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Ne croit-on que par faiblesse ?

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« Analyse du sujet : Ø « Faiblesse » : peut être de deux sortes : 1- physique ; elle s'oppose alors à la force entendue comme ce qui a pour principe d'anéantir toute résistance, c'est-à-dire toute force contraire à son mouvement propre 2- morale ; elle s'oppose alors à la volonté pour désigner une certaine conduite de vie relâchée, c'est-à-dire un manque de caractère et de fermeté. Ø « Croire » : la forme infinitive est importante : il s'agit de considérer la croyance dans son caractère dynamique. N'étant donc pas ici réductible à sa seule forme dogmatique, la croyance devra donc être envisagée au-delà de sa dimension religieuse.

« Croire » indique qu'il s'agit de questionner une opération subjective, un acte mental, et non un objet de croyance ( = ce qui est cru importe moins que la façon dont on y adhère) Ø Globalement la difficulté du sujet vient de que la croyance peut recevoir une valeur positive et négative : en tant qu'opinion incertaine, croire est faiblesse au regard du savoir qui implique effort rationnel, quête du vrai qui exige détermination et persévérance. en tant qu'acte de foi, croire est force puisque la conviction est soutenue par un investissement personnel. Ø Finalement tout le problème consiste à examiner ce qui du « tenir » (= marque d'une tension, d'un mouvement volontaire) ou du « pour vrai » (= marque du semblant, où « comme si » = imagination < raisonnement conceptuel) importe dans l' acte de croire. Problématique : la faiblesse, parce qu'elle consiste en une absence de force, d'énergie physique, morale ou intellectuelle permettant à une personne de s'imposer ou d'agir, permet de rendre compte d'un certain type de croyance : celui qui croit est victime d'illusions, de préjugés ou d'opinion car il ne dispose pas de la volonté nécessaire à l'exercice de l'esprit critique et de la raison.

Pourtant, croire, en tant qu'il s'agit d'un acte d'attribution d'une valeur de vérité, semble tout de même impliquer la volonté du sujet qui croit.

La croyance n'est pas seulement subie mais elle semble aussi d'une certaine façon produite.

Dès lors, est-ce faiblesse que de croire ou bien peuton soutenir que croire implique un investissement ferme et volontaire du sujet ? La croyance doit-elle être valorisée ou dépréciée ? 1- CROIRE EST FAIBLESSE a) La croyance est passivité … Croire = tenir pour vrai.

Or ce qui est vrai s'impose comme tel et n'a de ce fait, nullement besoin d'être « tenu » pour être vrai.

Ainsi la croyance consiste à affirmer la vérité d'une chose ou d'une proposition en l'absence de certitude attestée par l'existence d'une preuve. On peut certes soutenir que cette ténacité de la croyance malgré la présence d'une preuve s'apparente à une forme de courage, et c'est bien sûr le cas.

Néanmoins, il ne faut pas confondre opiniâtreté plus ou moins éclairée et véritable travail de la raison.

En effet, si croire est si souvent déprécié dans le domaine de la science et de la connaissance, c'est que l'on n'admet aucunement que cette absence de preuve ne puisse pas être comblée par la raison.

Pour le dire autrement, la croyance marque une démission de la raison et semble être le signe de l'hétéronomie au sens kantien du terme : l'autonomie = penser par soi-même au lieu de s'en remettre à d'autre ; se servir de son propre entendement = acte de courage ; au contraire, croire et se soumettre au lieu de questionner = paresse et lâcheté. b) …et soumission au corps et penchants sensibles Platon diagnostique semblablement un relâchement de la raison responsable de la production de croyance.

Le croyant, dans le domaine des sciences, est victime de son attachement à la sensibilité.

Et cela, les sophistes le savent bien [1].

Usant de leur capacité à persuader sur un sujet dont ils ne savent rien (si ce n'est la bonne façon de paraître savoir), les sophistes se montrent maîtres dans l'art de flatter les sens afin de générer la croyance, c'est-à-dire de gagner la confiance de leurs auditeur.

Comment ? L'esprit est spontanément enclin à adhérer à ce qui frappe l'affectivité, ce qui l'impressionne.

Dans le Phédon, Platon écrit : « en toute âme humaine forcément, l'intensité du plaisir ou de la peine à tel ou tel propos, s'accompagne de la croyance que l'objet de cette émotion, c'est tout ce qu'il y a de plus clair et de plus vrai, alors qu'il n'en est pas ainsi ».

La sensibilité introduit donc de la confusion entre ce qui est vrai et ce qui ne l'est pas (faisant passer l'un pour l'autre) et est ainsi cause d'erreur et d'illusions.

Les sophistes misent donc sur les affects de leurs auditeurs afin de les convaincre de choses qui ne sont pas (exemple : Gorgias qui dresse, contre les faits, une « défense de Palamède », traître fameux). A l'opposé, la vérité exige donc, pour être saisie, de se défaire de son corps.

Le vrai étant par essence intelligible, il ne peut être saisi que par l'esprit lui-même (d'où dévalorisation de la connaissance sensible). Finalement, c'est parce que la vérité est trop exigeante que l'on peut préférer la facilité de la croyance conforme aux plaisirs (et cela, même si elle nuit davantage que le renoncement aux sollicitations du corps) Transition : § Croire est faiblesse pour autant que la force est du côté de la rationalité qui, dans son exercice, implique l'autonomie (la volonté de penser par soi-même) et le détachement vis-à-vis de la sensibilité. § Toutefois, on a accordé rapidement que croire supposait un minimum de courage : tenir une chose pour vraie en l'absence de preuve, implique que le sujet ne relâche pas son adhésion, qu'il « tienne bon ».

N'est-ce pas une forme de force ? § Croire n'engagerait-il pas la volonté du sujet ? La croyance n'est-elle pas toujours implicitement consentie et en cela produite par le sujet qui croit ?. »

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