Nos conceptions sont elles le fruit de nos perceptions?
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«
Introduction :
D'où viennent les éléments de notre pensée ?
L'idéalisme pose une autonomie des idées, pour lui, nos idées sont immédiatement présentes à la pensée, sans l'aide
de l'expérience, l'être pensant est doté d'une pensée et donc des concepts qui vont avec.
Contre cette philosophie, on peut aisément opposer le fait que pour concevoir de telle ou telle manière, nous devons
d'abord apprendre ; la multiplicité des cultures nous montre que les conceptions sont toujours issues d'un contexte.
Nos perceptions doivent donc précéder nos conceptions.
Mais une analyse de la perception nous plonge dans l'embarras en nous montrant que toute perception véhicule
toujours une conception.
Si je perçois la « table » devant moi, pour que ce flux de sensations se cristallise en une
« table », il faut que le concept de table soit là, présent dans la perception elle-même.
L'idéalisme doit donc avoir
quelque peu raison, mais comment l'articuler au fait que nous devons apprendre et que les concepts doivent venir à
leur tour des perceptions ?
Nous sommes devant un cercle : nos perceptions viennent de nos conceptions et nos conceptions viennent de nos
perceptions.
Pouvons nous briser ce cercle en posant un troisième terme ?
Problématique :
Dans la perception, nous retrouvons nos conceptions, mais d'où nos conceptions viennent elles sinon de nos
perceptions, y a-t-il une autre origine possible ?
I : Nos perceptions sont le fruit de nos conceptions.
1)
Perception et sensation.
La perception se distingue de la sensation en ce qu'elle enveloppe toujours un
concept, alors que la sensation, pur flux de stimulations sensorielles, n'est pas en elle-même intelligible, à
partir du moment où il y a une information, il y a perception.
Dans la deuxième méditation métaphysique,
Descartes regardant à sa fenêtre nous dit qu'il croit d'abord voir des hommes, mais il s'aperçoit qu'il ne voit
en fait que des manteaux et des chapeaux qui pourraient recouvrir des robots, s'il poussait l'analyse plus loin,
il devrait dire qu'il ne voit rien d'intelligible mais seulement des taches de couleurs mouvantes.
2)
La forme est au cœur de la perception.
Husserl nous dit qu'il y a une idée au cœur de toute perception.
Pour que les sensations se solidifient en objets, il faut une idée : par exemple l'ordinateur qui se tient devant
moi se liquéfierait en un flux infini de sensations si je n'ajoutais pas à chaque sensation l'idée d'un ordinateur.
3)
L'innéisme.
D'où viennent nos conceptions ? Pour beaucoup, elles sont « innées », c'est-à-dire en nous
dès notre naissance.
Cette théorie remonte à Platon pour qui l'âme contemple les Idées éternelles avant de
s'incarner dans le corps.
(Il y a beaucoup de versions modernes de l'innéisme en biologie et en psychologies
du développement.)
II : Nous apprenons par l'expérience.
1)
L'induction.
L'induction est le mode d'inférence qui consiste à former une notion à partir d'une collection
d'observations.
Aristote nous dit qu'une notion se forme en mémorisant des sensations.
La démarche
inductive a reçu ses lettres de noblesse avec la naissance de la science moderne qui nous a montré qu'il n'y
a pas de science sans expérimentation.
La méthode expérimentale consiste à apprendre par la sensation : on
formule d'abord une hypothèse à priori, puis on la vérifie dans le monde sensible.
2)
L'apprentissage.
Personne n'est né avec la science infuse, c'est un fait que les concepts sont le fruit d'un
apprentissage.
L'apprentissage est une perception : on apprend avec les oreilles, les yeux, la
peau…L'apprentissage fonctionne sur le mode de l'induction : c'est par la répétition d'une certaine expérience
qu'on en abstrait une idée.
Le troisième terme qui pourrait briser le cercle de la conception et de la
perception pourrait donc être la répétition et la prise en compte du temps, de la mémoire.
3)
L'habitude.
La répétition prend pour nous la forme de l'habitude.
Hume donnait l'habitude pour fondement
de la connaissance : pas de science sans le principe de causalité, mais d'où vient le principe de causalité ?.
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