L'opinion est-elle capable de vérité ?
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«
Habituellement, les termes « opinion » et « vérité » nous apparaissent comme contradictoires, mais le sujet « l'opinion est-elle capable
de vérité ? » nous invite à nous interroger sur le fait qu'il y a peut-être une relation possible entre ces deux mots.
Quelles relations
l'opinion et la vérité entretiennent-elles ? La vérité est-elle une fin de l'opinion ? Le mot capable pose une ambigüité : l'opinion veut-elle
atteindre la vérité ? Mais surtout peut-elle ? Quels sont les éléments qui permettent de l'obtenir ou d'en approcher ? Et en quel sens
s'en approche-t-elle ? Dans un premier temps, nous verrons que l'opinion est en totale contradiction avec la vérité et dans un second
temps que l'opinion peut atteindre la vérité.
Tout d'abord, c'est dans leur essence même qu'opinion et vérité s'opposent.
Leurs définitions sont en opposition.
La vérité est
le résultat d'une confrontation entre un jugement et une donnée.
C'est-à-dire qu'il doit y avoir une concordance entre le jugement qui
peut-être vrai ou faux, émit par l'homme et le fait réel qui est une donnée.
Le réel confirme ce que l'être pensant a dit.
Ainsi, la vérité
est une affirmation vérifiée.
Mais pour que la vérité soit admise comme telle, il faut que l'homme apporte la preuve de ce qu'il dit.
Par
exemple, s'il dit que Jeanne d'arc est morte telle année, il faut qu'il apporte ou obtienne son acte de décès ou si quelqu'un lui demande
« comment fait-on pour aller à Mexico ?», il ne suffit pas qu'il réponde à droite puis à gauche, il faut qu'il montre la carte routière pour
apporter la preuve de ce qu'il dit, sinon, ce n'est pas une vérité.
De, plus celle-ci doit être la même pour tout le monde, donc être
objective, stable et définitive.
Tous ces éléments sont en opposition avec l'opinion puisque cette dernière est une croyance ; celui qui
l'émet doit avoir conscience de n'affirmer qu'une conviction personnelle qui peut-être démentie, car elle est provisoire.
Elle est ainsi
personnelle, changeante, instable, subjective.
Dans le cas d'une opinion, il n'y a pas de preuve à apporter, sinon elle deviendrait une
vérité.
Des auteurs tels que Bachelard distinguent bien ces deux notions.
L'opinion permet-elle d'accéder à la connaissance
scientifique ?
Dans la connaissance scientifique, Bachelard disqualifie tout de suite toute sorte d'opinions, pour lui, « l'opinion est à
détruire », pour arriver à une certaine connaissance scientifique et donc à une ou plusieurs vérités.
L'opinion est à supprimer, car « elle
ne pense pas ».
En effet l'opinion est irréfléchie et directe, elle ne prend pas le temps de poser les questions, les problèmes, les
hypothèses, etc.
C'est donc un obstacle épistémologique pour la science, qui ne s'intéresse pas à l'unique fonction d'un objet, comme le
fait l'opinion, mais à ce qu'il est vraiment.
C'est en ce sens qu'opinion et vérité s'opposent : la vérité peut-être obtenue par la
connaissance scientifique qui ne peut pas être obtenue pas les opinions.
Ces dernières ne peuvent être à la base de la méthode
expérimentale qui demande vérifications, preuves, que la croyance ne peut donner.
D'autres auteurs tels que Schopenhauer définissent avant tout l'opinion comme bases de préjugées et de l'opinion commune
qui conduisent à la paresse intellectuelle.
En effet, une personne dit quelque chose sur quelqu'un pensant que cela est vrai et sans en
apporter la preuve, d'autres croient que cela est vrai et le divulguent à d'autres personnes, sans jamais en apporter la preuve et ainsi
de suite.
Au final, ce n'était qu'une rumeur non fondée et le manque de preuve et de réflexion personnelle a conduit à des choses
fausses.
Ainsi, l'opinion est un vrai obstacle pour obtenir des vérités, favorisant en plus le manque de réflexion et donc la paresse
intellectuelle.
Mais certaines opinions se révèlent vraies.
Comment cela est-il traduit ? La vérité rejoint-elle l'opinion ?
Les opinions droites se situent en un entre-deux : elles sont à la fois opinion, car elles ne reposent pas sur des preuves, mais
elles disent la vérité.
Quel statut leur donner ? Cette sorte d'opinion accède à la vérité par la chance et ou l'intuition.
Ce sont bien des
opinions, car elles sont irréfléchies et changeantes, mais elles ne sont pas personnelles (car vrai).
Le manque de preuves est-il
l'élément qui les fait basculer dans l'opinion ? Ou peut-on les prendre comme des vérités à part entière ? Pour qu'une opinion devienne
une vérité, elle doit avoir tous les critères de cette dernière or la preuve est la caractéristique principale donc l'opinion droite garde le
statut de l'opinion, mais est capable de vérité.
La voie pour y accéder est juste différente.
Faut-il avoir la preuve de toutes les choses
vraies pour les considérer comme des vérités ?
Pour Williams James, pas nécessairement, mais deux conditions sont obligatoires.
La première est la part du pragmatisme
dans les choses : si quelque chose est admis comme vérité et que ce dernier fonctionne, marche, c'est une sorte de vérification.
La
seconde condition est le fait que l'élément soit vérifiable, car il a été vérifié au préalable.
Prenons l'exemple de l'horloge.
L'objet réel
est l'horloge, le jugement vrai est « c'est une horloge ».
On peut l'énoncer vrai car le mécanisme est vérifiable, il a été vérifié par le
constructeur et si on l'ouvre on peut observer comment l'horloge marche.
De plus, si l'horloge fonctionne, cela rajoute un élément à
notre vérification, preuve de la vérité émise sur celle-ci.
Ainsi, des vérités circulent nécessairement comme des opinions, faute de
pouvoir tout vérifier par nous-mêmes, l'opinion est alors capable de vérité.
Il faut tout de même prendre garde de ne pas tomber dans
la paresse intellectuelle et de ne plus rien prouver.
Mais sur certains points la vérité ne rejoint-elle pas en quelque sorte l'opinion ?
Lors de la recherche scientifique, les vérités sont obtenues comme vérité provisoire.
En effet, la recherche scientifique conduit
à la réfutabilité des lois et énoncés.
Popper indique qu'il faut chercher des cas contradictoires pour affirmer de plus en plus les lois.
Plus
on fait d'expérience sans trouver des cas contraires, plus les énoncés sont valides, mais on n'obtient jamais de vérités universelles,
elles ont un caractère provisoire, même si elles sont admises comme telles.
De plus, le texte d'Infeld et Einstein confirme le fait qu'on
ne peut pas tout connaître, savoir tout sur les différents phénomènes, leurs liens… Ils comparent la nature à une montre fermée où l'on
ne peut voir le mécanisme.
Ainsi, on essaye d'expliquer les différents phénomènes de la nature, mais on n'est jamais sûr de dire
quelque chose de vrai au maximum de sa capacité, car on ne peut ouvrir la montre.
La nature n'a pas d'ouverture et le but final de la
science est d'obtenir un système qui explique tout.
Ainsi, les vérités scientifiques au caractère provisoire se rapprochent de l'opinion,
même si leur énoncé a un caractère explicatif.
On peut conclure que l'opinion dans un premier temps, ne peut pas dire de vérité.
Juste par sa définition, elle ne peut avoir un
rapport avec la vérité.
De plus, Bachelard a démontré que l'opinion est à détruire, mais la thèse de falsifiabilité fait ressembler la vérité
et l‘opinion puisque la vérité obtenue scientifiquement est provisoire comme l'opinion.
Par ailleurs, l'opinion droite est un accès direct à
la vérité sans passer par la réflexion, mais cela reste un énoncé de vérité sans preuve.
Ainsi, l'opinion est capable de vérité et la vérité
se rapproche de l'opinion, mais les voies d'accès à la vérité sont différentes, ainsi que leur statut..
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