L'ordre des choses dépend-il d'une volonté divine ?
Extrait du document
«
[L'ordre des choses, dans sa complexité et sa perfection, ne peut pas s'expliquer autrement que par
l'intervention d'une volonté divine.
Le monde n'est pas né de rien.
Son infinité, sa complexité et sa perfection
ne peuvent qu'être le résultat d'une volonté supérieure.
L'ordre des choses a donc bien une origine
divine.]
Rien ne peut surgir du néant
Du rien, on ne peut pas extraire la matière qui constitue le monde lui-même.
Ou bien alors, ce serait croire en
une sorte de génération spontanée, laquelle n'explique rien.
On peut certes supposer que le néant contient les
éléments premiers nécessaires à la constitution des choses.
Mais alors, on ne peut plus parler de néant...
Seule la toute-puissance divine peut faire surgir l'univers du néant
Pour un bon nombre de philosophes (Saint-Augustin, mais aussi Descartes, Malebranche, Spinoza...), c'est
l'infinie puissance de Dieu, lequel est cause de lui-même (causa sui), qui explique que du néant soit né
l'univers.
Le néant est l'opposé de Dieu, qui est la plénitude absolue.
Dieu est partout, n'occupe aucun lieu.
Deus sive nature dira Spinoza, Dieu, c'est la nature.
Il est la raison universelle, l'auteur du mouvement et de
l'ordre du monde.
SUPPLEMENT: DEUS SIVE NATURA (SPINOZA)
Affirmation majeure du système spinoziste, la formule a nourri les accusations d'athéisme et de panthéisme.
Dieu est l'unique substance*, infinie et éternelle, aussi « tout est en Dieu » et procède de son essence.
Cette
définition ruine les bases d'un Dieu personnel et transcendant, conception répandue qui ne serait selon l'auteur
qu'une projection anthropomorphique issue de l'imagination.
Du même coup, c'est toute la pensée de la nature
en terme de création divine qui est récusée : Dieu est cause immanente de tout ce qui est, il ne saurait régir la
nature par les décrets de sa volonté.
Sa perfection s'exprime dans l'enchaînement nécessaire des causes et
des effets dans la nature, qui n'est le terrain d'aucune intention et ne peut donc être saisie en termes de
causes finales.
L'ordre des choses échappe à la raison humaine
Malgré le progrès des connaissances, il reste des questions qui, depuis que l'homme pense, restent sans
réponse.
Pourtant, l'homme sent bien qu'un ordre préside à l'organisation de la matière, du monde vivant.
Cet
ordre, nécessairement postulé, est la condition de possibilité de toute science et de toute métaphysique.
D'où
lui vient ce sentiment? D'où lui vient également (c'est l'argument de Descartes) le fait qu'il puisse penser l'infini
alors qu'il n'a que l'expérience de ce qui est fini?
L'ordre des choses comme preuve de l'existence de Dieu
La preuve téléologique que Kant nomme « physico-théologique » consiste à assigner Dieu comme cause
suprême de l'ordre du monde.
Avancée par saint Thomas, cette preuve suppose le principe aristotélicien
suivant lequel il est impossible de remonter à l'infini dans une série de causes ordonnées.
Il faut donc s'arrêter
à une première cause qui existe par soi originairement et d'une manière indépendante –cette cause, c'est Dieu.
Cause de toutes les choses du monde, Dieu est aussi sa propre cause.
Dans cette preuve, la voie suivie consiste à partir de l'être donné pour remonter à une cause qui est Dieu.
Mais
jamais, dit Descartes, Thomas n'aurait imaginé la possibilité de rejoindre Dieu à partir du sensible s'il n'avait
déjà eu l'idée de Dieu.
De plus, si l'univers n'est pas fini, mais indéfini ou infini, il n'y a pas de raison d'arrêter la
série des causes.
Enfin, pour Descartes, l'existence de Dieu est plus évidente que celle du monde extérieur.
On
ne saurait donc partir de ce monde pour prouver l'existence de Dieu.
D'autant que la preuve thomiste n'aboutit
qu'à l'existence d'un auteur de l'univers.
La constatation de l'ordre du monde permet tout au plus de conclure à
un « architecte du monde » et non à un être parfait, cad Dieu.
[L'ordre des choses ne dépend nullement de la puissance divine.
Il s'explique entièrement par les.
»
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