Nous est-il si facile de distinguer entre se croire libre et être effectivement libre ?
Extrait du document
«
La liberté est assez difficile à définir, notamment parce que le concept a eu de nombreuses acceptations tout au
long de l'histoire et s'applique à des domaines très différents de la liberté de penser, à la liberté politique.
Pourtant,
chaque individu possède une expérience ou au moins un désir de liberté.
Descartes désigne cette notion de « notion
commune » car chaque homme la comprend et de « notion première » parce qu'elle est saisissable en elle-même,
sans faire intervenir autre chose.
La liberté semble être une donnée de la conscience.
Les situations quotidiennes
nous donnent effectivement la preuve que nous pouvons faire ce que nous voulons.
Pourtant cette certitude n'estelle pas une simple illusion, une simple croyance ? Comment pouvons nous savoir si ne nous sommes pas déterminés
à agir ? La réflexion et la mise en question de la liberté ne nous éclaire-t-elle pas sur notre liberté ?
L'expérience quotidienne nous donne la preuve de notre liberté
- Dans la vie quotidienne, nous expérimentons la capacité à choisir nos actes, à décider de notre comportement.
Je
peux ainsi décider d'aller me faire teindre les cheveux en blond.
« Il est si évident que nous avons une volonté libre,
qui peut donner son consentement ou de ne le pas donner quand bon lui semble, que cela peut être compté pour
une de nos plus communes leçons.
»( Principes de philosophie)
- Pour Sartre, ainsi, la liberté s'éprouve dans toutes situations, elle est la possibilité de dire « oui » ou « non ».
De plus, même si certaines lois ou contraintes peuvent nous contraindre, nous possédons au moins un domaine où
nous savons que nous sommes libres : celui de notre esprit et de nos pensées.
Nos pensées sont inaccessibles pour
les autres et personne ne peut me forcer à nous faire penser autrement.
L'ignorance n'est jamais consciente, la liberté n'est qu'illusion
Pourtant, la plus part du temps, la croyance en quelque chose est une ignorance des causes réelles des choses.
Ainsi, quand je crois en quelque chose, je ne sais pas qu'il s'agit d'une croyance.
Dès lors, si la liberté n'est qu'une
croyance crée par l'esprit humain, je ne peux pas savoir qu'elle est illusion.
- L'absence de motivation d'un acte peut n'être qu'apparente.
Ce n'est pas parce que l'on n'est pas conscient de
ses propres motivations, parce que l'on ne veut pas les regarder en face que pour autant ces motivations n'existent
pas et ne sont pas agissantes.
- C'est ce que dit Spinoza.
Pour lui, les hommes se croient libre parce qu' « ils ont conscience de leurs actions et
sont ignorants des causes où ils sont déterminés.
»( Ethique) et " l'Âme est déterminée à vouloir ceci ou cela par
une cause qui est aussi déterminée par une autre."
La psychanalyse nous enseigne aussi que la liberté de la conscience et des actes se ramène à un déterminisme
inconscient.
Dès lors, la liberté n'est qu'illusoire et masque la servitude.
Pour distinguer la liberté réelle et la liberté illusoire, la réflexion est une aide
Pour réussir à distinguer la liberté effective de la liberté illusoire, il faut réfléchir sur notre liberté et la possibilité de
sa mise en œuvre.
La liberté est illusoire dès qu'elle est considérée comme allant de soi.
Ainsi réfléchir sur le déterminisme dont nous sommes l'objet, c'est déjà mettre en œuvre une liberté réelle.
Pour
Lagneau( philosophe du XIXème siècle) la liberté constitutive de l'esprit transparaît dans son travail même à dégager
le déterminisme.
Le poser, c'est de mettre à distance.
« Pour que la nécessité soit reconnue, il faut que nous
considérions que nous distincts de cette nécessité, c'est-à-dire que nous sommes libres.
»
La question de la liberté atteste d'une liberté de question.
Le doute sur la liberté manifeste la liberté irréductible de
l'esprit qui est capable de réfléchir son adhésion.
Ce que dit Hegel : « la liberté […] est la négation du donné ».
Si l'homme est libre, notre liberté ne peut rester immédiate sans quoi elle risque de n'être qu'illusoire.
C'est donc une
exigence même de notre liberté que d'enquêter sur la liberté.
La liberté apparaît donc comme immédiate dans la vie quotidienne.
Je peux décider de la direction à donner à ma
vie, des actes à accomplir.
Ainsi, la possibilité même d'actes gratuits semblent nous donner des preuves de cette
liberté.
Pourtant l'acte gratuit peut apparaître comme motiver et déterminer par la volonté même de prouver la
liberté.
La croyance en la liberté, comme croyance, ne peut se savoir croyance.
La psychanalyse nous apprend par
suite que tout acte a des déterminations inconscientes.
Dès lors, la liberté ne peut devenir réelle que par la réflexion
et le doute de celle-ci.
C'est par la mise à distance du déterminisme que nous pouvons savoir que nous sommes
effectivement libres.
Mais cela ne peut advenir sans l'exigence d'une enquête sur la liberté..
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