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Obéir aux lois, est-ce être libre ?

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« La problématique. Il surgit toujours dans la contradiction qui se manifeste entre l'existence de contraintes et le désir de s'y soustraire. Ici, le problème réside particulièrement dans la simultanéité ("à la fois") de la contrainte et du désir d'être libre. L'association des termes et du problème constitue la base de l'introduction. INTRODUCTION La notion de loi peut renvoyer à des sens qu'il convient de distinguer.

Dans le domaine des sciences de la nature elle désigne un rapport universel et invariable entre des phénomènes.

En ce sens la loi ne peut subir aucune exception (un homme qui saute en l'air retombera en vertu de l'attraction terrestre qu'il le veuille ou non).

Dans le sens juridique, ou moral, la loi désigne une obligation à laquelle l'homme a le pouvoir de se soustraire (je peux choisir de voler alors que la loi morale ou celle d'un pays donné l'interdisent).

C'est donc dans ce deuxième sens de la loi que se pose la question du rapport de la loi et de la liberté.

Dans cette perspective, la liberté s'entend d'abord négativement comme pouvoir de ne pas obéir à la loi (je suis libre de ne pas respecter la loi).

Mais la liberté peut aussi s'entendre en un sens positif comme décision de respecter la loi.

Dans ce deuxième sens l'obéissance à la loi ne brime pas ma liberté, parce que j'ai décidé positivement de respecter la loi.

La question est alors de savoir si le rapport de l'autorité souveraine (qui fait les lois) et du citoyen (qui y obéit ou les transgresse) est tel que le citoyen subit passivement la contrainte de la loi, ou décide de lui obéir. I.

Il n'y a de lois efficaces que dans un Etat où chaque citoyen a renoncé à sa liberté.

Obéir aux lois c'est donc perdre sa liberté. Pour savoir si l'individu perd sa liberté en obéissant à la loi, il faut s'interroger sur l'origine de la loi.

Dans le Léviathan, Hobbes considère qu'à l'Etat de nature, c'est-à-dire avant l'institution d'un droit positif par un Etat donné, les hommes sont dans un état de guerre généralisée de chacun contre tous.

En effet, la rareté des biens implique que chacun tendra à vouloir s'accaparer le bien de l'autre.

Pour sortir de cet état de violence où la vie des individus est sans cesse menacée, il faut que tous les individus abandonnent le droit de se gouverner eux-mêmes au profit d'un tiers qui concentre tous les pouvoirs, et a donc la possibilité d'imposer des règles à tous les autres.

Dans cette perspective l'obéissance aux lois est bien une façon de perdre sa liberté.

Si les hommes le font c'est qu'il y ont intérêt.

L'obéissance aux lois provient d'un calcul selon lequel il vaut mieux perdre sa liberté pour gagner la sécurité.

Cette perte de liberté est donc consentie, puisque c'est librement que les hommes acceptent de renoncer à leur liberté.

Mais une fois cette première décision librement prise, l'obéissance aux lois n'est plus libre mais s'impose sur le mode de la contrainte. Hors de l'état civil, chacun jouit sans doute d'une liberté entière, mais stérile ; car, s'il a la liberté de faire tout ce qu'il lui plaît, il est en revanche, puisque les autres ont la même liberté, exposé à subir tout ce qu'il leur plaît.

Mais, une fois la société civile constituée, chaque citoyen ne conserve qu'autant de liberté qu'il lui en faut pour vivre bien et vivre en paix, de même les autres perdent de leur liberté juste ce qu'il faut pour qu'ils ne soient plus à redouter.

Hors de la société civile, chacun a un droit sur toutes choses, si bien qu'il ne peut néanmoins jouir d'aucune.

Dans une société civile par contre, chacun jouit en toute sécurité d'un droit limité.

Hors de la société civile, tout homme peut être dépouillé et tué par n'importe quel autre.

Dans une société civile, il ne peut plus l'être que par un seul.

Hors de la société civile, nous n'avons pour nous protéger que nos propres forces ; dans une société civile, nous avons celles de tous.

Hors de la société civile, personne n'est assuré de jouir des fruits de son industrie ; dans une société civile, tous le sont.

On ne trouve enfin hors de la société civile que l'empire des passions, la guerre, la crainte, la pauvreté, la laideur, la solitude, la barbarie, l'ignorance et la férocité ; dans une société civile, on voit, sous l'empire de la raison, régner la paix, la sécurité, l'abondance, la beauté, la sociabilité, la politesse, le savoir et la bienveillance. Souvenez-vous que « industrie » a dans la langue du XVII ième siècle un sens particulier : ce mot désigne le travail en général.

Dans ce passage, Hobbes oppose de manière systématique « l'état civil », c'est-à-dire la vie au sein d'une société régie par le droit que fait respecter l'État, et l'état de nature, c'est-à-dire l'absence d'une telle société. Faites attention aux trois domaines où se manifeste une telle opposition, c'est-à-dire successivement la liberté, la propriété et la sécurité.

Le rôle de l'État est en effet pour Hobbes d'assurer ces trois éléments que tout homme désire, mais qui n'existent pas au sein de l'état de nature.

Cet état est donc à ses yeux un état de guerre de tous contre tous où l'homme est un loup pour l'homme. Vous devez expliquer pour chacun de ces trois éléments pourquoi il n'existe pas au sein de l'état de nature alors qu'il est réalisé dans une société civile grâce à l'État. Soulignez en particulier le fait que ces trois éléments ne sont possibles que si les membres de la société acceptent tous de limiter les privilèges qu'ils ont dans l'état de nature.. »

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