Ma liberté dépend-t-elle d'autrui ?
Extrait du document
«
VOCABULAIRE:
AUTRE / AUTRUI : 1) Comme Adjectif, différent, dissemblable.
2) comme Nom, toute conscience qui n'est pas
moi.
3) Autrui: Tout homme par rapport à moi, alter ego: "Autrui, c'est l'autre, c'est-à-dire ce moi (ego) qui n'est
pas moi (alter)." (Sartre).
Les autres hommes, mon prochain.
C'est à la fois l'autre et le même (mon semblable, un
moi autre, une personne).
LIBERTÉ:
Ce mot, en philosophie a trois sens :
1° Libre arbitre.
Pouvoir mystérieux de choisir entre les motifs qui me sollicitent sans être déterminé par aucun
d'eux.
2° Liberté de spontanéité.
S'oppose non plus au déterminisme mais à la contrainte : état de celui qui agit sans être
contraint par une force extérieure.
3° Liberté du sage.
État de celui qui est délivré des passions et agit à la lumière de la raison.
Difficile coexistence des libertés
"La liberté consiste à pouvoir faire tout ce qui ne nuit pas à autrui" est-il écrit dans la "Déclaration universelle des
droits de l'homme" de 1789.
Ce qui signifie que seule la liberté doit arrêter la liberté.
Ce n'est qu'au nom de la liberté
qu'il est admissible, légitime et nécessaire de poser des limites à la liberté.
Cette limitation mutuelle des libertés se
base sur un principe de tolérance réciproque.
Pourtant cette conception se fonde sur des présupposés clairement pessimistes puisque ici les libertés paraissent
potentiellement liberticides et s'excluant l'une l'autre.
Trop de liberté tue la liberté.
Il est possible d'être trop libre et
de ce fait d'user et d'abuser de sa liberté contre et envers autrui.
Il existe donc un mauvais usage de la liberté qu'il convient de contenir dans et par la loi.
De plus, si la liberté des uns est arrêtée par celle des autres, on risque de tomber dans un rapport de force de
maîtrise et de servitude (Cf.
la dialectique du maître et de l'esclave chez Hegel).
Ainsi ma liberté sera d'autant plus
menacée et limitée que l'autre parviendra à faire prévaloir la sienne.
La liberté risque alors d'être réduite à être
l'expression d'un certain rapport de force.
L'enfer c'est les autres
1.
« L'enfer c'est les autres »
Cette célèbre formule de Huis clos est présentée de façon plus théorique
dans L'Être et le Néant.
Les autres existent autour de moi et viennent
remettre en cause la liberté de ma conscience.
Et si autrui est un objet pour
moi, je suis moi-même un objet pour autrui : autrui me chosifie par son
regard, il me « vole le monde », ce monde dont je croyais être jusqu'à présent
le centre.
Le conflit est ainsi le mode premier du rapport à autrui, mais
également l'essence des relations entre les consciences : dans l'amour, par
exemple, une conscience demande à l'autre sa liberté.
2.
La remise en question du sens
Cependant, la notion de groupe permet de penser des formes d'actions
collectives dans l'histoire.
Sartre oppose l'unité apparente de la « série » (une
file d'attente, par exemple, qui rassemble des individus qui sont tous là pour
des besoins différents) à celle du groupe, unité réelle d'individus participant à
une action commune.
Cette nouvelle relation à autrui permet de comprendre
l'histoire comme action de la liberté humaine.
Ma chute originelle, c'est l'existence de l'autre...
Sur la question d'autrui, Sartre souligne que seul Hegel s'est vraiment
intéressé à l'Autre, en tant qu'il est celui par lequel ma conscience devient
conscience de soi.
Son mérite est d'avoir montré que, dans mon être essentiel, je dépends d'autrui.
Autrement dit,
loin que l'on doive opposer mon être pour moi-même à mon être pour autrui, « l'être-pour-autrui apparaît comme une
condition nécessaire de mon être pour moi-même » : « L'intuition géniale de Hegel est de me faire dépendre de
l'autre en mon être.
Je suis, dit-il, un être pour soi qui n'est pour soi que par un autre.
»
Mais Hegel n'a réussi que sur le plan de la connaissance : « Le grand ressort de la lutte des consciences, c'est
l'effort de chacune pour transformer sa certitude de soi en vérité.
» Il reste donc à passer au niveau de l'existence
effective et concrète d'autrui.
Aussi Sartre récupère-t-il le sens hégélien de la dialectique du maître et de l'esclave,
mais en l'appliquant à des rapports concrets d'existence : regard, amour, désir, sexualité, caresse.
L'autre
différence, c'est que si, pour Hegel, le conflit n'est qu'un moment, Sartre semble y voir le fondement constitutif de
la relation à autrui.
On connaît la formule fameuse : « L'enfer, c'est les autres ».
Ce thème est développé sur un
plan plus philosophique dans « L'être & le néant ».
Parodiant la sentence biblique et reprenant l'idée hégélienne selon
laquelle « chaque conscience poursuit la mort de l'autre ».
Sartre y affirme : « S'il y a un Autre, quel qu'il soit, quels
que soient ses rapports avec moi, sans même qu'il agisse autrement sur moi que par le pur surgissement de son.
»
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