On parle des "droits de l'homme". Cette notion a-t-elle un fondement philosophique ?
Extrait du document
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Problématique:
Ce n'est pas parce qu'il est souvent question dans l'actualité des "droits de l'homme", que nous pouvons tenir cette
notion pour immédiatement claire.
La question ne porte pas du tout sur la nécessité de défendre les droits de l'homme, ou sur leur importance, mais
sur la possibilité de fonder en raison cette notion.
La philosophie est-elle à même de fournir à cette notion de "droits
de l'homme" une base à partir de laquelle on puisse penser cette idée qui est loin d'aller de soi: que l'individu humain
soit naturellement et nécessairement possesseur d'un certain nombres de droits innés, et ce quelles que soient les
époques et les lieux (notion d'universalité).
CRITIQUES ET DÉFENSE DES DROITS DE L'HOMME
Critiques des droits de l'homme
Loin d'être une évidence, les droits de l'homme ont été et sont toujours contestés.
Venues d'horizons divers, on
peut grouper ces critiques en trois catégories :
Critiques traditionalistes et naturalistes
Les doctrines racistes ou fascistes notamment.
La déclaration des droits de l'homme est un artifice humain qui
contredit les hiérarchies naturelles et sape le principe d‘autorité nécessaire à la cohésion sociale.
Critiques du formalisme des droits de l'homme
Des courants très divers constituent ce courant critique qui reproche aux droits de l'homme leur abstraction.
L'homme est toujours le produit d'une histoire, et cette histoire n'est pas universalisable.
D'une part, l'homme en
général n'existe pas : il n'existe que des peuples qui ont des traditions et des histoires spécifiques ; d'autre part, le
droit ne peut être que positif, c'est-à-dire relever d'une certaine dynamique nationale, d'un certain esprit qui n'est
jamais transposable.
Enfin, chaque pays est à un moment de son histoire, et ne peut prétendre faire table rase du
passé et tout reconstruire brutalement.
L'idée de droits anhistoriques d'un homme général et donc abstrait serait
une pure fiction intellectuelle déconnectée de la réalité.
Fiction dangereuse puisqu'elle n'envisage pas les devoirs
que chacun a envers la communauté à laquelle il appartient.
- C'est notamment la critique qu'adressent Marx et les anarchistes aux droits de l'homme.
Les droits de l'homme sont
purement formels et sont vides de tout contenu effectif.
Ils sont un des éléments de l'idéologie dominante et
tendent à entretenir la fiction de l'universel que prétend incarner l'État bourgeois.
- Ces droits redéfinissent l'homme comme "homme égoïste” et "séparé de la communauté” ; l'homme devient une
"monade isolée, repliée sur elle-même”.
La liberté est à comprendre comme indépendance, c'est-à-dire séparation,
repliement sur la propriété dont la sûreté est également assimilée à un droit.
Les droits de l'homme sont en fait ceux
du propriétaire.
Cette nouvelle conception de l'homme correspond à la spécificité du mode de production capitaliste
en tant qu'il se différencie du mode précédent.
Les droits de l'homme ne sont pas transcendants à l'histoire mais en
sont un produit ponctuel appelés à être dépassé.
- En conséquence, ces droits ont beau prétendre valoir pour tous, ils ne valent que pour ceux qui possèdent
quelque chose.
Quel sens peut bien avoir le droit à la sûreté et à la propriété quand on ne possède rien et que
l'égalité n'est que formelle ?
- La distinction de la société et de l'État, de l'homme et du citoyen, sur laquelle reposerait l'idéologie des droits de
l'homme est contestée.
Marx condamne, dans la société bourgeoise, l'autonomisation de la société civile par rapport
à l'État qui s'exprime notamment par la séparation des droits de l'homme et des droits du citoyen.
La distinction de
l'homme et du citoyen n'a lieu en réalité que pour garantir plus sûrement le libre jeu des intérêts privés qui
continuent de régir les relations entre les hommes.
La société bourgeoise reste, malgré la générosité de ses
intentions affichées, une société égoïste, orientée vers le profit privé et fondée sur des rapports de force qui
tendent à isoler les individus les uns des autres.
Il s'agit pour Marx de soumettre la société civile au principe de
l'intérêt commun dont l'Etat prétend se faire l'instrument, de réintégrer le civil dans le politique, la société dans
l'Etat, permettant ainsi la disparition de l'Etat comme sphère distincte de la société.
- La position libérale entend, au contraire, protéger la distinction entre société et État, ce pour quoi la référence
aux droits de l'homme doit être mobilisée.
En effet, la valorisation de la division entre société et État implique la
présence insistante, dans la tradition libérale, d'un discours sur les droits de l'homme, ces derniers étant considérés
comme des limites capables de prévenir les risques d'une confusion totalitaire entre le civil et le politique.
Mais
référence aux seuls et authentiques droits de l'homme qui sont les droits-libertés.
Refus de l'idée de justice sociale
considérée comme inégalitaire..
»
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