« Nommer un objet, prétend Stéphane Mallarmé, c'est supprimer les trois quarts de la jouissance du poème qui est faite de deviner peu à peu : le suggérer, voilà le rêve... Il doit y avoir toujours énigme en poésie, et c'est le but de la littérature, - il
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• Malgré la phrase « c'est le but de la littérature », l'intitulé vous invite expressément à restreindre votre réflexion au domaine de la poésie. • Comme souvent lorsqu'il s'agit de commenter une opinion tranchée, le plan s'impose facilement : montrer ce que les propos de Mallarmé contiennent du vrai, puis les discuter. Vous pourrez élargir ensuite le débat en les replaçant dans les diverses tendances de la poésie. • Il est bien entendu indispensable de trouver des exemples précis pour appuyer vos dires. Cherchez des poètes qui se rapprochent de Mallarmé, d'autres qui ont des buts différents. • Le terme d'« objet » ne doit pas vous induire en erreur : ne le limitez pas à son sens concret. Mallarmé d'ailleurs l'explique dans un passage de l'enquête proposée à votre réflexion : « C'est le parfait usage de ce mystère qui constitue le symbole : évoquer petit à petit un objet pour montrer un état d'âme, ou, inversement, choisir un objet et en dégager un état d'âme, par une série de déchiffrements. » • Suggestion : il peut être intéressant de connaître Mallarmé, car sa position extrême est une charnière dans l'histoire de la poésie. L'analyse de ses oeuvres sera utile pour illustrer ses idées. Essayez de dégager les conséquences de sa conception : hermétisme, élitisme.
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DIFFICULTÉS...
CONSEILS...
PROPOSITIONS...
• Malgré la phrase « c'est le but de la littérature », l'intitulé vous invite expressément à restreindre votre réflexion
au domaine de la poésie.
• Comme souvent lorsqu'il s'agit de commenter une opinion tranchée, le plan s'impose facilement : montrer ce que
les propos de Mallarmé contiennent du vrai, puis les discuter.
Vous pourrez élargir ensuite le débat en les replaçant
dans les diverses tendances de la poésie.
• Il est bien entendu indispensable de trouver des exemples précis pour appuyer vos dires.
Cherchez des poètes qui
se rapprochent de Mallarmé, d'autres qui ont des buts différents.
• Le terme d'« objet » ne doit pas vous induire en erreur : ne le limitez pas à son sens concret.
Mallarmé d'ailleurs
l'explique dans un passage de l'enquête proposée à votre réflexion : « C'est le parfait usage de ce mystère qui
constitue le symbole : évoquer petit à petit un objet pour montrer un état d'âme, ou, inversement, choisir un objet
et en dégager un état d'âme, par une série de déchiffrements.
»
• Suggestion : il peut être intéressant de connaître Mallarmé, car sa position extrême est une charnière dans
l'histoire de la poésie.
L'analyse de ses oeuvres sera utile pour illustrer ses idées.
Essayez de dégager les
conséquences de sa conception : hermétisme, élitisme.
PLAN DÉTAILLÉ
Introduction
• « La plupart des hommes, écrit P.
Valéry dans Tel Quel, ont de la poésie une idée si vague que ce vague même de
leur idée est pour eux la définition de la poésie.
» Il est certain que les poèmes diffèrent tant les uns des autres que
les définir par leur forme ou par leurs thèmes semble illusoire.
Quel est le rapport entre les sonnets d'amour de
Ronsard et ceux de Nerval ? Entre la conception de la mort chez Villon et chez Baudelaire ?
• Force est donc de prêter attention aux propos des poètes qui tentent de résumer en quelques mots l'essence de
leur art.
Or Mallarmé, qui est à la fois créateur et théoricien, répondit un jour à une enquête sur les écrivains dans
des termes qui joignent le contenu et la forme de la poésie.
« Nommer un objet, dit-il, c'est supprimer les trois
quarts de la jouissance du poème qui est faite de deviner peu à peu : le suggérer, voilà le rêve.
[...] Il doit toujours
y avoir énigme en poésie, et c'est le but de la littérature — il n'y en a pas d'autres — d'évoquer les objets.
»
• La distinction ainsi établie porte non sur les thèmes, mais sur la façon de les traiter : « objet » doit être pris au
sens large.
Pour Mallarmé, la plus pure poésie est celle qui cache son sujet, ne le dévoile que par un effort du
lecteur, comme le montre l'insistance sur les mots « suggérer », « évoquer », fortement opposés à « nommer ».
• Questions :
1.
A quoi correspond cette définition?
2.
Convient-elle pour toutes les formes de poésie ?
3.
Peut-on résumer la poésie en quelques mots, ou contient-elle plusieurs tendances ?
I.
Explication de la définition proposée
1.
L'œuvre de Mallarmé correspond parfaitement à son opinion de théoricien, et permet de la comprendre.
Ses poèmes se livrent en effet difficilement
• Obscurs, hermétiques, ils sont remplis
— de mots rares (« Mandore », « Ptyx »...)
— de métaphores étranges : « Une dentelle s'abolit
Dans le doute du Jeu suprême...
»
— d'une syntaxe inhabituelle.
Le début du sonnet « A la nue...
», composé d'une seule phrase sans ponctuation,
laisse perplexe :
« A la nue accablante tu
Basse de basalte et de laves
A même les échos esclaves
Par une trompe sans vertu
Quel sépulcral naufrage...
» Il faut attendre le cinquième vers pour comprendre (peut-être !) que « tu » vient du
verbe taire et se rapporte à « naufrage », tandis que « basse » qualifie « nue ».
• Leur sujet reste aussi mystérieux :
— Dans « Autre éventail », seul le titre permet de comprendre qu'il s'agit de cet objet tenu par une femme.
— Les commentateurs s'interrogent encore sur la signification réelle du sonnet « Le vierge, le vivace...
» :
impuissance créatrice momentanée ? Nostalgie de l'Idéal ?
Mallarmé mène à ses limites le système du symbolisme, qui suggère un objet par ses effets, ou exprime des
sentiments abstraits par une réalité concrète (le cygne par exemple, dans « Le vierge, le vivace...
»).
• Enfin pour un observateur très attentif, ces poèmes recèlent des surprises.
Par exemple, toujours dans la
description du cygne, la fréquence des phonèmes [1], [i], [v], [r], particulièrement à la rime (« ivre », « givre », «
délivre », « vivre ») évoque le mot « livre », absent du poème mais clé pour le comprendre.
Quant au cygne luimême, certains l'ont rapproché de « signe »...
La fréquence du son [i] suggère aussi la monotonie désespérante.
2.
Mallarmé s'est abondamment exprimé sur son idéal littéraire :
• Pour lui Zola, malgré de beaux passages poétiques, se contente de peu, car l'artiste ne doit pas peindre la réalité,.
»
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