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L'opinion et la connaissance affirment-elles le vrai de la même manière ?

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« Discussion : Le paradoxe de l'énoncé tient en ce que deux notions (opinion, connaissance) sont mises en relation avec l'idée de vérité alors que ces notions n'ont pas forcément de rapport privilégié avec elle.

En effet, l'opinion, en ce qu'elle se cantonne le plus souvent aux apparences, à la surface, est messagère d'erreur.

Il n'apparaît donc pas comme une évidence de mettre sur le même plan opinion et connaissance, puisque la connaissance suppose à l'inverse investigation et exigence. Suggestion de plan : Première partie : La connaissance contre l'opinion L'opinion est synonyme de préjugé, d'idée toute faite, elle est colportée par l'échange courant et banal entre les individus.

Elle ne présuppose donc aucune information, aucun savoir véritable, elle ne repose souvent que sur l'habitude, la tradition, voire le vide.

« Le mensonge et la crédulité s'accouplent et engendrent l'Opinion.

» Mélange (1939) Paul, Valéry. L'opinion n'étant le fruit, ni de la réflexion, ni d'une médiation approfondie, elle n'appartient donc pas à la catégorie de la pensée, elle semble bien plus affective que méditative : « Ce n'est pas l'esprit qui fait les opinions, c'est le coeur.

» Essai sur les causes qui peuvent affecter les esprits et les caractères Montesquieu.

En ce sens, elle ne correspond pas à la même démarche de l'esprit humain : « L'opinion pense mal; elle ne pense pas : elle traduit des besoins en connaissances.

En désignant les objets par leur utilité, elle s'interdit de les connaître.

On ne peut rien fonder sur l'opinion : il faut d'abord la détruire.

Elle est le premier obstacle à surmonter.

Il ne suffirait pas, par exemple, de la rectifier sur des points particuliers, en maintenant, comme une sorte de morale provisoire, une connaissance vulgaire provisoire.

L'esprit scientifique nous interdit d'avoir une opinion sur des questions que nous ne comprenons pas, sur des questions que nous ne savons pas formuler clairement.

Avant tout, il faut savoir poser des problèmes.

Et quoiqu'on dise, dans la vie scientifique, les problèmes ne se posent pas d'eux-mêmes.

C'est précisément ce sens du problème qui donne la marque du véritable esprit scientifique.

Pour un esprit scientifique, toute connaissance est une réponse à une question. S'il n'y a pas eu de question, il ne peut y avoir connaissance scientifique.

Rien ne va de soi.

Rien n'est donné.

Tout est construit.

» Ces considérations de Bachelard montrent que l'opinion et la connaissance sont deux mouvements opposés de l'esprit.

La première est l'émanation d'un jugement hâtif et souvent superficiel tandis que la connaissance oblige, par un cheminement assidu et logique, à trouver réponse à une interrogation laissée suspendue.

On pourrait donc considérer que l'opinion est l'antithèse de la connaissance.

La science n'a rien de commun avec l'opinion, l'accord entre la science et l'opinion ne peut porter que sur une question de détail car la science construit une vision du monde totalement fondée sur des principes rationnels.

L'opinion est surgissement spontané d'idée ; elle n'est pas le résultat d'un processus conscient de réflexion.

C'est la conscience spontanée qui a des opinions, seule la conscience réfléchie peut passer de l'opinion à la connaissance. Deuxième partie : La résistance de l'opinion Cependant, la connaissance ne s'impose pas dans son caractère de vérité, elle doit mener un combat constant contre l'opinion qui tend à prévaloir.

« L'opinion s'approprie ce que la connaissance ne peut atteindre pour s'y substituer.

Elle élimine de façon trompeuse le fossé entre le sujet connaissant et la réalité qui lui échappe.

[...] La force de résistance de l'opinion pure et simple s'explique par son fonctionnement psychique.

Elle offre des explications grâce auxquelles on peut organiser sans contradictions la réalité contradictoire, sans faire de grands efforts.

A cela s'ajoute la satisfaction narcissique que procure l'opinion passe-partout, en renforçant ses adeptes dans leur sentiment d'avoir toujours su de quoi il retourne et de faire partie de ceux qui savent.

» Theodor W. Adorno, Modèles critiques.. »

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