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Ordre des choses ou ordre de l'esprit ?

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« Analyse du sujet : Notre sujet prend la forme d'une question fermée disjonctive (« ou ») : il s'agira donc en conclusion de trancher en affirmant que l'ordre est dans les choses, dans l'esprit, dans les deux, ou encore nulle part. L'interprétation la plus évidente du sujet oppose d'emblée choses et esprit quant au fait de savoir si c'est l'esprit humain qui produirait un ordre de la nature, ce qui correspond à la perspective idéaliste, ou si les choses sont déjà en ordre, c'est-à-dire, ne font pas « n'importe quoi » (ce qui suppose le réalisme). La notion d'ordre s'oppose à celles de désordre et de chaos.

Cette double opposition laisse entendre que l'ordre n'est pas une notion absolue mais admet différents degrés, comme en témoigne en thermodynamique la notion d'entropie qui mesure le désordre.

Ainsi le désordre n'est-il pas l'absence d'ordre mais un moindre degré de celui-ci.

Le chaos peut alors désigner le désordre absolu, c'est-à-dire, l'ordre à son degré zéro, ou bien, comme dans les sciences contemporaines, l'absence ou l'impossibilité de l'ordre. Toute ordre suppose une forme d'organisation, de cohérence, de régularité, etc. S'interroger sur le statut de l'ordre (construction de l'esprit ou structure du monde ?), c'est mettre en question la légitimité des sciences : en effet, si l'ordre n'est que dans l'esprit, alors quel est par exemple l'objet de la physique ? Est-ce de la nature dont il rend compte ou d'une simple illusion ? Problématisation : Les sciences, la métaphysique, d'une manière générale toute la philosophie, présentent de fait un ordre qu'elles prétendent être celui des phénomènes naturels, sociaux, historiques etc.

On est donc obligé d'accepter qu'il y a un ordre dans l'esprit.

La véritable question consiste alors à se demander s'il y a également un ordre dans les choses, c'est-à-dire, si la prétention de la philosophie est légitime, ou si au contraire l'ordre supposé de la nature n'est qu'une projection de celui que notre esprit construit.

Nous proposons de formuler notre problème de la manière suivante : I – L'ordre des choses est-il une projection ou une réalité ? Deuxièmement, à supposer que l'on montre qu'il y a bien un ordre des choses, est-il le même que celui de notre esprit ? Il pourrait bien en effet y avoir un ordre des choses différent de celui que l'esprit croit y trouver.

C'est l'objectivité des sciences qui est dans cette seconde question mise en question. II – L'ordre de la nature est-il identique à celui de l'esprit ? Proposition de plan : I – L'ordre des choses est-il une projection ou une réalité ? La Critique de la raison pure de Kant avance la thèse que notre esprit met en forme le divers matériel donné.

L'espace et le temps dans lesquels tout phénomène doit se constituer sont des formes a priori de notre sensibilité.

De même la causalité est une catégorie de notre entendement.

Il n'y a donc pas une réalité déjà ordonnée et indépendante de l'esprit humain, mais mise en forme, c'est-à-dire construction de la réalité, par notre esprit. Tout comme l'espace, le temps est une forme a priori de la sensibilité, c'està-dire que nous ne pouvons rien percevoir qui ne soit d'avance et nécessairement donné dans l'espace et le temps.

Le temps est connu a priori, car il ne peut être un concept empirique tiré d'une expérience quelconque. Nous ne pourrions en effet percevoir les rapports temporels de simultanéité ou de succession si nous n'avions pas une représentation préalable du temps. Cette représentation ne peut donc être tirée de l'expérience.

En outre, le temps est a priori absolument, puisque même si nous écartons par la pensée tous les phénomènes, nous ne pouvons faire abstraction du temps lui-même. En effet, c'est en lui seul qu'est possible la réalité des phénomènes. Par ailleurs, le temps ne peut faire l'objet d'un concept, parce que sa représentation est une, tandis qu'un concept ne possède jamais une véritable unité; le temps est divisible en parties semblables, tandis qu'un concept ne peut être divisé qu'en qualités dissemblables ; le temps enfin est infini, tandis qu'un concept n'est qu'indéterminé.

Ainsi « le temps n'est pas un concept discursif ou, comme on dit, un concept général, mais une forme pure de l'intuition sensible ». Pourtant les choses qui nous entourent ne sont pas des illusions.

Autrement dit, le monde n'est pas réduit à une pure représentation de l'esprit humain.

Il y a bien quelque chose hors de nous qui rend possible la constitution des phénomènes que nous mettons en forme : il y a hors de nous des choses en soi qu'il nous est absolument impossible. »

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