Matière et esprit constituent-ils une ou deux réalités ?
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Introduction :
Bien définir les termes du sujet :
- « Matière » : substance de tous les corps, composé de molécules… C'est ce qui peut être perçu dans l'espace, ce
qui a une étendue, et une masse.
On l'oppose souvent à l'esprit ou à l'âme.
C'est ce qui est inerte.
- « Esprit » : principe de la pensée et de la réflexion humaine, que l'on associe parfois à l'âme ou à la conscience,
mais que l'on oppose à la matière.
On peut étendre la définition en disant que l'esprit est ce qui donne le
mouvement.
(cf.
Aristote).
Ne semble pas pouvoir exister désincarné.
- « Réalités » : le terme étant au pluriel, cela signifie qu'il ne s'agit pas du réel dans son ensemble, celui qui s'impose
aux sens, mais d'entités spécifiques.
Les réalités sont des choses réelles particulières, des faits réels, c'est ce dont
est composé le monde.
Construction de la problématique :
Le sujet invite plutôt à examiner si le monde, la réalité dans son ensemble peut être divisée en deux
catégories distinctes, d'un côté les choses matérielles, de l'autre, le spirituel.
Autrement dit, c'est la question de la
possibilité du dualisme qui se pose ici.
Les choses seraient simples si on observait effectivement dans le monde d'un
côté la matière, et de l'autre l'esprit.
Mais ce n'est pas le cas, et les deux entités souvent se confondent.
Ainsi, le
vivant est à la fois matière (chair, substance perceptible) et esprit (contrairement à la pierre qui n'est que matière,
il est doué de mouvement, voire de pensée)
è Se pose donc la question de savoir s'il est possible et légitime de scinder le monde dans son ensemble, de
distinguer d'un côté la matière, et de l'autre l'esprit –c'est la possibilité du dualisme – et ce que cela nous apprend
de le faire.
Plan :
I/ La matière et l'esprit, deux réalités avec leurs caractéristiques spécifiques :
Si l'on prend pour sujet d'étude l'homme, il nous semble évident qu'en plus de posséder un corps, il possède
une force interne qui non seulement lui permet de faire mouvoir ce corps, mais aussi de prendre des décisions et
d'agir en toute connaissance de causes.
Et cette force interne ne semble pas être réductible à la matière.
● C'est ce qu'explique Descartes dans les Méditations métaphysiques, où il distingue deux ordres de choses
« il y a une grande différence entre l'esprit et le corps », différence qui tient
à la nature des entités.
Le corps est la matière, divisible, étendu, elle ne
pense pas, et l'âme est indivisible, immatérielle, et sa nature est de penser.
Ces deux réalités sont tellement distinctes pour Descartes, qu'il est possible
de penser l'une sans l'autre.
Ainsi, à travers l'expérience du doute dans les
Méditations II, il parvient à nier l'existence du corps et de la matière en
général pour n'admettre que celle de l'esprit.
Si l'esprit peut exister sans la
matière, c'est bien parce que matière et esprit sont deux entités différentes.
Ainsi, à cause que nos sens nous trompent quelquefois, je voulus
supposer qu'il n'y avait aucune chose qui fût telle qu'ils nous la font
imaginer ; et pour ce qu'il y a des hommes qui se méprennent en
raisonnant, même touchant les plus simples matières de géométrie, et
y font des paralogismes, jugeant que j'étais sujet à faillir autant
qu'aucun autre, je rejetai comme fausses toutes les raisons que j'avais
prises auparavant pour démonstrations ; et enfin considérant que
toutes les mêmes pensées que nous avons, étant éveillés, nous
peuvent aussi venir quand nous dormons sans qu'il y en ait aucune
pour lors qui soit vraie, je me résolus de feindre que toutes les choses
qui m'étaient jamais entrées en l'esprit n'étaient non plus vraies que
les illusions de mes songes.
Mais aussitôt après je pris garde que,
pendant que je voulais ainsi penser que tout était faux, il fallait
nécessairement que moi qui le pensais fusse quelque chose ; et remarquant que cette vérité : je pense,
donc je suis, était si ferme et si assurée que toutes les plus extravagantes suppositions des Sceptiques
n'étaient pas capables de l'ébranler, je jugeais que je pouvais la recevoir sans scrupule pour le premier
principe de la Philosophie que je cherchais.
Puis examinant avec attention ce que j'étais, et voyant que je pouvais feindre que je n'avais aucun corps,
et qu'il n'y avait aucun monde ni aucun lieu où je fusse ; mais que je ne pouvais pas feindre pour cela que
je n'étais point ; et qu'au contraire de cela même que je pensais à douter de la vérité des autres choses il
suivait très évidemment et très certainement que j'étais ; au lieu que si j'eusse seulement cessé de
penser, encore que tout le reste de ce que j'avais jamais imaginé eût été vrai, je n'avais aucune raison de
croire que j'eusse été, je connus de là que j'étais une substance dont toute l'essence ou la nature n'est
que de penser, et qui pour être n'a besoin d'aucun lieu ni ne dépend d'aucune chose matérielle, en sorte
que ce moi, c'est-à-dire l'âme par laquelle je suis ce que je suis, est entièrement distincte du corps, et.
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