Mourir pour une cause plaide-t-il pour cette cause ?
Extrait du document
«
Problématique:
C'est l'argument dit "du sacrifice".
On peut se sacrifier pour une cause juste, mais on peut se tromper sur sa
légitimité.
Dire que des hommes ou des femmes se sont sacrifiés ne prouve rien, et peut même cacher le secret
sentiment de l'inutilité profonde de leur propre vie.
de sorte que la "cause" n'est qu'un prétexte.
Lorsqu'on meurt pour une cause, cela signifie que la mort est la conséquence d'une cause, ou d'un idéal que l'on a
reconnu comme étant suffisamment important pour qu'on puisse lui sacrifier sa vie.
Ici on vous demande si la mort
peut se justifier au non de l'attachement et au nom du respect d'un idéal.
L'idéal, c'est ce à quoi on croit car on
estime que cela, en droit, devrait être, mais si, dans les faits, ce n'est pas encore le cas.
L'idéal renvoie donc à une
valeur à laquelle on ne veut pas renoncer et pour laquelle on accepterait de tout sacrifier.
Encore faut-il que cette
cause ne soit pas une illusion ou un préjugé.
En effet, le fanatique qui meurt pour une cause religieuse donne-t-il
par cette mort une valeur absolue à sa cause ? Qui plus est, on note qu'une fois mort, on ne peut plus jouir d'un
idéal...
Qui en jouira alors ? Enfin, si la cause ou l'idéal exige notre sacrifice, celui ci n'a de sens que si notre
sacrifice est repris et assumé par ceux qui nous survivent et mourir pour un idéal, c'est affirmer que l'idéal doit
continuer à intéresser ceux qui restent en vie.
Mais n'est-ce pas restrictif de penser que notre rapport à l'idéal, qui
est un rapport moral, n'aurait que la mort comme solution et apogée ? Qu'en est-il de l'action politique, de l'histoire,
de l'engagement qui passe des principes aux actes ? Vous trouverez de nombreux éléments pour développer ces
points en vous reportant aux sujets indiqués au bas de cette réponse.
[La valeur d'une cause que l'on défend au risque de sa vie est au-delà de toute critique.
Par sa mort, le
héros prouve que cette cause était juste.
Sa mort prouve la puissance de l'idéal qui est indestructible.]
La cause défendue est plus digne que la vie
Lorsque l'homme fait le choix de la mort, il s'oppose à ses inclinations naturelles et élève la cause qu'il défend
au-dessus de son intérêt personnel.
«La valeur morale s'affirme dans le dépassement de l'égoïsme biologique,
dans le renoncement et dans le sacrifice.» (Gusdorf) II n'y a pas de réquisitoire possible devant un
témoignage aussi ultime.
La mort devient ainsi l'avocat de la valeur de la cause.
Il ne peut y avoir d'autre réponse à la violence, pense Gandhi, qu'une action non-violente.
Résister à la
violence, c'est accepter de mourir et ainsi refuser de se soumettre à la volonté de celui qui y a recours.
Répondre à la violence par la violence ne résout rien.
En effet, tout usage de la violence, même dans un but
légitime, est encore une manière de l'attiser.
La violence entraînant la vengeance.
La posture du martyr est
préférable.
La mort est un exemple pour les autres hommes
Socrate a refusé d'écouter Criton et de s'évader alors qu'il était condamné à mort.
Il n'a pas choisi la vie et ses biens illusoires.
Plutôt que de renoncer à la vérité, il
a choisi la mort.
Il est allé jusqu'a bout de la cause qu'il défendait.
Dans le Criton,
Platon rapporte les raisons pour lesquelles Socrate a refusé de s'évader afin
d'échapper à la mort.
D'après Socrate, il serait bien plus condamnable de
s'opposer au verdict de son jugement que de chercher à conserver sa vie.
Car audelà du verdict, Socrate obéit aux lois de la cité qui l'ont nourri, éduqué et sans
lesquels il n'aurait pu être un citoyen.
En jouant ce rôle qu'on ne tient qu'une fois,
Socrate a atteint la sagesse et l'a léguée aux autres hommes.
Il a rassemblé des
disciples autour de cette cause.
Bergson peut dire que l'héroïsme n'a qu'à se
montrer «pour mettre d'autres hommes en mouvement».
Par son acte, Socrate a
invité ses disciples à instaurer autour d'eux la vraie vie.
Par sa mort, le martyr fait triompher son idéal
Même si l'individu n'a aucun autre pouvoir d'action que le don de sa vie, la force
qu'il oppose à la tyrannie est la plus puissante.
L'idéal triomphe par la mort du héros.
Les premiers chrétiens
ont été suppliciés, mais n'ont fait que renforcer l'esprit du christianisme.
Point de vue religieux : Jésus et le « Sermon sur la montagne ».
Jésus révèle un Dieu non violent, un Dieu
d'amour.
Il prêche la sagesse et la loi morale, ainsi que l'amour de l'ennemi.
Jésus valorise les pauvres, les
opprimés et les persécutés parce qu'ils ne font de tord à personne.
Il fait le choix de la non violence et
enseigne contre la loi du talion qu'il vaut mieux « tendre l'autre joue ».
« Ainsi, tout ce que vous voulez que
les hommes vous fassent, faites-le vous-même pour eux » (Matthieu, VII, 12)..
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