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Nietzsche

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La souffrance d'autrui est une chose qui doit s'apprendre et jamais elle ne peut être apprise pleinement... Nietzsche

« La souffrance d'autrui est une chose qui doit s'apprendre et jamais elle ne peut être apprise pleinement... Friedrich Wilhelm Nietzsche (1844-1900), philologue et philosophe allemand, est d'abord un théoricien de l'art (L'Origine de la tragédie) qui opère la distinction fameuse entre les arts de la forme apollinienne (les arts plastiques) et les arts de l'enthousiasme dionysiaque (la musique).

La tragédie grecque est née de l'esprit de la musique.

C'est le temps de l'amitié avec Richard Wagner à qui l'oeuvre est dédiée avec emphase, puis progressivement (1876-1889) l'éloignement et la rupture. Influencé par le pessimisme radical de Schopenhauer, Nietzsche se tourne vers la philosophie et, dans les Considérations inactuelles (1873-1876), met en question la culture allemande et le système scientifique de la civilisation.

Très vite son oeuvre multiple, composée de façon solitaire et rédigée sous forme d'aphorismes de plus en plus brefs, dénonce les préjugés moraux et annonce la transmutation générale des valeurs, où se joue l'opposition incessante entre une « volonté de puissance » qui affirme la vie et des forces réactives qui opposent à la vie un idéal décadent (Socrate, le judaïsme, le christianisme avec sa morale d'esclave).

Dans le long poème philosophique Ainsi parlait Zarathoustra, Nietzsche annonce la venue du surhomme, créateur de valeurs nouvelles, dont la volonté de puissance est à la fois affirmation de la vie et acceptation joyeuse de l'éternel retour. Qu'est-ce que le Surhomme ? Le Surhomme est une forme d'humanité supérieure qui laisse parler en lui la totalité des instincts, et précisément ceux-là mêmes que la Culture christianisée a étouffés parce qu'ils étaient des formes de la volonté de puissance, « ce qu'il y a de pire » en l'homme : égoïsme, instinct de domination, sexualité.

Mais il convient ici de souligner un point important.

L'homme est de toute façon un être de culture.

Il n'est donc en aucun cas possible de retourner au moment où les Barbares étaient encore indemnes des effets de la volonté de puissance de leurs esclaves, moment fondateur de la culture.

Les instincts doivent être libérés pour être spiritualisés : « L'homme supérieur serait celui qui aurait la plus grande multiplicité d'instincts, aussi intenses qu'on peut les tolérer.

En effet, où la plante humaine se montre vigoureuse, on trouve les instincts puissamment en lutte les uns contre les autres...

mais dominés.

» Ce surhomme parvient à la connaissance véridique de l'humanité, qui est la connaissance « tragique » qui a été décrite précédemment.

Il se réalise dans les seules issues que Nietzsche a réservées : celle de l'art, qui est une fiction connue comme telle, ou celle de la connaissance intellectuelle.

Il réalise ainsi le sens de l'humanité même, car il est celui qui adhère à la doctrine de l'Éternel Retour et qui donc est le sommet de la volonté de puissance. Humain, trop humain, sous-titré « Un livre pour esprits libres », est composé de deux volumes : un premier volume (1878) publié en l'honneur de Voltaire, « l'un des plus grands libérateurs de l'esprit », pour le centième anniversaire de sa mort, le 30 mai 1778 ; et un second volume publié en 1886, sous le titre d'Humain, trop humain II, qui rassemble, avec l'accord de Nietzsche, les textes déjà parus antérieurement d'Opinions et sentences mêlées (1879) et du Voyageur et son ombre (1880).

Nietzsche, marqué par la maladie, doit à la même époque abandonner l'enseignement qu'il assurait à Bâle et tente, en vain, de recouvrer la santé en faisant des séjours de plus en plus nombreux dans les Alpes (Davos, Sils-Maria) et autour de la Méditerranée (Gênes, Rapallo, Nice, où il signe en 1886 une préface aux deux volumes d'Humain, trop humain).

C'est dans le chapitre 2 (« Pour servir à l'histoire des sentiments moraux »), dans l'aphorisme 101 « Ne jugez point », que Nietzsche déclare : « L'Égoïsme n'est pas méchant, parce que l'idée du "prochain" — le mot est d'origine chrétienne et ne correspond pas à la réalité — est en nous très faible ; et nous nous sentons libres et irresponsables envers lui presque comme envers la plante et la pierre.

La souffrance d'autrui est une chose qui doit s'apprendre; et jamais elle ne peut être apprise pleinement.

» Lecteur enchanté du moraliste français La Rochefoucauld (« Pourquoi ne lit-on plus jamais les grands maîtres de la maxime psychologique ? Car, soit dit sans exagération, l'homme cultivé qui a lu La Rochefoucauld et ses parents en esprit et en art, est rare à trouver en Europe »), Nietzsche estime lui aussi que « ce qu'on nomme vertu n'est d'ordinaire qu'un fantôme formé par nos passions ».

II faut donc, pense-t-il avec énergie, inverser les valeurs : il n'y a que de l'innocence dans les actions dites méchantes.

De telles actions sont en réalité motivées par l'instinct de la conservation, par l'aspiration au plaisir, par la fuite face au déplaisir.

Dans la condition sociale antérieure à l'État, dit Nietzsche, nous tuons l'être, singe ou homme, « qui veut prendre avant nous un fruit de l'arbre, juste quand nous avons faim et courons vers l'arbre ».

Il n'y a point de mal en cela, car il n'y a là aucune intention, aucune volonté délibérée de nuire, aucune liberté à l'oeuvre, mais bien au contraire une simple nécessité.. »

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