Mon existence est-elle ce que j'en fais ?
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«
Le verbe « exister » signifie posséder une réalité.
Il peut donc s'apparenter au verbe être mais s'en distingue aussi, chez les phénoménologues ou les
existentialistes en tant qu'il traduit de la liberté de l'homme qui, quand il existe n'est pas enfermé dans une essence mais est toujours en construction.
Peut-on penser l'homme comme le propre créateur de son existence ? Est-il absolument libre dans la gestion de sa vie ou doit-on penser que certains
éléments de celle-ci lui sont hors d'atteinte ?
I) Est-on vraiment libre de faire ce que l'on veut ?
A ) Doit-on penser que l'homme n'est absolument pas libre, que Dieu a décidé par avance de ce qu'il est et donc de ce qu'il fera ? Ou que seul le destin
ou la fortune régit l'existence humaine ? Chez les grecs, l'homme est capable de dompter la fortune, de la maîtriser.
Dans la religion, l'homme garde
une part de liberté malgré l'omnipotence divine.
Il peut, par ses actions, assurer lui-même son salut.
Bien que l'homme ne soit pas absolument maître
de son existence, il peut prétendre, par ses actions, modifier ce qui a été « tracé » pour lui.
B) Chez Platon, la justice est ordre.
Chacun a sa place et se doit d'y rester.
Pour Platon, et pour tous les systèmes hiérarchiques et aristocratiques ou
systèmes de castes, la naissance définit l'homme ; son essence précède son existence.
L'homme doit donc faire avec ce qu'il a ; or il ne décide pas
de son « capital de départ ».
Dans ces systèmes, mon existence dépend plutôt de ma naissance que de mes choix d'homme libre.
II) Ce que je fais de mon existence est-il toujours ce que je veux en faire ?
A)
Il arrive que je fasse ou dise des choses sans le vouloir ; avec Freud et la découverte de l'inconscient, la possibilité de la liberté humaine a été une
nouvelle fois remise en cause.
En effet, l'homme n'est pas tout à fait maître de ses actions, de ses paroles et
mêmes de ses pensées.
Il a perdu toute transparence pour lui-même ; une part de lui-même lui échappe, une part
qu'il ne peut pas maîtriser.
Dans ce cas, ce que je fais (même si je ne le veux pas) définit mon existence.
En
clinicien qui se désintéressait de la philosophie, Freud a observé que les comportements humains ne répondaient
pas à de strictes lois rationnelles, et que, bien au contraire, le psychisme humain était dans son essentielle
réalité inconscient.
La plus grande partie de nos sentiments, affects, pensées, mais aussi actes, gestes et
comportements répondent à des motifs qui échappent à notre conscience.
L'inconscient est doté de ses forces
propres, de sa propre dynamique et de ses propres intérêts, qui n'ont rien de rationnel.
Soumis au principe de
plaisir, l'inconscient recherche une satisfaction au mépris de la réalité, des ordres, des règles et des lois qui
gouvernent la rationalité des rapports humains.
L'inconscient est la manifestation constante d'un irrationnel qui
n'a de cesse de se jouer de notre volonté et de notre maîtrise rationnelle et consciente.
B)
A vec la science moderne, l'homme semble de moins en moins maître de ses choix.
Des molécules chimiques le
poussent vers d'autres, c'est ce qu'on appelle l'amour.
Le choix du partenaire n'en est pas un ; tout choix semble
déterminé par des prédispositions physiques ou chimiques.
C)
Toutes les conséquences d'une action ne peuvent pas être prévues.
En effet, il arrive parfois que certaines
conséquences d'une action dépassent toutes mes attentes ou qu'elles soient absolument imprévisibles.
Dans ce
cas encore, ce que je fais n'est pas l'équivalent de ce que je veux, mais définit tout de même mon existence.
III) L'homme est-il responsable de son existence ?
A)
Il semblerait que, si mon existence est ce que j'en fais, alors j'en suis absolument responsable.
Or comment être responsable d'actes manqués ou
de conséquences imprévisibles ? Quelle est ma part de responsabilité dans le fait de naître dans la classe sociale la plus basse d'une société ?
B)
Pour Sartre, l'homme est absolument libre.
La seule chose qu'il ne choisit pas, c'est de naître libre.
Il est projeté dans le monde comme être libre et
a le choix pour condition.
Tout ce qu'il fait est issu de choix et son existence est construite par et à travers eux.
Sartre refuse toute idée d'essence de l'homme qui précéderait son existence.
Son essence se construit petit à
petit, à force d'exister, en fonction de ce qu'il fait de son existence.
L'homme est libre, maître de son existence et
absolument responsable de son existence.
[Sartre, l'Existentialisme est un humanisme].
Une philosophie existentialiste se définit par le fait qu'elle pose l'existence avant l'essence et de la sorte définit la
condition humaine.
Les objets matériels dérivent d'un concept, répondent à une finalité — ce à quoi l'objet va
servir — et à un ensemble de règles techniques.
Pour tout ustensile, l'essence précède l'existence, et son
existence ne vaut que dans la mesure où elle réalise l'essence, c'est-à-dire par rapport à l'idée qui a permis de la
concevoir et de la produire.
Dans la théologie traditionnelle, on voit en Dieu une sorte d'artisan supérieur qui a
créé le monde et les hommes à partir d'une idée, d'un projet.
Lorsque Dieu crée, il sait au préalable ce qu'il crée.
C haque individu réalise un certain concept contenu dans l'entendement divin.
A u xviiie siècle, au concept de Dieu
a succédé le concept de nature humaine, chaque homme étant un exemplaire particulier d'un concept universel :
l'Homme.
Du point de vue de l'idée ou de l'essence, c'est-à-dire dans le fond, tous les hommes sont semblables,
quels que soient leur culture, leur époque ou leur statut social.
Pour l'existentialisme athée tel que l'a pensé
Sartre, Dieu n'existe pas, il n'y a pas d'origine unique au monde, ni de référent suprême.
Il y a un donné d'origine :
la réalité humaine, soit des individus qui d'abord existent avant de se définir par concepts.
On surgit dans le
monde et l'on se pense ensuite.
Si l'homme est a priori indéfinissable, c'est qu'a priori il n'est rien tant qu'il ne
s'est pas fait lui-même par un engagement dans le monde : "L'homme n'est rien d'autre que ce qu'il se fait."
C)
Dire que l'homme est absolument responsable de son existence entraîne donc une responsabilité quand à ses
actes et leurs conséquences.
C ette responsabilité est nécessaire pour le droit pénal, par exemple.
En effet, sans possibilité de responsabilité, à quoi
bon punir et amender l'auteur involontaire d'actes illégaux ? En revanche, la notion de « circonstances atténuantes » prouvent que l'on admet que
l'homme ne soit pas totalement maître de ses actes et que certains éléments extérieurs peuvent y intervenir..
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