On parle de sciences de l'homme : pourquoi l'homme est-il 1'objet de plusieurs sciences ?
Extrait du document
«
Définition des termes du sujet:
POURQUOI: pour quelle raison, quel motif: raison intellectuelle de parler ou d'agir OU pour quel mobile, force
irrationnelle qui pousse à parler ou à agir.
SCIENCE : Ensemble des connaissances portant sur le donné, permettant la prévision et l'action efficace.
Corps
de connaissances constituées, articulées par déduction logique et susceptibles d'être vérifiées par l'expérience.
HOMME: Le plus évolué des êtres vivants, appartenant à la famille des hominidés et à l'espèce Homo sapiens («
homme sage »).
• Traditionnellement défini comme « animal doué de raison », l'homme est aussi, selon Aristote, un « animal politique
».
Ce serait en effet pour qu'il puisse s'entendre avec ses semblables sur le bon, l'utile et le juste que la nature
l'aurait pourvu du langage.
Objet:
Au sens strict, l'objet est le corrélat du projet d'un sujet.
Il se distingue de la chose qui, elle, a une existence indépendante de toute visée de conscience.
Si les expressions « sciences de l'homme » ou « sciences humaines » font aujourd'hui partie du vocabulaire
quotidien, leur signification demeure toutefois imprécise.
Que recouvrent-elles au juste ? Par exemple le programme
des concours d'entrée aux grandes écoles commerciales comprend des épreuves de « culture et sciences humaines
».
Or si l'on peut supposer que les élèves des classes préparatoires à ces écoles se cultivent, l'on peut aussi se
demander s'ils font vraiment pendant l'année scolaire des « sciences humaines ».
Ils ont affaire à des professeurs de
lettres et de philosophie, mais pas à des professeurs de sciences humaines.
Il y a bien des Facultés des Lettres et
Sciences humaines (en Belgique, on dit plutôt Faculté des Lettres et Philosophie) mais il n'y a pas, à proprement
parler, de professeurs de sciences humaines.
En revanche il y a des psychologues, des sociologues ou des
ethnologues.
Autrement dit, et pour reprendre les termes du sujet, l'homme serait l'objet de plusieurs sciences.
Ceci
pose une question.
C'est même la question à laquelle nous devons répondre.
Mais notre sujet débute par une phrase
qui semble une banale constatation : « On parle de sciences de l'homme ».
Assurément, l'on en parle.
Seulement
dans la mesure où le « on » désigne tout le monde et personne, voilà qui ne nous avance guère.
Pour comprendre
pourquoi il est possible de parler de sciences de l'homme, il faut quitter la zone du « cela va de soi » qui est celle de
la non-pensée.
Le sujet qui nous est proposé fait ainsi appel à une série de questions.
Plus exactement, en
essayant de répondre à la question « pourquoi l'homme est-il l'objet de plusieurs sciences ? Nous rencontrons
inévitablement d'autres questions qui constituent en quelque sorte le soubassement de celle-ci.
Essayons de faire
face à toutes ces questions.
Lorsque Nicolas Malebranche parle dans son Traité de Morale (I, X, § 19) de « toutes les sciences qui ont quelque
rapport à l'homme » ou lorsqu'il déclare dans La Recherche de la Vérité (IV, VI, 3) que « la science de l'homme ou de
soi-même est une science que l'on ne peut raisonnablement mépriser » (cf.
aussi la Préface de La Recherche de la
Vérité,) il ne parle pas encore des sciences de l'homme, ou sciences humaines, au sens où l'on entend aujourd'hui
ces expressions.
De même, en dépit des apparences, Condillac ne parle pas non plus des sciences humaines quand il
se pose la question suivante : « Les sciences humaines ne sont-elles donc qu'un recueil de propositions frivoles ? »
(Œuvres philosophiques, vol.
I, Cours d'études V, de l'art de penser, P.U.F., p.
748).
En revanche, lorsque le
psychanalyste Jacques Lacan déclare : « on sait répugnance de toujours pour l'appellation de sciences humaines,
qui me semble être l'appel même de la servitude » (Écrits, Le Seuil, p.
859), c'est bien des sciences de l'homme
telles qu'il en est question dans notre sujet dont il parle.
Qu'est-ce qui nous permet de dire cela ? Le simple fait, si
toutefois l'on peut s'exprimer ainsi, qu' « avant la fin du xviiie siècle, l'homme n'existait pas » Michel Foucault, Les
Mots et les Choses, p.
319).
Commençons par expliquer ce point.
Tout d'abord nous devons remarquer que la philosophie, qui depuis ses plus anciennes origines grecques n'a peutêtre pas été aussi négligeante envers la question de l'homme qu'on se plait aujourd'hui à le dire, a été considérée,
de Platon à Hegel, comme la science par excellence.
Seulement si une telle science se comprend comme l'horizon
ultime de tout savoir, elle ne se donne pas pour scientifique au sens courant du ternie.
Est aujourd'hui décrété
scientifique ce qui se réfère plus ou moins aux mathématiques.
Nous ne pouvons ici, sans risquer de sortir des limites
du sujet, poser comme il doit l'être le rapport entre la philosophie et la science.
Il suffit pour notre propos que nous
gardions bien présent à l'esprit l'ambiguïté du mot science, qui tantôt renvoie au savoir philosophique et tantôt au
savoir fondé mathématiquement.
C'est ce dernier type de savoir que, depuis l'avènement des Temps Modernes, l'on
appelle volontiers science.
« Nous donnons un titre à ce caractère fondamental de l'attitude moderne du savoir en.
»
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