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Nietzsche et la religion

Publié le 12/05/2022

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nietzsche

« NIETZSCHE ET LA RELIGION Dans son œuvre Ainsi parlait Zarathoustra, Friedrich Nietzche écrit : « Du mépris de la Terre on a convaincu votre esprit, non vos entrailles ; or elles sont en vous le plus puissant ! »1.

Esprit, entrailles, puissances sont autant de termes qui dénotent le caractère vital de la philosophie nietzschéenne.

Nietzche élabore ainsi, à travers ses œuvres, une philosophie de la vie, qui cherche à réconcilier l’homme et sa nature.

C’est précisément à partir de cette position originale que la religion sera étudiée.

L’apport singulier de Nietzsche consiste à comprendre la religion à partir de la nature, à partir du dynamisme de la vie.

Ainsi, sa philosophie de la vie détermine sa philosophie de la religion.

Comprendre rationnellement la religion, c’est comprendre les causes vitales à partir desquelles elle a émergé.

Cette étude généalogique de la religion conduira à son évaluation, à un jugement sur sa valeur.

En revanche, Nietzsche ne s’inscrit pas dans une lutte binaire entre philosophie d’une part et religion d’autre part.

La critique de la religion coïncide avec une critique de la philosophe elle-même2.

Sa philosophie de la religion repose aussi bien sur une critique de la religion que de la philosophie.

On la trouve principalement dans les œuvres Le Gai Savoir (1882, I-IV – 1885, V), Ainsi parlait Zarathoustra (1883, I, II.

– 1884, Ibid., III – 1885, Ibid., IV), Humain trop humain (1878), Par delà le bien et le mal (1886), La généalogie de la morale (1887), Le crépuscule des idoles, l’Antéchrist et Ecce homo (1888).

Il est important de noter que la critique de la religion correspond principalement à une critique du christianisme.

Il s’agira donc de circonscrire le sujet à cette religion spécifique et ne pas s’attarder sur sa dichotomie polythéiste et antique.

Précisément, la critique de la religion concernera tantôt l’action institutionnelle de l’Église, tantôt le texte chrétien et paulinien 3.

Avec la philosophie grecque, elle représente la deuxième racine sur laquelle la culture européenne s’est développée et épuisée.

L’auteur s’adresse donc à l’homme de son temps et spécifiquement européen, marqué par une fatigue de la vie.

L’approche originale de Nietzsche consiste donc à évaluer la religion, non pas selon sa pertinence apodictique, morale, politique ou encore scientifique, mais plutôt selon son ajustement à la vie.

En ce sens, d’une part, la volonté de maximiser la 1 Friedrich Nietzsche, Ainsi parlait Zarathoustra (1883, I, II.

– 1884, Ibid., III – 1885, Ibid., IV), Paris, Gallimard, 1971, textes et variantes établis par Giorgio Colli et Mazzino Montinari, trad.

Fr.

Maurice de Gandillac, « De l’immaculée connaissance », p.

169. 2 On retrouve les mêmes symptômes psycho-physiologiques derrière la naissance de la religion monothéiste et de la philosophie platonicienne.

Ces deux objets d’études seront donc regroupés pour leur adresser la même critique : la philosophie et la religion ont constamment cherché à nier la vie, en étant fondamentalement nihiliste. 3 Saint Paul est le véritable fondateur du christianisme et non Jésus Christ.

Critiquer l’origine du christianisme correspond donc à une critique du discours paulinien. 1. »

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