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Machiavel: La vertu du prince

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« 1.

La virtù La virtù ne désigne pas une vertu morale, mais une qualité qui implique à la fois l'audace, le courage, la force et la sagesse.

La fortune sourit aux audacieux : l'habileté du prince doit lui permettre de maîtriser le hasard et de saisir l'occasion.

Il est un homme d'action, qui règle sa conduite sur le temps et déjoue les pièges de la fortune.

Il est un héros qui recherche la gloire et non la perfection morale ; l'homme de bien serait incapable de se maintenir au pouvoir. 2.

La connaissance de l'histoire L'art de l'action s'éclaire par la connaissance de l'histoire car les hommes ne changent pas.

La réflexion de Machiavel ne propose pas un modèle de ce qui doit être fait.

Elle s'appuie sur l'expérience et des exemples historiques, et s'efforce de dégager des règles pour l'action.

La pensée de Machiavel rompt ainsi avec l'utopie. 1) La virtù. La « virtù » est la vertu politique qui se distingue de toute vertu morale.

Il n’y aurait pas de catégories générales de l’action, données une fois pour toutes, à la manière positivistes. a) La « virtù » (d’un Prince, d’un groupe, d’une nation) est inséparable de ce que Machiavel nomme la « fortuna », les circonstances (hasard, occasion et nécessité) au sein desquelles elle doit opérer. b) Loin que la fortuna soit une situation évidente, aisément reconnaissable par tous, c’est la « virtù » elle-même qui la révèle véritablement.

Les grands hommes politiques, les « virtuosi » créent paradoxalement la situation : « Sans leur vertu, l’occasion ne serait présentée en vain » ; « c’est l’excellence de leur vertu qui a fait que cette occasion a été connue.

» c) Contrairement à toute la démarche de l’Antiquité qui trace habituellement à part les domaines de la vertu et de la fortune, Machiavel montre que les frontières s’en modifient à mesure que l’on a plus de « virtù ».

La « fortuna » ne fait jamais de si brillante « démonstration de sa puissance que là où aucune « virtù » ne s’est préparée à lui résister.

» A la limite, « L’homme n’a d’adversaire que lui-même, la fortune n’est rien d’autre que la non-vitù.

» (Lefort). d) La « virtù » est ordonnée à une seule fin qui est politique : le bien commun, stable.

Ses moyens sont fonction de cette fin, non de valeurs (religieuses, morales, pragmatiques…) fixes et surtout préétablies.

Ni morale, ni antimorale d’ailleurs, la « virtù » est « la conscience originelle de la loi » en deçà de toutes les lois qui en résultent ; la « virtù » se fait « règle de l’usage » de la vertu et du vice, entendus moralement. e) Cette « virtù » doit être changeante.

Non pas opportuniste puisque sa fin ne change pas.

Comme la « fortuna » a ses variations (« la nature est femme »), la « virtù » doit se métamorphoser pour maintenir son identité : « Si tu savais changer de nature avec le temps et les choses, ta fortune ne changerait pas ! ». Comme le profit, le pouvoir est « à prendre ».

Rien n’y prédestine, rien ne le procure que la volonté de le posséder. La différence entre celui qui exerce le pouvoir et celui qui en est privé réside dans le fait que l’un a osé et l’autre non. Si nulle science des choses, ni l’histoire, ni la géographie, ni l’économie ne peuvent révéler une loi de la dévolution du pouvoir politique, c’est la volonté de l’homme qui en reste la source.

Cette volonté nue de régner coupée de tout système représentatif a reçu le nom de « virtù » : « … les désirs de l’homme sont insatiables : il est dans sa nature de vouloir et de pouvoir tout désirer, il n’est pas à sa portée de tout acquérir.

» (« Tite-Live », II, avant-propos) ou encore : « Le désir de régner est si puissant qu’il envahit le cœur de ceux-là même qui n’ont aucune chance d’accéder au pouvoir.

» Il n’y a pas d’enquêtes psychologique qui permette de comprendre l’apparition de la volonté ; inconditionnée, première, elle se trouve séparée de la « constitution naturelle » des hommes.

« Deux choses s’opposent à ce que nous puissions changer : d’abord nous ne pouvons pas résister au penchant de notre nature ; ensuite, un homme à qui une façon d’agir a toujours parfaitement réussi n’admettra jamais qu’il doit agir autrement.

C’est là que viennent pour nous les inégalités de la fortune : les temps changent, et nous ne voulons pas changer.

De là vient aussi la chute des cités, parce que les républiques ne changent pas dans leurs institutions avec le temps.

» ( «Tite-Live », III, 9). Il n’y a pas de traits psychologiques donnés que posséderait en propre l’homme politique « prédestiné », car la politique n’est pas affaire de psychologie.

Elle est affaire de « virtù », concept qu’on atteint lorsqu’on a évacué tout ce qu’elle n’est pas, un peu comme on arrive au concept d’inconditionné lorsqu’on a évacué toutes les conditions.

La « virtù » comme la volonté kantienne, ne recouvre rien pour l’intelligence: elle est non-lieu de la raison spéculative.

Elle est ce qui reste et qui pourtant change tout.

Pour l’intelligence, la « virtù » est une déroute.

Elle apparaît dans l’espace où l’intelligence est contrariée, comme la fortune au même niveau qu’elle. 2) La fortuna.. »

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