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Mentir par bienveillance peut-il être moral ?

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« Vocabulaire: MENSONGE (n.

m.) 1.

— Assertion qui indique un fait auquel le locuteur ne croit pas, ou exprime une opinion qui n'est pas la sienne ; par ext., assertion contraire à la vérité.

2.

— Menteur (paradoxe du ) : argument sceptique contre la raison et paradoxe logique (auquel la théorie des types donne une solution) : Épiménide le Crétois dit que les Crétois sont menteurs, donc il ment, mais alors les Crétois ne sont pas menteurs, donc il ne ment pas, mais alors il ment, etc. Ne jamais mentir Si quelqu'un se réfugie chez vous et que vous puissiez par un mensonge lui éviter la mort, ne mentiriez-vous pas? Saint Augustin répond que non : « La bouche qui ment tue l'âme.

» Il faut préférer notre âme non seulement à la vie du prochain mais à notre propre vie.

L'obligation de ne jamais mentir est absolue, mais il est possible de cacher le vrai en se taisant.

Le silence étant un aveu implicite, la seule solution, en pareil cas, pour sauver autrui sans se perdre est de dire : « Je sais où il est, mais je ne vous le dirai pas.

» Il y a pourtant des cas où mentir semble être un devoir Kant envisage le même cas niais durcit le scénario.

Supposons que des assassins me demandent si mon ami qu'ils poursuivent n'est pas réfugié dans ma maison et que je ne puisse éviter de répondre par oui ou non.

Dois-je me soumettre inconditionnellement au devoir que j'ai de dire ce que je crois être vrai ? Ce cas semble ruiner toute prétention à poser des principes supposés valoir toujours et partout. Au « rigorisme » kantien s'opposerait l'impossibilité d'ériger le devoir de véracité en principe inconditionné, sous peine de favoriser les assassins.

N'avons-nous pas, en pareil cas, un « devoir de mentir » ? Mentir par bienveillance peut-il être moral ? Le mensonge nuit à l'humanité en général Peut-on mentir par humanité ? Kant répond que la véracité dans les déclarations qu'on ne peut éviter est un devoir formel de l'homme à l'égard de chacun, quelle que soit l'importance du dommage qui peut en résulter, pour lui ou pour un autre.

L'homme qui ment fait en sorte qu'aucune déclaration n'ait de crédit.

Ainsi il porte atteinte à la finalité interne de communicabilité et fait perdre leur force à tous les droits, fondés sur des contrats.

Même si le mensonge ne nuit pas à un homme particulier, il nuit à l'humanité en général. Fais ce que tu dois À quoi il faut ajouter qu'on ne peut jamais prévoir les conséquences de ses actes.

Supposons, par exemple, que mon ami, voyant les assassins diriger leurs pas vers la maison, décide de s'enfuir à mon insu.

En affirmant qu'il est sorti alors que je le crois à l'intérieur de la maison, j'exprime le contraire de ce que je pense, mais je dis la vérité, ce qui est.

Mon mensonge « bienveillant » peut ainsi mettre les assassins sur les traces de mon ami et être cause de sa mort.

Certes, en m'en tenant au devoir de véracité, je peux aussi être la cause de sa mort.

Mais suis-je vraiment responsable ? Le meurtre de cet homme n'est-il pas la faute des meurtriers ? La morale du devoir ordonne simplement : fais ce que tu dois, et, de son point de vue, on doit faire son devoir sans se préoccuper de ce que les autres sont susceptibles de faire. Que le mal puisse résulter du bien n'est pas notre affaire. En aucun cas le mensonge ne peut avoir une valeur morale On peut admettre qu'en certains cas nous pouvons être forcés de mentir.

Mais faut-il pour autant accorder une valeur morale à un tel acte ? Autrement dit, peut-on affirmer qu'il peut être moral de mentir? Je peux mentir par pragmatisme, mais n'aurais-je pas, en pareil cas, conscience d'avoir transgressé la loi morale ? Car, au fond, ne faut-il pas reconnaître, avec Kant, que toute morale qui prétend justifier les moyens au nom des fins, en vient à anéantir ce qui, dans ces fins, peut justifier les moyens ? Le devoir reste le devoir.. »

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