Morale et vie économique ?
Extrait du document
«
L'économie telle que nous la connaissons aujourd'hui, c'est-à-dire le capitalisme, semble bien loin de ce que nous
considérons comme moral.
En effet, la morale est un ensemble de lois que nous nous imposons à nous-mêmes, que
nous suivons non par intérêt mais pour la loi elle-même et qui régissent les rapports entre les hommes ainsi que les
comportements de chacun.
Les rapports économiques ne semblent, eux, dirigés uniquement par l'intérêt personnel
ou de groupe, mais jamais de tous.
Pour Kant, la morale est universelle, ce qui implique une égalité entre les
hommes, que ne semble pas prendre en compte l'économie.
Or, ces dernières années sont apparus le commerce équitable, l'éthique d'entreprise etc.
Faut-il alors penser que
l'économie donne sa place à la morale ou n'est-ce qu'un stratagème pour redorer son blason et encore mieux
progresser ?
I)
Les rapports économiques sont-ils immoraux ?
A)
Les rapports économiques sont en général générés par l'intérêt personnel.
Chaque partenaire, dans ces
rapports veulent faire le plus grand profit.
Or pour Kant, la morale ne peut en aucun cas être dirigée par
l'intérêt personnel puisque dans ce cas, l'individu tomberait dans l'hétéronomie et ne serait alors plus libre et
par conséquent ne pourrait être considéré comme un être moral.
[Kant, Métaphysique des mœurs]
B)
Pour Marx, le capitalisme peut se résumer à la domination d'une classe sur l'autre ; ici, de la classe
bourgeoise sur le prolétariat.
Les rapports économiques sont donc
générés sous le joug de la domination bourgeoise.
Le prolétariat vend
sa force de travail contre un salaire en général très bas et par
conséquent ne peut bénéficier du fruit de celui-ci.
Il est alors difficile
de considérer un rapport de domination et d'exploitation comme moral
puisque toute idée d'égalité est alors évacuée.
[Marx et Engels,
Manifeste du parti communiste]
1.
L'histoire et la lutte des classes
Cependant, l'organisation sociale se transforme au cours de l'histoire.
Les
modes de production changent (techniques et ressources utilisées), ainsi que
les rapports entre les hommes qui en résultent, les classes qu'ils forment :
maîtres et esclaves dans l'Antiquité, seigneurs et serfs au Moyen Âge, enfin
bourgeois et prolétaires au XIXe siècle.
Les luttes pour le pouvoir politique
expriment un antagonisme fondamental entre ceux qui possèdent les moyens
de production (usines, machines) et ceux qui en sont privés.
C'est pourquoi
Marx peut affirmer (Manifeste du Parti communiste) que l'histoire de la lutte
des classes est l'histoire des sociétés jusqu'à nos jours.
2.
Le capital
C'est l'état historique de son propre temps qui intéresse Marx en premier lieu.
La question est donc de savoir
comment le système capitaliste engendre et maintient les rapports sociaux et économiques qui divisent les hommes.
Il montre alors que, si toute valeur découle du travail effectué, il faut qu'à la rémunération de la force de travail du
prolétaire s'ajoute un travail non payé qui permette à l'argent investi par le capitaliste de fructifier (Le Capital).
II)
L'éthique fait-elle réellement son entrée dans les rapports économiques ?
A)
Nous assistons, ces quelques dernières années, à ce qui ressemble à une intégration de la morale ou de
l'éthique dans l'économie.
Nous parlons aujourd'hui de « commerce équitable », « d'éthique de l'entreprise »
etc.
On cherche non plus le profit à tout prix, mais à réinstaurer un semblant d'égalité dans les rapports
économiques.
Les pays du nord ne peuvent plus exploiter les petits producteurs du sud, et les entreprises
commerciales doivent respecter certaines règles déontologiques afin que le commerce devienne responsable.
Il semble donc que la morale puisse avoir sa place dans les rapports économiques.
B)
Doit-on vraiment voir le commerce équitable et l'éthique d'entreprise comme une intégration de la morale
pour la morale ? Ne peut-on pas soupçonner derrière tout cela un intérêt personnel et économique ?
L'éthique d'entreprise en particulier, semble n'exister que pour donner à l'entreprise concernée une meilleure
image.
Clamer haut et fort que son entreprise traite correctement les petits producteurs, tente d'instaurer
une égalité dans les rapports (qui pour l'instant d'ailleurs est bien loin d'être effective), n'est-ce pas se faire
sa propre publicité dans un monde de plus en plus critique par rapport au capitalisme ? Il semblerait que
l'éthique rapporte beaucoup ; or comme le dit Kant, celui qui agit par intérêt personnel ne peut être moral.
III)
A)
L'économie peut-elle être morale ou immorale ?
Les rapports économiques sont inégalitaires, mais cela ne fait pas d'eux des rapports immoraux ; en effet,
l'inégalité peut parfois mieux servir les plus défavorisés, comme le dit Rawls dans La Théorie de la Justice.
Développez ce point avec l'analyse ci-dessous..
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