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Nos préférences sont-elles un critère suffisant pour juger d'une oeuvre d'art

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« On appelle l'art la création d'une œuvre belle par un être conscient.

Ce qui caractérise donc l'œuvre d'art, dans la tradition classique, c'est la beauté.

La question est donc de savoir ce qui fonde et explique que nous pouvons nous prononcer sur la valeur esthétique de cette œuvre.

On doit à Kant les distinctions essentielles suivantes : d'un côté, le jugement esthétique n'est pas un jugement scientifique puisqu'on ne peut pas prouver qu'une œuvre d'art est belle.

Ce qui veut dire que la beauté n'est pas une propriété objective des choses, mais renvoie seulement à la manière que nous avons d'appréhender les choses.

Est-ce que cela signifie pour autant, demande Kant, que le jugement esthétique (appelé également jugement de goût) est complètement subjectif et relatif à ma seule personne, comme peut l'être une sensation agréable ? Dans ce cas, seules mes préférences personnelles interviendraient.

Kant répond que non, car il y a dans le jugement de goût par lequel j'évalue la valeur d'une œuvre d'art une dimension universelle : je trouve une œuvre d'art belle (ou pas) et je fais comme si les autres la trouvaient belle.

On appelle cela la prétention à l'universalité.

J'inclus donc autrui dans mon jugement, ce qui fait du jugement de l'œuvre d'art quelque chose de subjectif mais à vocation universelle.

Mais attention, cela n'exclut pas certaines préférences qui sont alors le fruit de la culture, l'éducation et de l'environnement.

Mais cela ne signifie en rien que le jugement esthétique ne regarderait que moi. L'art n'est pas homogène Je ne suis pas toujours d'accord avec les autres quand il s'agit de juger de la beauté, que ce soit celle d'un être humain, d'un paysage ou d'une oeuvre d'art ; on peut même dire sans doute que je ne partage jamais complètement les goûts de quelqu'un : le goût est une marque de ma singularité. C'est que juger du beau fait appel à ma subjectivité, au domaine intime de mes sentiments ; ne dit-on pas couramment « aimer » pour dire : « trouver beau » ? On pourra bien me donner l'ordre de trouver beau ce que je n'aime pas, jamais on ne m'en convaincra intimement ; seul, je puis savoir ce que je ressens. Enfin, je juge de la beauté de quelque chose à la lumière de mon expérience personnelle, qui n'est jamais la même que celle des autres ; ce que j'ai vu et entendu modèle ce que j'apprécie.

Mes souvenirs m'appartiennent et individualisent mon jugement de goût par le prisme de ma culture. Le jugement n'a pas besoin de théorie L'art contemporain, en particulier, est devenu une affaire de spécialistes.

Les critiques tentent de justifier théoriquement les raisons pour lesquelles il faut aimer un peintre, un film, une pièce de théâtre.

Or, l'art ne devrait pas avoir besoin de théorie pour être compris ou apprécié.

Il est inutile de se creuser la tête: si je n'aime pas les colonnes de Buren ou les films de Godard, cela me suffit pour étayer mon jugement. L'art est subjectif "L'esthétique n'existe pas", dit Valéry.

Il veut dire par là qu'il ne peut pas y avoir de science de l'art, d'objectivité dans le jugement esthétique.

Tout artiste, aujourd'hui, peut prétendre faire une oeuvre d'art sans se soucier de la tradition.

Si l'art est devenu une valeur subjective, alors il n'y a pas de raison pour que le jugement esthétique ne puisse pas être lui aussi subjectif. Le beau s'impose Que le beau doive être jugé, c'est l'exigence de la subjectivité ; qu'il soit universel, celle de l'objectivité.

Un jugement qui soit tout à la fois l'expression la plus intime de l'individu, et la plus commune de l'universalité humaine, doit reposer sur la distinction du plaisir esthétique, lié à la beauté, et du plaisir des sens, lié à l'agréable. En ce qui concerne l'agréable en effet, le principe « à chacun son goût » fait loi : tu aimes tel vin que je n'aime pas, ce n'est pas la peine d'essayer de me convaincre.

Ce qui est beau, au contraire, doit enlever. »

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