MACHIAVEL: AMOUR ET HAINE
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«
Thème 236
Machiavel, Mieux vaut être craint qu'être aimé
PRESENTATION DU "PRINCE" DE MACHIAVEL
Machiavel (1469-1527) est conseillé politique de la ville de Florence, à
une époque où elle est menacée par des crises intérieures, mais aussi
par les royaumes voisins.
Ces derniers n'hésitent pas à s'allier à la
France et à l'Espagne pour affronter Florence, se pliant ainsi à la
convoitise des deux grandes puissances étrangères.
C'est pour éviter ce
genre de crise et d'assujettissement que Machiavel écrit Le Prince qui
soulève quelques paradoxes : dédicacé à Laurent de Médicis, il donne au
prince des conseils des plus cyniques pour régner ; mais, en même
temps, il dévoile au peuple les ficelles du pouvoir.
On est donc à la fois
dans la représentation et dans les coulisses du pouvoir.
Citation
«Il est beaucoup plus sûr de se faire craindre qu'aimer, s'il faut qu'il y ait
seulement l'un des deux.
[...] Les hommes hésitent moins à nuire à un
homme qui se fait aimer qu'à un autre qui se fait redouter; car l'amour se
maintient par un lien d'obligations lequel, parce que les hommes sont
méchants, là où l'occasion s'offrira de profit particulier, il est rompu;
mais la crainte se maintient par une peur de châtiment qui ne te quitte jamais».
(Le Prince, 1532, chap.
17.)
En 1513, Machiavel, diplomate originaire de Florence, achève la rédaction du « Prince ».
Suite à un
bouleversement politique à Florence, il avait été contraint d'abandonner ses fonctions et de se retirer.
Il profita
de cet exil pour rédiger une sorte de traité expliquant à un chef politique la façon de sauvegarder son pouvoir
et même d'accéder à la gloire.
L'idée d'un tel ouvrage, constitué par des conseils adressés à un prince, n'était pas neuve en ellemême.
Il existait déjà de nombreux « miroirs des princes » et Machiavel s'insère donc dans une tradition.
Mais
il rompit avec l'usage et provoqua le scandale par la manière dont il aborda le problème.
On vit en lui une
nouvelle incarnation de Satan et, aujourd'hui encore, quelques commentateurs continuent de le considérer
comme un « apôtre du mal ».
Le discours humaniste du temps, que récuse Machiavel, s'inspirait des moralistes latins et notamment
de Cicéron.
Pour ce dernier et ceux qui se rattachaient à sa pensée au XV ième, la gloire du chef reposait sur
une bonne gestion allant de pair avec une conduite vertueuse, cad conforme aux exigences de la morale.
Machiavel s'inscrit en faux contre cette thèse.
Le souci premier du Prince doit être de conserver son pouvoir et même de l'accroître
à l'occasion.
Si les hommes étaient bons, il pourrait le faire sans jamais s'écarter des grands principes moraux universellement admis.
Mais
les hommes sont pour la plupart méchants quand on ne les force pas à être bons.
En conséquence, le Prince sera vertueux, au sens courant
du terme, si le contexte le permet, et il ne le sera pas si la situation le lui impose.
En cas de nécessité, il pourra faire des entorses aux grands
principes.
Il lui sera loisible d'agir contre la parole donnée, contre la charité, contre l'humanité (le respect de l'homme) et même contre la
religion.
La fin justifie les moyens.
Cette idée est exprimée en plusieurs endroits du « Prince » et de « Discours sur la première décade
de Tite-Live », et, en particulier, dans le chapitre XV du « Prince » : «Car qui veut entièrement faire
profession d'homme de bien, il ne peut éviter sa perte parmi tant d'autres qui ne sont pas bons.
Aussi est-il
nécessaire au Prince qui se veut conserver qu'il apprenne à pouvoir n'être pas bon, et d'en user ou n'user pas
selon la nécessité.
».
Après avoir, dans les premières pages du « Prince », envisagé les différentes formes de gouvernement,
Machiavel décide de centrer son propos sur la situation qui peut paraître la plus précaire, celle d'un prince
nouveau et qui a été mis en place par une armée étrangère.
Quels principes doit mettre en œuvre ce prince
pour se conserver et pour conserver son pouvoir ? Le « Prince » tout entier se propose de répondre à cette
question.
Machiavel pense que l'on peut tirer des leçons de l'histoire.
En étudiant le comportement des grands hommes, en analysant les
causes de leurs échecs ou de leurs succès, il est possible de dégager les principes sur lesquels pourra se fonder une action politique.
Sa
conclusion est claire : on ne fait pas de bonne politique avec de bons sentiments.
Il n'est pas important pour le « Prince » d'être bon ou de ne pas l'être.
Celui-ci doit avoir la ruse du
renard « pour connaître les filets » et la force du lion « pour faire peur aux loups ».
L'exemple à suivre est celui.
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