Nietzsche
Extrait du document
«
Commentaire du texte de Nietzsche
Conformément à la définition traditionnelle, Nietzsche explique dans cet extrait que le
concept ne se rencontre pas dans l’expérience.
Toutefois, par opposition à la
tradition, Nietzsche ne voit pas dans le concept la synthèse formelle de ce qui est
commun à des faits d’expérience.
La thèse de l’extrait peut en effet s’exprimer ainsi : le concept est une identification,
une représentation qui trahit et dévalorise une réalité faite d’individualités toujours
différentes, toujours singulières.
Pour exprimer cette thèse, l’extrait se découpe en deux parties : dans la première, qui va jusqu’à : « …servir qu’à
des cas différents », Nietzsche parle de l’utilisation des concepts.
Puis jusqu’à la fin du texte, Nietzsche explique comment se forme un concept, et en vient à montrer que, en
comparaison du concept, on en arrive à déprécier injustement les différences individuelles.
Dans la première partie, Nietzsche expose tout d’abord l’intention générale de l’extrait (« la formation des
concepts »), bien qu’il commence en fait par une explication de la « fonction » des concepts.
Le projet de l’extrait est donc celui-ci : « Pensons encore en particulier à la formation des concepts ».
On n’est
pas sensé connaître ce qui a été dit par Nietzsche avant cet extrait.
Simplement, cette première phrase indique
que son exposé va désormais se focaliser sur la formation des concepts.
Selon Nietzsche, un concept est donc quelque chose qui est « formé ».
S’il est en effet formé, c’est par
opposition à l’observation, à l’expérience qui a conduit à sa formation.
En disant d’emblée qu’un concept est
« formé », c’est par opposition à l’idée qu’il ait pu être simplement « donné ».
Si donc le concept est construit,
qu’est-ce qui est donné préalablement à cette formation ? La suite de cette première partie nous indique que le
concept est la combinaison de trois choses : une « expérience originale », un « mot », puis des « expériences
innombrables ».
Remarquons d’emblée la présence répétée du verbe « servir » dans cette partie.
Cela témoigne du lien direct
entre la formation et l’utilité du concept, utilité à laquelle s’applique cette première partie.
Le fait qu’un mot « devienne » concept est lié à l’utilité du mot.
Quelle est cette utilité du mot ? Là encore, Nietzsche fait le lien entre la naissance du mot et son utilité.
La
« naissance » d’un mot se fait lors d’une « expérience originale ».
Cela signifie que l’expérience est première, et
qu’ensuite un mot vient qualifier cette expérience.
Mais avant que cette expérience originale soit nommée,
qu’est-ce qui la caractérise ?
Tout d’abord, l’expérience peut être prise au sens large.
Il s’agit forcément de la sensation, de l’observation de
quelque chose de singulier, comme en témoigne l’exemple de la feuille dans la seconde partie.
Mais après tout,
rien n’empêche d’inclure dans le champs de l’expérience les émotions, par exemple.
Sans doute l’expérience inclutelle tout ce qui peut conduire à une nomination.
Il faut ensuite distinguer ici les deux sens de « originale ».
D’une part, originale renvoie à « première ».
On a
besoin d’un mot la première fois qu’on est confronté à une expérience nouvelle.
Mais d’autre part, « originale »
signifie aussi ce que Nietzsche décrit dans la suite de sa phrase : une expérience est originale parce qu’elle est
« unique, absolument individualisée ».
Dans chaque expérience, on est en présence d’un original, qui n’a pas son
pareil ailleurs dans la nature.
On peut en effet utiliser l’analogie de l’œuvre artistique : chaque feuille est un
original.
Un mot doit donc initialement « servir » pour cette expérience originale.
La fonction originale du mot est donc au « service » de la première expérience.
En quoi consiste ce service ? A « se souvenir » de l’expérience originale.
Il faut noter ici le « souvenir », car.
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