Nier la Liberté est-ce retirer toute signification à la morale ?
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La liberté, au sens premier du terme, désigne la possibilité pour chacun de faire ce qu'il veut, c'est-à-dire la
possibilité pour tout être vivant de décider les actions qu'il veut accomplir.
La morale définie un ensemble de règles
qu'il faut tenir en vue de bien agir, d'être juste.
Ainsi, on dit souvent de quelqu'un qu'il est immoral, parce qu'il n'a
pas de règle de conduite et que le Bien, en tant que valeur, ne l'intéresse pas.
Pourtant la moral suppose et
demande un individu responsable, c'est-à-dire d'un individu qui assume et répond de ses actes.
Le mot
"responsabilité" vient du latin respondere "répondre" de ses actes.
En effet, si un homme n'a pas le choix de ses actions, comment lui reprocher sa conduite? Mais la morale elle-même
ne nie-t-elle pas toute liberté? N'est-il pas de notre devoir de prendre conscience des déterminations qui nous
poussent à agir pour se donner des règles d'actions?
Le déterminisme enlève toute morale
La liberté habituellement fonde la responsabilité.
C'est parce que je peux choisir librement de mes actes que je peux
les assumer.
Ainsi, pour Sartre, c'est parce que l'homme est libre qu'il est condamné à être responsable, c'est parce
qu'il se choisit.
Pourtant, beaucoup de philosophes ont nié toute liberté humaine.
Pour Schopenhauer, par exemple, l'être humain
est aussi déterminé par des lois de cause à effet que la pierre, la plante ou le reste de la nature.
C'est seulement
parce que chez les hommes les causes sont tellement éloignées des effets que cela apporte la croyance de la
liberté.
Le motif qui est la représentation d'un but est "une cause et il agit avec la nécessité qu'entraînent après elle
toutes les causes."( Quadruple racine du principe de raison suffisante)
De même, pour Spinoza, le libre-arbitre est une illusion qui tient au fait que
les hommes ignorent les causes de leurs choix et de leurs actions.
" l'Âme est
déterminée à vouloir ceci ou cela par une cause qui est aussi déterminée par
une autre." Éthique, Livre II.
L'homme est donc totalement soumis à des
déterminations extérieurs.
Le rationalisme cartésien nous montre déjà qu'une volonté infiniment libre,
mais privée de raison, est une volonté perdue.
Plus nous connaissons, plus
notre liberté est grandie et fortifiée.
Si nous développons notre connaissance
au point de saisir dans toute sa clarté l'enchaînement rationnel des causes et
des effets, nous saisirons d'autant mieux la nécessité qui fait que telle chose
arrive et telle autre n'arrive pas, que tel phénomène se produit, alors que tel
autre ne viendra jamais à l'existence.
Pour Spinoza, une chose est libre quand
elle existe par la seule nécessité de sa propre nature, et une chose est
contrainte quand elle est déterminée par une autre à exister et à agir.
Au
sens absolu, seul Dieu est infiniment libre, puisqu'il a une connaissance
absolue de la réalité, et qu'il la fait être et exister suivant sa propre
nécessité.
Pour Spinoza et à la différence de Descartes, la liberté n'est pas
dans un libre décret, mais dans une libre nécessité, celle qui nous fait agir en
fonction de notre propre nature.
L'homme n'est pas un empire de liberté dans
un empire de nécessité.
Il fait partie du monde, il dispose d'un corps,
d'appétits et de passions par lesquelles la puissance de la Nature s'exerce et s'exprime en nous, tant pour sa propre
conservation que pour la nôtre.
Bien souvent nous croyons être libres, alors que nous ne faisons qu'être mus, par
l'existence de causes extérieures :
la faim, la pulsion sexuelle, des goûts ou des passions qui proviennent de notre éducation, de notre passé, de notre
culture.
Nul homme n'étant coupé du milieu dans lequel il vit et se trouve plongé, nous sommes nécessairement
déterminés à agir en fonction de causes extérieures à notre propre nature.
"Telle est cette liberté humaine que tous
les hommes se vantent d'avoir et qui consiste en cela seul que les hommes sont conscients de leurs désirs, et
ignorants des causes qui les déterminent."
Mais dans ce cas, il n'a plus à assumer la responsabilité de ses actions puisqu'en définitive, ce n'est pas lui qui
décide sa conduite mais des causes qu'il ne connaît pas.
La morale nie de toute façon toute liberté
Pourtant, on peut aussi comprendre la liberté de l'homme dans un autre sens.
Certains philosophes ont en effet,
placé la liberté, dans l'obéissance d'une loi en vue du bien.
Dans ce cas, c'est le respect de la morale et du bien qui
est considéré comme liberté.
Mais en définitive, la morale enlève toute possibilité de liberté puisqu'elle nous dicte ce
que l'on doit faire.
La morale est en effet la réponse à la question : "Que dois-je faire?" Elle est l'obligation, de
conformer notre conduite à certaines valeurs (le bien : ce qu'on doit faire ; le mal : ce qu'on ne doit pas faire).
Ainsi, par exemple, pour Montaigne, la liberté consiste à obéir aux lois : elle est le droit de faire ce que la loi permet.
Dans une autre direction, Descartes déclare que la plus haute liberté ne réside pas dans le fait de pouvoir choisir
indifféremment entre plusieurs possibilités mais dans le fait que la connaissance nous dicte nos actions, c'est-à-dire
ne nous laisse pas le choix..
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