Ne travaille-t-on que par intérêt ?
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POUR DÉMARRER
Ne produit-on quelque chose d'utile, dans l'ordre pratique ou l'ordre théorique, que dans la mesure où c'est utile ou
avantageux pour nous ? Plus précisément, ne travaille-t-on qu'en vue du bien-être, de l'intérêt matériel ?
CONSEILS PRATIQUES
Deux termes à préciser avec rigueur : le travail, cette transformation du monde, et l'intérêt, cette considération de
ce qui est utile et avantageux pour nous.
En fait, il faut réaliser un devoir progressif où l'intérêt s'élargira à ce qui
concerne l'homme et son essence spirituelle, à ce qui lui permet de se réaliser dans le monde.
BIBLIOGRAPHIE
HEGEL, La Phénoménologie de l'esprit, Aubier (tome 1-La dialectique du maître et de l'esclave).
Principes de la philosophie du droit, paragraphes 196 sq., Tel-Gallimard.
Analyse du sujet et dégagement de la problématique
●
La particularité du sujet tient à sa formulation restrictive : ne...que...
Celle-ci énonce un partage dans
les fins attribuées au travail par les hommes.
Un premier ensemble de fins possibles est présupposé, et
regroupé sous la notion d'intérêt.
Arrêtons-nous sur cette présupposition, et sur l'évidence qui la fonde : si
on travaille, c'est surtout, ou le plus souvent, par intérêt.
Ainsi, le premier mouvement de la question pose
une co-appartenance essentielle entre le travail et l'intérêt.
En première approche, nous pouvons la penser
comme fin, cause, raison d'être.
Le second mouvement de la question interroge les limites de cette coappartenance : le travail appartiendrait-il aussi, par ailleurs, à une autre sphère, à une région qui exclurait
l'idée même d'intérêt? L'identité de cette région est laissée ouverte, toute hypothèse est envisageable : le
plaisir, le devoir, etc...
Mais on voit d'emblée combien ce partage est problématique : si l'on travaille par plaisir, ou par devoir, notre
travail est-il si exempt d'intérêt? Ce que la question montre, c'est toute l'ambiguïté de la notion d'intérêt.
Notre première tâche consistera donc à la définir, c'est-à-dire aussi bien à en saisir l'unité, qu'à en cerner
l'équivoque.
●
Le terme d'intérêt vient du verbe impersonnel latin interesse, qui signifie « il importe ».
Il signifie ainsi,
d'une manière très générale, ce qui importe réellement à un agent déterminé, ce qui lui est avantageux.
Remarquons tout d'abord que cet intérêt peut être connu de l'agent ou non : on peut se tromper, et avoir
intérêt à agir d'une manière qui nous semble désastreuse.
L'intérêt peut ensuite être collectif ou individuel;
cette distinction évoque en particulier le domaine politique, où il ne faut pas confondre intérêt général
(ensemble des intérêts communs d'une société) et intérêt public (ensemble des intérêts de cette société en
tant que telle).
On voit par là qu'il faut aussi distinguer l'intérêt de nature (humaine, politique, etc...) de
l'intérêt contingent particulier (dans une affaire par exemple).
Mais le terme d'intérêt possède une seconde orientation de sens, subjective : elle désigne la caractère de ce
qui provoque une activité mentale agréable, une attention spontanée.
Si le sens précédent est plus
directement orienté sur la question de l'activité humaine, et en particulier du travail, le sens subjectif peut
aussi nous fournir une fin plausible pour le travail, notamment en ce qui concerne le travail intellectuel.
Ainsi, nous avons observé plusieurs tensions au sein de la notion d'intérêt.
Tout d'abord entre un sens
objectif et un sens subjectif; ensuite, au sein même du sens objectif, entre des couples de compréhensions
contraires (particulier / collectif, etc..) La dissertation doit donc examiner si ce champ dispersé de l'intérêt
possède des liens essentiels avec la notion de travail, et s'il suffit à en rendre compte.
Il nous faut donc à
présent considérer la notion de travail.
●
Il désigne une activité humaine, spontanée ou contrainte, par laquelle un objet, un autre sujet
(enseignement, par exemple) ou le sujet même qui travaille sont transformés.
On peut distinguer le travail de
la nature du travail industriel, centré sur la production d'objets, du travail intellectuel.
Nous observons donc
aussi, au sujet du travail, une dispersion : cette activité peut être entièrement extérieure à son sujet
(labourer un champ) ou au contraire le prendre lui même pour objet (travail de déclinaisons, travail de
gammes, ...).
Il est important de noter que le travail est une notion moderne : il n'y a pas de terme grec ou
latin pour le désigner : il existait plusieurs termes par activités, ou par groupes d'activité.
Ce qu'il y a de plus
notable, est que les termes les plus proches de la notion moderne de travail désignent de manière restreinte
l'activité des esclaves; la philosophie, la politique, activités nobles s'opposent pour le grec au travail imposé
par les besoins physiques.
Ceci nous invite à considérer de manière centrale la dimension économique et
politique du travail : nos sociétés reposent entièrement sur lui, et la manière dont cette radicalité du travail
est pensée en change le contenu selon les systèmes sociopolitiques.
Nous avons ainsi obtenu plusieurs points d'accroche pour questionner le travail, plusieurs sphères qui le
définissent.
Tout d'abord, la sphère de l'effort, en tant qu'elle s'oppose au loisir.
Ceci nous indique un certain.
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