Notes de cours: LA CONNAISSANCE DU VIVANT.
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- 1 LA REALITE DU MONDE.
«
La Nature se présente à nous comme un ensemble de phénomènes physiques et vitaux, dont notre esprit prend
conscience.
De quelles réalités les phénomènes objectifs sont-ils l'apparence? Les expliquer par la matière, c'est,
semble-t-il, se condamner à ne pouvoir, comprendre la conscience même que nous en prenons, l'ordre qui les régit,
l'unité qu'ils présentent et, en un mot, qu'ils soient connaissables.
Faut-il donc croire que tout soit esprit? Le donné
demeure rebelle à ses explications, le cours du monde est étranger à ses valeurs, la qualité reste extérieure à ses
systèmes.
La Nature semble donc révéler deux principes irréductibles: l'esprit paraît en elle se heurter à la matière,
qui lui résiste et le sépare de lui-même.
1
LA REALITE DU MONDE.
Le problème le plus ancien et le plus général que se soit posé la pensée philosophique est celui de la réalité du
monde: en quoi consiste l'existence du monde, et quel mode de réalité convient-il de reconnaître aux choses?
A.
Le réalisme:
On englobe sous le nom de réalisme les doctrines qui reconnaissent aux choses une existence indépendante
de toute pensée.
a) La plupart des hommes croient à l'existence hors des qualités que nous percevons.
Aristote et les physiciens du
Moyen-Age ont aussi professé un réalisme qualitatif.
Mais, un tel réalisme semble difficile à tenir.
Les sensations
sont relatives au sujet, à ses organes, à son état physiologique, à ses sensations antérieures; les sens nous font
souvent illusion; les rêves, les hallucinations sont subjectivement indiscernables de la perception.
Les découvertes
de la science montrent aussi que sons et couleurs n'existent pas tels que nous les percevons.
Mais, un seul
argument semble suffire à établir que le monde extérieur n'est pas objectivement composé de qualités sensibles: on
ne saurait comprendre en effet comment une qualité sensible pourrait demeurer indépendamment d'un esprit qui la
perçoive.
Les qualités sensibles sont des états psychiques, elles ne peuvent constituer un réel indépendant de
l'esprit.
b) Descartes condamna le réalisme qualitatif, montrant que les qualités sensibles ne sont que des états de l'âme.
Avec lui, le réalisme prend une forme nouvelle: le réel n'est pas ce qui est donné aux sens, mais ce que l'esprit
conçoit clairement et distinctement.
Ainsi, la réalité des corps est constituée par l'étendue.
C'est du cartésianisme que provient la distinction faite par Locke entre les qualités premières, qui
appartiennent réellement aux choses, et les qualités secondes, qui n'existent qu'en nous.
Mais, cette distinction fut ruinée par Berkeley, qui montra que les qualités premières, pas plus que les qualités
secondes, ne pouvaient être conçues à part d'un esprit qui les pense (ainsi l'étendue n'est pour nous que l'idée de
l'étendue).
c) Aussi, le réalisme fut-il conduit à affirmer l'existence d'une chose en soi, distincte de ce qui apparaît, de ce qui
est donné à la conscience.
C'est ce qu'il fit avec Kant.
Pour ce dernier, tout ce qui est donné est, par là même,
informé selon les nécessités de notre sensibilité, de notre entendement (ainsi, les phénomènes sont soumis à
l'espace et au temps, qui sont des formes a priori de la sensibilité).
Les choses en soi, les noumènes, demeurent en
dehors de toute expérience possible.
Avec Kant, le réalisme semble donc réduit à affirmer la réalité d'un inconnaissable.
On voit par là même
combien le réalisme kantien peut sembler voisin de l'idéalisme: tout ce qui est connu est ici relatif à un esprit et, du
réel indépendant de l'esprit, nous ne pouvons rien savoir.
Kant ouvre ainsi la voie à l'idéalisme.
Sa chose en soi
n'étant pas dans l'espace et dans le temps, n'étant pas soumise au déterminisme, autrement dit, n'étant pas le
support qualifié de ce que nous connaissons, paraît inutile et peut être supprimé.
Tout ce qu'il y a de positif dans la
connaissance vient de l'esprit: pourquoi ne pas supposer que seul existe l'esprit? C'est ce que firent les idéalistes du
kantisme.
L'affirmation kantienne de la chose en soi est celle du primat de l'être sur la connaissance, et de
l'irréductibilité de l'être à la connaissance.
Limitant notre savoir, elle en révèle l'essence (car tout savoir est savoir
de quelque chose, se subordonne à ce dont il s'efforce d'être le savoir), et en maintient le sens.
Elle situe l'esprit
connaissant par rapport à l'Etre, au lieu d'affirmer, comme les idéalistes, et contrairement à l'évidence la plus
fondamentale de la connaissance humaine, l'identité de l'Etre et de l'Esprit.
B.
L'idéalisme:
Les idéalistes, en effet, faisant état de cette impossibilité où nous sommes de concevoir une réalité
indépendante d'un esprit, ont ramené toute existence à l'esprit.
Ainsi, Berkeley remarque que, parler d'un réel
indépendant de l'esprit, c'est parler d'une chose que l'on ne conçoit nullement; c'est prononcer un mot, non avoir
une idée.
Nous ne pouvons concevoir que deux modes de réalité: celui du sujet, celui de l'idée perçue.
Etre, dit
Berkeley, c'est percevoir ou être perçu.
a) L'idéalisme pourrait conduire au solipsisme (doctrine qui déclare que la réalité se ramène au moi et à ses
états de conscience) car, à strictement parler, nous ne pouvons concevoir une réalité indépendante de notre
conscience propre.
Mais, les états du moi s'imposant à lui malgré lui, on ne peut faire du moi personnel l'unique
substance du monde.
Aussi, les idéalistes ont-ils admis que le monde existait relativement à d'autres esprits que le
nôtre.
Certains, du reste, tendent au monisme et ramènent le monde entier à un unique esprit (ainsi Fichte, qui voit.
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