delà de toute expérience possible. Par exemple, l'idée d'une «âme-substance» suppose réalisée l'unification en un tout de mes états de conscience.

De même, l'idée d'un Dieu transcendant et créateur pose un fondement absolu, un inconditionné source de tous les phénomènes qui se conditionnent les uns les autres dans l'expérience.

Ce sont de pures fictions, puisque nous n'avons aucune connaissance réelle en dehors du cadre de notre expérience, mais des fictions persistantes et inévitables, puisque nous ne pouvons pas nous empêcher de projeter au-delà de l'expérience les exigences intérieures à la raison pure.. »

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