L'opinion est-elle un savoir?
Extrait du document
«
Discussion :
Le sujet repose sur une apparente antithèse entre « opinion » qui signifie avis, point de vue et « savoir » qui signifie
connaissance attestée et vérifiée.
Suggestion de plan :
Partie I : L'opinion n'est que superficialité
L'opinion est synonyme de préjugé, d'idée toute faite, elle est colportée par l'échange courant et banal entre les
individus.
Elle ne présuppose donc aucune information, aucun savoir véritable, elle ne repose souvent que sur
l'habitude, la tradition, voire le vide.
« Le mensonge et la crédulité s'accouplent et engendrent l'Opinion.
» Mélange
(1939) Paul, Valéry.
L'opinion n'étant le fruit, ni de la réflexion, ni d'une médiation approfondie, elle n'appartient donc pas à la catégorie
de la pensée, elle semble bien plus affective que méditative : « Ce n'est pas l'esprit qui fait les opinions, c'est le
coeur.
» Essai sur les causes qui peuvent affecter les esprits et les caractères Montesquieu.
En ce sens, elle ne
correspond pas à la même démarche de l'esprit humain : « L'opinion pense mal; elle ne pense pas : elle traduit des
besoins en connaissances.
En désignant les objets par leur utilité, elle s'interdit de les connaître.
On ne peut rien
fonder sur l'opinion : il faut d'abord la détruire.
» Ces considérations de Bachelard montrent que l'opinion et le savoir
sont deux mouvements opposés de l'esprit.
La première est l'émanation d'un jugement hâtif et souvent superficiel
tandis que le savoir oblige, par un cheminement assidu et logique, à trouver réponse à une interrogation laissée
suspendue.
Deuxième partie : L'opinion, un obstacle dans la recherche de la vérité
La tâche du philosophe consiste donc à combattre les erreurs que recèle un jugement hâtif et pourtant souvent très
répandu.
« Il faut appeler philosophes ceux qui s'attachent en tout à l'essence, et non amis de l'opinion.
» La République,
Platon.
Cette attitude est difficile, exigeante, et s'oppose à la paresse de l'esprit ou à la facilité qui vont avec la
diffusion de paroles creuses.
L'âme qui se trouve dans l'ignorance erre.
Errer, cependant, n'est pas faire erreur ; ignorer, ce n'est pas se
tromper.
Seule l'ignorance qui s'ignore elle-même, celle de qui croit savoir, entraîne l'erreur et cause les maux de
l'âme.
S'en délivrer, c'est apprendre à connaître sa propre ignorance : « Savoir qu'on ne sait rien.
»
Cette phrase est attribuée à Socrate par son disciple Platon.
On en trouve la source dans l' « Apologie de
Socrate » qui narre le procès intenté à Socrate par la ville d'Athènes alors que notre homme était âgé de 70 ans.
Dans ce beau texte, Platon fait le récit de la vocation philosophique de son maître et des raisons véritables de son
procès.
On y voit Socrate enquêtant auprès de ses concitoyens pour savoir pourquoi l'oracle de Delphes l'avait
déclaré le plus sage des hommes.
Il s'attire ainsi des inimitiés qui amènent sa condamnation à mort.
Socrate est en quelque sorte le patron des philosophes, au point que l'on appelle « présocratiques » les
penseurs antérieurs, comme si Socrate était l'origine de notre calendrier philosophique, à la façon dont Jésus-Christ
l'est de notre ère.
Or, Socrate, que l'on considère encore aujourd'hui comme « le plus pur penseur de l'Occident »
(Heidegger), est un personnage qui n'a rien écrit, dot toute l'activité s'est concentrée sur le dialogue avec ses
concitoyens.
Les renseignements que nous avons concernant sa vie et sa pensée proviennent donc essentiellement
de ses deux principaux disciples, Xénophon et surtout Platon.
La déclaration de Socrate : « Je sais que je ne sais rien » est une pièce centrale de son procès.
Ce procès, qui allait voir la condamnation à mort de l'homme « le plus sage et le plus juste », n'est pas seulement
resté comme un exemple du courage de l'homme face à la mort, comme un exemple du juste injustement persécuté.
Il n'a pas seulement alimenté les parallèles avec la fin de Jésus ; il a signé le divorce entre la philosophie et la
politique.
Qu'une cité comme Athènes, démocratique et respectueuse des lois, ait pu commettre un pareil crime, une
telle injustice, cela allait détourner Platon de la politique, et plus fondamentalement entraîner la conviction que :
-
les affaires humaines et notamment la politique sont indignes et de peu de prix.
-
Puisqu'antagonisme il y a entre le philosophe et la cité, et que la dernière persécute le premier, il n'y aurait.
»
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