Nietzsche
Extrait du document
«
C'est là aussi que j'ai ramassé sur ma route le mot "Surhomme", et cette pensée que l'homme est
quelque chose qui doit être surmonté,
- que l'homme est un pont et non un but : se louant de son midi et de son soir, chemins vers de
nouvelles aurores :
- la parole de Zarathoustra sur le Grand Midi, et ce que j'ai encore suspendu au-dessus de l'homme
comme de nouveaux couchants de pourpre.
En vérité, je leur ai fait voir de nouvelles étoiles en même temps que de nouvelles nuits ; et sur les
nuages et sur le jour et la nuit, j'ai encore étendu le rire comme une tente bariolée.
Je leur ai appris
tout mon art et le but de ma poursuite condenser et réunir en un ce qui chez l'homme est fragment et
énigme et terrible hasard.
Poète, devin et rédempteur du hasard, je leur ai appris à travailler l'avenir et, en créant, à délivrer tout
ce qui fut.
Délivrer le passé en l'homme et transformer le "c'était" jusqu'à ce que la volonté puisse dire
: "Mais je l'ai voulu ainsi ! C'est ainsi que je le voudrai !"
- C'est ceci que j'ai appelé leur salut, ceci seulement que je leur ai appris à appeler salut.
Maintenant j'attends mon salut - afin d'aller à eux pour la dernière fois.
Car une fois encore je veux aller chez les hommes : c'est parmi eux que je veux me perdre et leur
faire en mourant le plus riche de mes dons !
J'ai appris cela du soleil quand il se couche, l'astre trop riche l'or de sa richesse inépuisable, il le répand alors sur la mer.
- de sorte que le plus pauvre des pêcheurs rame encore avec une rame d'or ! J'ai vu cela un jour et, devant ce spectacle, je n'ai
pas pu me rassasier de mes larmes.
Zarathoustra veut disparaître comme le soleil : il est assis là et attend, entouré de vieilles tables brisées - et de tables nouvelles à demi écrites.
L'homme est quelque chose
qui doit être surmonté.
(Ainsi
parlait Zarathoustra)
Nietzsche rêve d'une culture supérieure d'homme, le
surhomme, celui-ci n'ayant rien à voir avec quelque
superman.
Devenir un surhomme, c'est renoncer aux
valeurs négatives au profit de valeurs positives et
créatrices.
Qu'est-ce que le Surhomme ?
Le Surhomme est une forme d'humanité supérieure qui laisse parler en lui la totalité des instincts, et précisément ceux-là mêmes
que la Culture christianisée a étouffés parce qu'ils étaient des formes de la volonté de puissance, « ce qu'il y a de pire » en
l'homme : égoïsme, instinct de domination, sexualité.
Mais il convient ici de souligner un point important.
L'homme est de toute
façon un être de culture.
Il n'est donc en aucun cas possible de retourner au moment où les Barbares étaient encore indemnes
des effets de la volonté de puissance de leurs esclaves, moment fondateur de la culture.
Les instincts doivent être libérés pour
être spiritualisés : « L'homme supérieur serait celui qui aurait la plus grande multiplicité d'instincts, aussi intenses qu'on peut les
tolérer.
En effet, où la plante humaine se montre vigoureuse, on trouve les instincts puissamment en lutte les uns contre les
autres...
mais dominés.
» Ce surhomme parvient à la connaissance véridique de l'humanité, qui est la connaissance « tragique »
qui a été décrite précédemment.
Il se réalise dans les seules issues que Nietzsche a réservées : celle de l'art, qui est une fiction
connue comme telle, ou celle de la connaissance intellectuelle.
Il réalise ainsi le sens de l'humanité même, car il est celui qui
adhère à la doctrine de l'Éternel Retour et qui donc est le sommet de la volonté de puissance.
a) Situation du texte.
Sous une forme poétique, Nietzsche présente l'homme futur, celui qui vient : le « Surhomme ».
Influence ici
d'une théorie de l'évolution.
Dès lors, l'homme n'est plus un but, mais un « pont », c'est-à-dire quelque chose vers un devenir.
Il
n'est plus un constat mais de la nouveauté (nouveaux couchants, nouvelles étoiles, nouvelles nuits).
En conséquence, il n'y a plus
le sérieux des certitudes mais le « rire » métaphysique, dans des virtualités différentes (tente bariolée).
La vie est signalée par
ses caractères d'imprévisibilité (le hasard dit deux fois), son lien avec le temps (avenir, créant, ce qui fut) et non avec l'éternité.
b) Mouvement du texte.
• 1er moment (- « [...] appris à appeler salut ») : une définition de l'homme.
La beauté de l'image poétique (chemin, couchants de
pourpre, tente bariolée) montre l'attachement à la terre dans ce qu'elle a de merveilleux, de sensitif.
Non s'intéresser aux
arrières-mondes platoniciens ou chrétiens mais être là.
Originalité de la pensée du XIXe siècle : le statut du passé dans une
réflexion sur la vie : non mémoire-juge mais usage qu'en fait la volonté (« je l'ai voulu »).
Et cela grâce à un autre regard sur le
présent : ce "terrible hasard", échappant à la raison peut devenir source de création.
• 2e moment (de « Maintenant j'attends mon salut [...] » jusqu'à 1 a fin) : l'appel à la création.
Reprise du premier verset : «
l'homme est quelque chose qui doit être surmonté ».
Les points de repère sont énoncés : fidélité à l'homme d'aujourd'hui (parmi
eux), à ses liens avec les moments de vie de la nature (rame d'or), refus des valeurs traditionnelles (vieilles tables brisées).
La
vie est donc rupture.
c) Conclusion.
Zarathoustra ne réécrit pas une morale.
Les tables nouvelles sont à demi-écrites.
Porté par le rire, sans se prendre
au sérieux, il donne la possibilité à la génération suivante, d'inventer un autre modèle en réponse à une situation singulière..
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