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Ne faut-il voir dans la morale qu'une convention sociale ?

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La multiplicité des règles morales peut faire penser que la morale n'est qu'une convention sociale. D'un autre côté, il convient de se demander pourquoi il n'existe pas une seule communauté humaine qui n'ait des règles pour contrôler les rapports entre les individus. Au-delà de la grande diversité des morales, on constate certaines constantes: le respect d'autrui, l'interdiction de l'inceste, la prohibition de la violence et du meurtre. Aussi multiples soient-elles dans le détail, ces lois morales semblent toutes viser le même objectif: remplacer un ordre naturel par un ordre culturel, substituer à la violence naturelle des instincts, une culture et une harmonie du vivre ensemble. Ce qui permet de dire que la morale est à la fois une convention sociale et quelque chose d'universel comme l'interdit de l'inceste, chez Lévi-Strauss.


« La multiplicité des règles morales peut faire penser que la morale n'est qu'une convention sociale.

D'un autre côté, il convient de se demander pourquoi il n'existe pas une seule communauté humaine qui n'ait des règles pour contrôler les rapports entre les individus.

Au-delà de la grande diversité des morales, on constate certaines constantes: le respect d'autrui, l'interdiction de l'inceste, la prohibition de la violence et du meurtre.

Aussi multiples soient-elles dans le détail, ces lois morales semblent toutes viser le même objectif: remplacer un ordre naturel par un ordre culturel, substituer à la violence naturelle des instincts, une culture et une harmonie du vivre ensemble.

Ce qui permet de dire que la morale est à la fois une convention sociale et quelque chose d'universel comme l'interdit de l'inceste, chez Lévi-Strauss.

En effet, par son universalité la prohibition de l'inceste semble relever de la nature, mais par la diversité de ses modalités, par le fait qu'elle relève de la règle, elle semble plutôt relever de la culture. Lévi-Strauss y voit alors ce qui fait l'articulation entre la nature et la culture, ce qui fait de l'homme naturel un être culturel.

Ce qui importe dans la prohibition de l'inceste est moins l'aspect d'interdiction qu'elle contient que l'obligation qui en est le corollaire : ne pas avoir le droit d'épouser quelqu'un de sa famille, c'est avoir l'obligation d'épouser quelqu'un d'une autre famille.

Le mariage apparaît alors comme un échange, échange qui constitue aux yeux de Lévi-Strauss le fondement social. SUPPLEMENT: L'obligation morale est-elle d'essence sociale ? Bergson, enfin, rattache l'obligation morale à un système d'habitudes[i] sociales.

Il considère que c'est la société[ii] qui trace à l'individu le programme de son existence quotidienne.

Au fond de l'obligation morale, n'y a-t-il donc pas l'exigence sociale, issue, dit Bergson, d'une société close[iii], figée et statique. « C'est la société qui trace à l'individu le programme de son existence quotidienne.

On ne peut vivre en famille, exercer sa profession, vaquer aux mille soins de la vie journalière, faire ses emplettes, se promener dans la rue ou même rester chez soi, sans obéir à des prescriptions et se plier à des obligations.

Un choix s'impose à tout instant ; nous optons naturellement pour ce qui est conforme à la règle […].

Une route a été tracée par la société ; nous la trouvons ouverte devant nous et nous la suivons ; il faudrait plus d'initiative pour prendre à travers champs.

Le devoir, ainsi entendu, s'accomplit presque toujours automatiquement.

[…] L'essence de l'obligation est autre chose qu'une exigence de la raison.

[…] Représentez-vous l'obligation comme pesant sur la volonté à la manière d'une habitude, chaque obligation traînant derrière elle la masse accumulée des autres et utilisant ainsi, pour la pression qu'elle exerce, le poids de l'ensemble : vous avez le tout de l'obligation pour une conscience morale simple, élémentaire.

C'est l'essentiel ; et c'est à quoi l'obligation pourrait à la rigueur se réduire, là même où elle atteint sa complexité la plus haute. On voit à quel moment et dans quel sens, fort peu kantien, l'obligation élémentaire prend la forme d'un « impératif catégorique ».

On serait embarrassé pour découvrir des exemples d'un tel impératif dans la vie courante.

La consigne militaire, qui est un ordre non motivé et sans réplique, dit bien qu' « il faut parce qu'il faut ».

Mais on a beau ne pas donner au soldat de raison, il en imaginera une.

Si nous voulons un cas d'impératif catégorique pur, nous aurons à le construire a priori ou tout au moins à styliser l'expérience.

Pensons donc à une fourmi que traverserait une lueur de réflexion et qui jugerait alors qu'elle a bien tort de travailler sans relâche pour les autres. Ses velléités de paresse ne dureraient d'ailleurs que quelques instants, le temps que brillerait l'éclair d'intelligence. Au dernier de ces instants, alors que l'instinct, reprenant le dessus, la ramènerait de vive force à sa tâche, l'intelligence que va résorber l'instinct dirait en guise d'adieu : il faut parce qu'il faut.

Cet « il faut parce qu'il faut » ne serait que la conscience momentanément prise d'une traction subie, - de la traction qu'exercerait en se retendant le fil momentanément détendu.

» BERGSON, « Les deux sources de la morale et de la religion ». A l'arrière-plan de cette critique bergsonienne, ne peut-on déceler celle des sociologues ? A leurs yeux, l'impératif catégorique se réduit à l'autorité de la société, laquelle nous commande parce qu'elle est extérieure et supérieure à nous, comme le dit Durkheim, un des fondateurs de la sociologie.

Cette explication sociologique conduit à nier la spécificité du devoir.. »

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