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L'usage de notre raison nous rend-il libre ?

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« Introduction -La raison est la faculté qui permet notamment de lier entre eux deux faits données, au sein d'un même enchaînement causal.

La raison est donc la faculté qui permet de rendre compte de la nécessité et du déterminisme des faits naturels. -La liberté, à l'inverse, c'est la sensation d'être tout à fait indépendant par rapport à un quelconque déterminisme extérieur.

Etre libre, c'est se sentir indépendant de toute relation, c'est sentir l'absoluité de notre volonté. -Ainsi, la raison et la liberté semblent en tout point opposées ; or, la liberté ne pourrait-elle pas trouver dans la raison, c'est-à-dire dans la forme même de la rationalité, son fondement ultime ? Ou bien, à l'inverse, la liberté n'est-elle qu'un leurre dont le rôle précis de la raison serait de nous en préserver ? I.

La condition d'un usage méthodique de la rationalité, c'est la possibilité d'une liberté absolue (Descartes). -A travers le doute méthodique, il s'agit de parvenir à une vérité absolument première, indéracinable.

Cette vérité, c'est que je ne peux pas douter que je doute, donc que je suis dans mon activité même de penser.

Or, cette vérité n'a été possible qu'à partir du doute, qui procède d'une liberté absolue, celle de se déprendre de toute opinion jusqu'ici acceptée comme vraie.

Avoir une certitude n'est donc originairement possible qu'à partir de la liberté.

Plus précisément, la liberté constitue la condition absolue à partir de laquelle seulement la raison va pouvoir opérer son cheminement propre à partir des vérités les plus simples et les plus évidentes vers celles plus complexes et moins évidentes. -Descartes développe également une théorie de la décision, dans les Méditations métaphysiques, selon laquelle l'homme, contrairement à l'âne de Buridan, peut choisir entre deux options également possibles, même si aucune raison ne pousse à choisir l'une plutôt que l'autre.

Cette "liberté d'indifférence" permet à l'homme d'éprouver positivement en lui sa liberté absolue de choix, indépendamment de toute causalité donnée.

Ainsi, la liberté, non seulement constitue la condition sine qua none de la bonne tenue méthodique de la rationalité, mais encore se révèle toute à fait indépendante de la rationalité elle-même : il n'y a donc aucune symétrie entre la raison et la liberté, en ce sens que la liberté ne procède en rien de la raison. « L'indifférence me semble signifier proprement l'état dans lequel se trouve la volonté lorsqu'elle n'est pas poussée d'un côté plutôt que de l'autre par la perception du vrai ou du bien ; et c'est en ce sens que je l'ai prise lorsque j'ai écrit que le plus bas degré de la liberté est celui ou nous nous déterminons aux choses pour lesquelles nous sommes indifférents./ Mais peut-être d'autres entendent-ils par indifférence la faculté positive de se déterminer pour l'un ou l'autre de deux contraires, c'est-à-dire de poursuivre ou de fuir, d'affirmer ou de nier. Cette faculté positive, je n'ai pas nié qu'elle fût dans la volonté.

Bien plus, j'estime qu'elle s'y trouve, non seulement dans ces actes où elle n'est poussée par aucune raison évidente d'un côté plutôt que de l'autre, mais aussi dans tous les autres /; à tel point que, lorsqu'une raison très évidente nous porte d'un côté, bien que, moralement parlant, nous ne puissions guère choisir le parti contraire, absolument parlant, néanmoins, nous le pouvons.

Car il nous est toujours possible de nous retenir de poursuivre un bien clairement connu ou d'admettre une vérité évidente, pourvu que nous pensions que c'est un bien d'affirmer par là notre libre arbitre.

» DESCARTES, Lettre à Mesland du 9 février 1645. INTRODUCTION Le thème de ce texte est la liberté d'indifférence.

Cette expression fait difficulté dans la mesure où l'indifférence serait cet état où nous ne sommes déterminés par rien.

Cette absence de détermination serait la liberté d'indifférence.

Or loin d'être la condition suprême de notre autonomie elle est bien plutôt la source de notre indétermination.

Descartes ne contredit pas cette acception de la liberté d'indifférence, qui la rapproche de l'absence de détermination, mais il introduit un deuxième sens censé réhabiliter la liberté d'indifférence ; celle-ci se trouve alors élevée au rang de « faculté positive ».

L'indifférence dans ce deuxième sens n'exprime pas l'absence d'influence extérieure, de raisons, mais la possibilité pour l'homme de se déterminer par lui-même.

Le problème consiste alors à expliquer comment la liberté d'indifférence peut être à la fois comprise comme absence de détermination et comme faculté d'autodétermination. PLAN DETAILLE Première partie : Le plus bas degré de la liberté.. »

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