Nelson Goodman
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Philosophe américain de Harvard, Goodman tente de penser dans The Structure of appearence (1951) un
nominalisme strict : le monde est décrit par un langage constitué d'éléments de base et une logique permettant de
construire des éléments complexes à partir de ceux-ci.
Goodman montre qu'une bonne description doit uniquement
admettre pour entités des individus, c'est-à-dire des combinaisons originales et ultimes d'éléments de base.
Mais les
universaux ne sont pas pour autant radiés de la description du monde : ils sont des combinaisons partielles des
éléments de base.
Comme éléments de base, Goodman propose les qualia, c'est-à-dire les réalités sensorielles
comme la couleur, le son, etc.
En ce sens, son nominalisme est un phénoménisme.
Mais Goodman montre que le
choix des éléments de base est indifférent : on peut prendre une classe d'entités construites dans un certain
langage comme base d'un nouveau langage et d'une nouvelle description du monde : notamment la physique
contemporaine, qui reconnaît des particules élémentaires pour base de la réalité, est également une bonne
description du monde.
Ce qui fait la stabilité d'une description (Facts, fiction and forecast, 1954) c'est que
l'induction à partir des faits de diverses prévisions se fait conformément aux catégories de cette description, bien
que cette conformation soit en son fond injustifiée : la “ projection ” de qualités correctes pour telle description est
le fait de “ l'enracinement ” de cette description dans nos pratiques linguistiques et intellectuelles.
Dans Ways of
World-making (1978), Goodman généralise ces résultats : il y a plusieurs mondes, au sens qu'il y a plusieurs bonnes
manières de décrire le monde, et celles-ci ne sont pas incompatibles.
Le monde en soi n'existe pas hors de nos
descriptions et de nos différents langages et systèmes de catégories que nous utilisons nécessairement pour
l'appréhender.
Sombre-t-on dans le relativisme ? non pas, parce que nous ne sommes pas maîtres de choisir et de
créer de toutes pièces nos descriptions : celles-ci s'imposent plutôt à nous, puisque nos manières de pensée mêmes
en font partie.
Nous pouvons néanmoins tenter un retour réflexif sur nos descriptions, les corriger, les réévaluer :
mais ce faisant, nous reconstruisons un nouveau monde.
Cette philosophie est nourrie et justifie en retour une
réflexion importante sur l'art (Languages of art, 1968) : les arts n'appartiennent pas à la sphère émotive et
subjective de l'homme, mais sont des systèmes réglés de symboles, des langages à part entière, qui nous font
accéder à des descriptions originales du monde, à des nouveaux mondes : un tableau nous fait voir les choses
autrement, nous donne des règles pour voir les choses autrement.
En ce sens l'esthétique est une branche de
l'épistémologie, qui étudie d'une manière générale les différentes manières de construire les mondes.
Autres
œuvres : Problems and projects (1972), Of Mind and other matters (1984)..
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