On a parlé des musées ou des bibliothèques en des termes très contradictoires. Pour les uns, ce sont des « cimetières de l'art», des «bazars neutres» ou des «asiles posthumes». Pour d'autres, ce sont des « sanctuaires », des « médiateurs indispensables e
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Les oeuvres d'art, peintures, sculptures ou manuscrits, qui sont vendues dans les grandes salles des ventes parisiennes à des prix exorbitants, sont pour la plupart destinées à être exposées dans les salles des musées ou dans les rayons des bibliothèques nationales. On peut alors se demander quels sont l'intérêt et le rôle de ces lieux face à l'oeuvre d'art en général. En apparence, les musées et les bibliothèques semblent n'être que l'accumulation et l'exposition d'objets divers, d'œuvres d'art de plus en plus nombreuses. Alors ne joueraient-ils que le rôle d'entrepôts, de « cimetières de l'art » ? Mais, en fait, le musée et la bibliothèque sont les lieux privilégiés pour connaître une œuvre d'art. Ne faut-il donc pas leur attribuer une nouvelle fonction ?
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Sujet :
On a parlé des musées ou des bibliothèques en des termes très contradictoires.
Pour les uns, ce sont des « cimetières
de l'art», des «bazars neutres» ou des «asiles posthumes».
Pour d\'autres, ce sont des « sanctuaires », des «
médiateurs indispensables entre l'art, l'artiste et le public » ou encore des « lieux de communication ».
Qu'en pensezvous ?
Les oeuvres d'art, peintures, sculptures ou manuscrits, qui sont vendues dans les grandes salles des ventes parisiennes à des prix
exorbitants, sont pour la plupart destinées à être exposées dans les salles des musées ou dans les rayons des bibliothèques nationales.
On peut alors se demander quels sont l'intérêt et le rôle de ces lieux face à l'oeuvre d'art en général.
En apparence, les musées et les
bibliothèques semblent n'être que l'accumulation et l'exposition d'objets divers, d'œuvres d'art de plus en plus nombreuses.
Alors ne
joueraient-ils que le rôle d'entrepôts, de « cimetières de l'art » ? Mais, en fait, le musée et la bibliothèque sont les lieux privilégiés pour
connaître une œuvre d'art.
Ne faut-il donc pas leur attribuer une nouvelle fonction ?
Les musées et les bibliothèques occupent une place importante dans les guides touristiques car ils constituent les gardiens d'un
patrimoine culturel régional ou national.
Les gens se dirigent donc vers les musées dans le but de retrouver les souvenirs, les rescapés
d'un passé artistique et culturel.
Il persiste dans l'esprit des gens une image des musées et des bibliothèques, comme des lieux où les
objets sont couverts de poussière.
La première impression que l'on ressent lorsque l'on rentre dans une salle de musée est parfois un
peu macabre : des murs blancs auxquels sont accrochés, dans un ordre régulier, des tableaux étiquetés, des sculptures au milieu des
pièces et surtout un silence pesant qui crée une atmosphère sans vie.
La pièce et les oeuvres d'art exposées semblent être installées
depuis des années et devoir y rester pour l'éternité : les musées et les bibliothèques donnent vraiment l'impression d'être des «
cimetières » de l'art, d'autant plus que l'art proprement dit se réalise dans le fait de créer et de façonner l'oeuvre ; or, dans le musée,
la création artistique est dépassée et il ne reste de l'art que le résultat et la preuve matérielle de l'inspiration de l'artiste.
L'objet semble présenté au public comme enfermé sous un globe de verre, offert au regard mais défendu au toucher.
Il existe une
barrière entre le public et l'oeuvre, une barrière
propre au musée : le musée devient en quelque sorte une prison pour l'œuvre, comme une mise à l'écart du monde et des gens.
Dans
notre société, on assigne aux œuvres d'art, aux peintures comme aux œuvres littéraires, un lieu fermé, isolé du monde dont l'œuvre
ne peut sortir : ce serait retirer à l'œuvre d'art son caractère artistique ! Or l'œuvre d'art n'existe que par le public : elle est faite pour
que le public la voie mais aussi, au travers d'elle, entre en communication avec l'artiste.
Le musée dénature donc l'œuvre d'art en lui
ôtant sa raison d'être, c'est-à-dire en l'isolant du monde, de la vie de tous les jours.
Si les musées et les bibliothèques se bornent à être une simple exposition des œuvres d'art, un « bazar » où le public vient en
pèlerinage pour s'extasier sur la richesse de notre patrimoine, ils manquent complètement la destination de l'œuvre d'art et au lieu de
rendre hommage à l'art, ils le détruisent et l'enterrent.
Mais le fait d'exposer les œuvres d'art aux yeux du public suscite une curiosité chez les gens : les musées et les bibliothèques sont le
moyen privilégié de la connaissance, en rassemblant dans un même lieu des œuvres parfois très différentes.
C'est par l'intermédiaire
des musées et des
bibliothèques que les gens ont une première approche de l'art, même si cette approche est souvent superficielle.
En effet, on essaie
d'éveiller les jeunes élèves des classes primaires à l'art en intégrant au programme scolaire les visites de musée : qui n'a pas
déambulé dans les salles de peinture ou de l'Egypte au
Musée du Louvre ? Même si ces visites semblent rébarbatives aux enfants, elles créent une ouverture de l'esprit à l'art, et une nouvelle
attitude du public envers les œuvres d'art.
Si le public ne reste pas passif devant un tableau, il peut, d'une certaine façon, entrer en communication avec l'artiste, car l'artiste
cherche à nous communiquer par la suggestion i c- qu'il ressent.
Il se crée une sorte de sympathie entre l'artiste et le spectateur, par
l'intermédiaire de l'oeuvre d'art.
Le musée apparaît donc comme un lieu de communication entre le monde de l'art et le monde en
général, les personnes.
Mais les musées et les bibliothèques peuvent être des lieux de communication à double titre, car il peut se créer autour d'une œuvre
d'art une atmosphère de sympathie, non seulement entre l'artiste et le public, mais aussi entre ceux qui ne sont pas que des «
spectateurs » au sens strict puisqu'ils participent aussi à
l'oeuvre d'art.
En effet, il peut s'établir, autour d'une oeuvre d'art, peinture ou œuvre littéraire, un échange d'impressions et d'idées.
Mais pour cela, il ne faut pas seulement que le musée soit une exposition d'œuvres, un « sanctuaire », cette nouvelle fonction nécessite
un changement des structures.
Les bibliothèques de rues qui se créent actuellement visent à faire sortir les œuvres et les livres des
musées ou des bibliothèques pour rassembler les gens, tous les jours, autour d'un thème, autour d'une œuvre.
En fait, la création du
Musée Beaubourg a fait naître dans l'esprit du public une autre image et une autre définition des musées et des bibliothèques : il
apparaît plus comme un lieu de « rencontre et de communication », mais aussi comme un lieu de création artistique.
Le public ne vient
pas au musée pour n'être que spectateur, il vient en tant que participant dans un cadre et une dispersion des œuvres qui s'opposent à
l'atmosphère de mort des musées traditionnels.
Cette participation du public, par la communication, fait en quelque sorte revivre
l'œuvre d'art en l'ouvrant au monde : les musées et les bibliothèques ne doivent pas être des sanctuaires, mais en s'ouvrant au public
et en dépassant les cadres traditionnels de leur fonction, ils deviennent des lieux de communication et de vie.
Les musées et les bibliothèques semblaient n'être destinés qu'à la conservation d'un patrimoine culturel passé.
A l'heure actuelle, en
s'ouvrant au monde, ils constituent aussi le lieu privilégié de la communication entre l'artiste et le public, m.us aussi entre différents
publics, et des lieux de création.
Il faut donc définir une nouvelle fonction du musée, comme lieu de rencontre.
Au moment où le
ministre de la Culture appelle les musiciens à descendre dans la rue pour jouer de leurs instruments, on peut se demander si cette
évolution dans le rôle des musées et des bibliothèques ne s'accompagne pas d'une nouvelle conception de l'art et de la culture plus
ouverte au monde et à la vie de tous les jours, d'une nouvelle attitude du public envers l'art..
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