L'opinion a-t-elle nécessairement tort ?
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I - LES TERMES DU SUJET
L'opinion : l'opinion désigne la production la plus brute, primitive, de la pensée.
Réactive plus que réfléchie, l'opinion est une pensée immédiate, soumise aux apparences, aux bruits les plus
absurdes comme aux rumeurs les plus incontrôlables, aux pressions de la foule comme à l'influence des beaux
parleurs.
L'opinion est donc entendue en un sens péjoratif, en philosophie, qui lui oppose l'usage réfléchi, raisonné, critique et
pondéré de la raison.
Ajoutons que l'opinion peut désigner la forme d'une pensée, par opposition à la pensée argumentative ou encore à la
connaissance scientifique.
Elle désigne aussi génériquement la formation d'une pensée collective spontanée - l'opinion publique - à laquelle on
opposera l'avis des experts ou les lumières des élites.
II - L'ANALYSE DU PROBLEME
Compte tenu de ce que nous venons de dire de la signification traditionnelle de l'opinion, on comprend que la
question prenne la forme : l'opinion a-t-elle NECESSAIREMENT tort ?
En effet, la question présupposait que l'opinion, quasiment par définition, se trompe, qu'elle est erronée, et c'est ce
présupposé qui était ici interrogé et qu'il fallait examiner.
Pour bien comprendre la question dans son sens philosophique, il était donc important de bien saisir ce qu'elle
présupposait.
Il fallait aussi explorer l'hypothèse opposée : l'opinion peut-elle avoir raison ? Peut-elle être dans le vrai ?
La réflexion pouvait prendre ici un tour sociologique et politique : Qui est le dépositaire de la pensée vraie ? Faut-il
disqualifier l'opinion publique ? Doit-elle être négligée par ceux qui gouvernent ?
Le problème est donc à un carrefour : celui d'une question de philosophie des sciences, et d'une question de
philosophie politique.
III - LES GRANDES LIGNES DE REFLEXION
On pouvait commencer par mettre en évidence les présupposés de la question, ce qui permettait de définir et de
caractériser l'opinion.
On traitera en seconde partie de l'aspect politique de la question.
IV - UNE DEMARCHE POSSIBLE
Commençons par déterminer ce qu'il faut entendre par opinion.
Disons d'emblée que la philosophie à ses débuts,
avec SOCRATE et PLATON, se constitue contre l'opinion.
Mieux vaut ne rien savoir que mal savoir ou croire savoir : tel est le message de SOCRATE.
Or l'opinion est
justement ce mélange de savoir et d'ignorance, ce savoir superficiel qui fait croire à tort à quelqu'un qu'il sait bien
une chose, alors qu'il ne la connaît pas bien en réalité.
Ce n'est donc pas telle opinion, dans son contenu, qui est fausse, mais la forme même de l'opinion, en général, qui la
condamne à la fausseté.
Qui a une opinion, en effet, ne prend pas la peine de la vérifier, ne prend pas le temps d'en douter.
L'opinion serait-elle vraie dans son contenu, serait donc encore fausse quant à sa forme, en ceci que c'est une
pensée sans fondement et qui ne prend pas la peine de se donner un fondement.
Ce fondement que la pensée doit se donner à elle-même pour être valable, par conséquent pour être vraie
nécessairement et non par hasard, est l'examen réfléchi de ses propres pensées et croyances, leur mise en doute
radicale, même, comme on peut le voir chez DESCARTES..
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