Lorsque je dis : « j'ai raison », mon interlocuteur n’a t-il plus qu'à se taire ?
Extrait du document
«
Analyse du sujet :
Le sujet nous pose une question fermée, à laquelle il s'agira de répondre par « oui » ou « non » en conclusion.
Il nous place dans une situation courante – la discussion – plus précisément, à un moment particulier de celleci : l'affirmation du « j'ai raison » qui met en jeu la possibilité de poursuivre la discussion.
Demandons-nous ce qui peut marquer le point d'arrêt d'une discussion, c'est-à-dire, dans quelle condition « on
n'a plus qu'à se taire ».
Il semble qu'il faille distinguer trois cas :
Premièrement, l'impossibilité de poursuivre.
Dans ce cas, il faudra déterminer ce qui rend impossible la
poursuite, c'est-à-dire la raison de l'impossibilité.
Deuxièmement, l'inutilité de poursuivre, qui peut être du, par exemple au caractère stérile de la
discussion.
Troisièmement, la non nécessité de poursuivre, puisque l'objectif de la discussion est atteint.
Dans ces trois cas, la discussion semble être dévouée à un but.
Si une situation dans laquelle il n'y a plus qu'à
se taire peut se présenter, c'est bien qu'on ne parle pas pour ne rien dire mais en vue de quelque chose.
« J'ai raison », affirmé par un interlocuteur, signifie « ce que j'affirme constitue une vérité ».
L'interlocuteur ne
se tait alors que s'il reconnaît qu'il s'agit bien là d'une vérité et non d'une simple opinion.
Il doit donc y avoir un
point d'accord minimal entre les interlocuteurs concernant ce qui fonde la vérité comme telle.
Problématisation :
Le premier problème que nous rencontrons est le suivant : comment une subjectivité peut-elle légitimement affirmer
« j'ai raison » ?
I – Une subjectivité peut-elle dire le vrai ?
Si une subjectivité peut dire le vrai, force est de constater que jamais les discussions ne se sont arrêtées : l'histoire
des sciences et de la philosophie en témoigne.
II – Dire le vrai implique t-il la fin du dialogue ?
Proposition de plan :
I – Une subjectivité peut-elle dire le vrai ?
Dans le dialogue Ménon, Platon distingue l'opinion de l'opinion droite et de la
connaissance.
L'opinion peut se formuler sous la forme du « je pense que » et n'affirme
pas nécessairement une vérité, bien que celui qui l'affirme puisse penser que son
affirmation est vraie.
Aucune certitude ne permet de fonder la vérité de l'affirmation.
L'opinion droite est de même nature que l'opinion, mais, de plus, tombe juste : il y a
coïncidence entre ce qui est affirmé et la vérité.
Cependant, dans ce second cas, rien
ne permet de fonder la vérité de l'affirmation en elle-même.
Cette vérité ne peut
qu'apparaître une fois qu'on a constaté la coïncidence.
Platon prend à ce sujet l'exemple
d'un homme qui prétend connaître la route qui mène à Larisse sans pourtant y être allé.
Son opinion est droite parce que la route mène effectivement à Larisse, ceci par pure
coïncidence.
C'est peut-être simplement la comparaison de l'opinion avec la science qui dévalorise
l'opinion.
Qu'est ce qui donc peut donner de la valeur à une opinion ? Il faut penser ici à
Platon, à la thématique de l'opinion droite.
Selon Platon donc, ce qui pourrait donner de
la valeur à une opinion serait le fait qu'elle soit « une opinion droite », c'est sa rectitude, sa correspondance à
plusieurs éléments de la réalité.
Cependant une opinion même droite, selon Platon, ne pense pas, car elle est
immédiate et traduit donc un besoin de connaissance.
Ce qui peut la justifier c'est l'acte penser.
Platon, La
République, la caverne, 507c et 522 b.
La connaissance enfin, suppose selon Platon que l'on ai une bonne raison.
Il faut donc, pour pouvoir affirmer quelque
chose qui ne soit pas seulement une opinion mais une vérité, pouvoir en donner la raison.
Il apparaît dans la perspective platonicienne un ordre de la vérité auquel on peut se frayer un accès en « donnant la
raison ».
Une subjectivité peut donc dire le vrai, pour autant que « j'ai raison » signifie : « je suis capable de te
fournir la raison de ce que j'avance »..
»
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