n'échange-t-on que des biens Etudier l'économie est-ce étudier l'homme ?
Extrait du document
«
Nous avons pu apprécier le rôle fondamental dans la constitution de l'homme de la culture.
Elle lie les hommes, leur
permet d'actualiser leur potentialité.
Toutefois elle ne leur est pas extérieure.
Ils s'en empare, la transforme, la font
vivre dans et par l'échange perpétuel et réciproque (cf.
Aristote).
Nous avons pu établir avec Lévi-Strauss qu'elle se
manifeste dans l'élaboration des règles et des représentations essentielles à la vie sociale qui s'échange.
Finalement
nous sommes ensemble être social que par et dans l'échange.
C'est pourquoi nous viserons à présent cette notion.
Nous l'interrogerons à partir de l'évidence qu'elle nous impose dans cette intitulé : N'échange-t-on que des biens ?
La réponse a une telle question semble spontanément aller de soi : oui.
Les rapports humains sont parcourus d'échanges multiples de bien et de services.
Ceci étant objectivé et par la
rendu disponible à l'échange.
Ceci consistant essentiellement du fait de donner et d'en attendre une contrepartie
c'est-à-dire qu'il y a transfert de biens et de services considérées comme hétérogènes mais équivalents.
Ainsi, notre
vis quotidienne est scandée par des échanges qu'ils soient d'objets, d'achats, d'images, de paroles.
La constitution
de l'échange se résolvant dans cette détermination qu'il est nécessaire de posséder pour céder puis recevoir.
Qu'est
ce qu'un bien sinon ce qu'on possède ? Un bien est toujours susceptible d'appropriation qu'il soit corporel (billes) ou
incorporel (droits d'un citoyen).
C'est une chose que l'on possède.
Par conséquent si pour échanger il faut posséder
comment pourrions nous échanger autre chose que des biens ? Toutefois cette réduction de l'échange à une sphère
économique et commerciale, elle ignore les échanges amicaux, intellectuels, de baisers, jusqu'à l'échange amoureux.
Car qu'échange-t-on dans l'amour ? Lacan écrit dans Le séminaire Livre IV « l'amour revient à donner ce qu'on n'a
pas.
» D'ailleurs, dans l'amour réciproque ce qui s'échange bouleverse la notion de bien comme celle de l'échange.
Certes l'expérience de l'amour comme de la tendresse dépasse l'échange mais pour autant reste des moments
d'échange.
Dès lors, il convient de s'interroger sur le caractère exclusif de l'échange de biens.
L'échange se résout-il
dans la sphère économique et commerciale ou possède t-il une dimension symbolique ou les transferts seraient
immatériels ?
I.
Echange économique : lien social
Existe-t-il « des choses » que l'on échange et qui échapperait à l'appropriation ? Afin de répondre à cette
interrogation nous devons envisager que seuls des biens pourraient être échangé en vertu d'une nécessité logique
et anthropologique conféré par l'observation du lien social et de la monnaie.
1.
Le penchant à l'échange de l'homme
Echanger c'est céder quelque chose dans l'attente d'une contrepartie mais cela suppose de posséder quelque chose
et que l'autre possède aussi quelque chose.
C'est donc d'abord d'un point de vue logique que l'on échange des
biens.
Il faut avoir une propriété pour participer à un échange, à tel point qu'échangeant nous échangeons des
biens corporels et incorporels.
Ainsi, dans la vente je cède mon droit d'usus et d'abusus sur la chose.
C'est en ceci
qu'il y aurait échange de biens.
Cependant ceci n'est pas le but de l'échange car pour qu'il y ait échange il faut qu'il
y ait communauté d'intérêt entre les hommes (l'architecte à besoin de chaussures et le cordonnier à besoins d'une
maison).
L'universalité des besoins partagés par tous les hommes d'une société et l'impossibilité de les satisfaire
individuellement entraîne l'échange càd que sont recherchés des équivalences entres des produits propres à
satisfaire les besoins.
L'échange est donc fondateur de la société, du lien social.
Autrement dit une société est une
communauté d'intérêt (Aristote).
Nous pourrions ainsi nous appuyer sur les analyses de Smith dans Recherche sur la notion et la cause de la richesse
des nations ou il cherche à expliquer la division du travail.
La raison tient au « penchant à l'échange des hommes » :
l'homme a beaucoup de besoin, par conséquent, il va échanger.
D'abord, il produit des biens en grande quantité par
la division du travail et il compense la spécialisation des tâches par l'échange.
Ce qui nous conduit à cette définition
de l'homo-économicus : l'homme veut posséder.
Cela implique qu'il crée de la richesse pour ensuite l'échanger, ce
qui fonde la vie en société.
2.
Rôle de la monnaie
Certes, ce lien peut se maintenir dans le troc, mais très vite les sociétés développent l'usage de la monnaie car cela
permet d'établir entre la production des membres de la communauté un rapport quantitatif.
La mesure de toutes les
valeurs par la monnaie est de signe institué de la valeur.
En effet, nous pourrions nous appuyer sur les analyses de
Smith au chapitre IV pour établir que l'argent est une propriété mais qui peut s'échanger avec tout et à tout
moment.
Tout ce qu'on échange peut s'y ramener.
Si son usage se développe c'est qu'il permet l'accélération des
échanges.
L'échange de biens entre personnes apparaît donc comme exclusif.
Il est le seul échange et c'est en cela
seul qu'on peut comprendre le lien social.
Toutefois une distinction essentielle s'impose ici entre les choses et les
individus.
Les unes ayant un prix et une valeur marchande et les personnes ont une dignité une valeur absolue (Kant
Fondement de la métaphysique des mœurs) Ceci heurte le sens moral : tout pourrait s'acheter mais il semble difficile
d'acheter l'amour sauf à s'en réduire à la concurrence.
Pour autant l'amour, lorsqu'il est vrai, peut donner lieu à la
réciprocité.
En réalité, trop de besoins humains dépassent la nature pour que cette compréhension de l'échange soit
satisfaisante.
Ainsi, le besoin de culture ne se confond pas avec celui de divertissement même s'il s'agit dans les
deux cas de plaisir.
Transition
Les difficultés que font surgir cette appréhension du fait que nous n'échangerions que des biens n'est pas.
»
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