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L'oeuvre d'un artiste dépend-elle de son temps ?

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« Analyse et problème • Dépendre, c'est être lié (à quelqu'un ou à quelque chose) par une relation de subordination, de solidarité ou de causalité.

Si l'oeuvre de l'artiste dépend de son temps, quelle serait la relation qui exprimerait cette dépendance ? Une relation de causalité (les pensées « dans l'air du temps », les nouvelles découvertes, les autres oeuvres d'art, influençant l'oeuvre de l'artiste) ou de subordination (l'artiste se plie au goût ou aux exigences morales de son époque : il s'agit alors de domination et non d'influence). C'est là un premier problème : si dépendance il y a, quelle est sa nature, et donc sa valeur ? • Parler de l'oeuvre de l'artiste, c'est placer l'oeuvre avant l'artiste : ce n'est pas l'artiste lui-même qui dépend de son temps, mais bien l'oeuvre.

Est-ce que l'artiste n'est pas conscient de cette appartenance ? Que lui même n'appartient pas à son temps, même lorsque son oeuvre y appartient ? L'oeuvre de l'artiste est-elle un objet que l'on peut considérer indépendamment de son auteur ? • En tout cas, ce sujet invite à étudier la relation qui unit la création artistique, l'oeuvre d'art et l'histoire : à montrer que l'on peut considérer la création comme un processus détaché d'un temps, an-historique ; et qu'au contraire, d'autres voient dans l'oeuvre d'art une manifestation de son époque.

Que penser alors de l'oeuvre d'art ? Est-elle soumise au temps, à l'époque ? I – L'art comme reflet idéologique de son temps • Pour Marx, l'art est inscrite dans l'histoire, l'histoire de l'art est également celle de son temps.

L'oeuvre de l'artiste dépend de son temps, c'est-à-dire d'une idéologie, d'une société, d'une économie. • Loin d'être indépendante de son temps, l'oeuvre de l'artiste est le reflet - des contradictions inhérente à son époque, et la plupart du temps il va refléter essentiellement l'idéologie de la classe dominante. - de la progression des peuples sur le plan matériel, en particulier sur le plan des techniques de productions. - l'artiste enfin est un travailleur comme les autres : d'une part il lui fait bien vivre, et donc il s'insert dans un marché, et d'autre part il crée non pas individuellement (critique de l'idéologie du « génie créateur ») mais en commun avec d'autres.

Il est donc le témoin de son époque. • On peut prendre des exemples de production artistique : - Le théâtre de Molière met en scène l'aristocratie ce son temps, bourgeois et paysans leur servant souvent de faire valoir. - Le théâtre de Beaumarchais, cent ans plus tard, consacre la révolte des valets, et annonce la Révolution française. - Si le répertoire pianistique se développe autant au XIXème siècle, c'est parce qu'il y a des pianos, certes, mais surtout parce qu'il y a des manufactures pour les produire en grand nombre : il deviendra l'instrument emblématique de la classe bourgeoise naissante. • Cependant on peut remarquer que ce sont également des thèmes universels que véhiculent les oeuvres artistiques : la bêtise humaine, la cupidité, la domination, thèmes présents quelle que soit l'époque. De même, comment comprendre la différence de plusieurs artistes contemporains sans recourir à des caractéristiques subjectives, tenant à leur génie créateur ? L'hypothèse de Marx permet tout au plus de montrer les conditions matérielles de la création, sans pouvoir en expliquer le mystère. II – L'oeuvre d'art comme tentation de l'éternité • Il y a dans toute oeuvre d'art la tentation d'échapper à la mort, de laisser sa trace.

Tentative impossible, et qui n'est pas le propre de l'art, mais de toute forme de culture : pouvoir, progrès technique, religion...

Ce rôle (échapper au temps) n'est pas propre à l'oeuvre d'art, car ce n'est pas une fonction esthétique Dans l'esprit des premiers hommes, nous semble-t-il, deux ordres de possibilités s'opposèrent. D'un côté une série d'activités efficaces, en quelque sorte raisonnées, s'offrait à celui qui chassait à l'aide d'armes fabriquées, pourvoyant de cette manière à sa subsistance.

Il disposait de haches de pierre, d'épieux à la pointe de pierre.

Il façonnait en outre en forme de boules des pierres destinées au jet.

Ses outils lui permettaient de dépecer méthodiquement les animaux, d'en prélever la fourrure.

[...] Mais comme tous ceux qui l'ont suivi, le Moustérien se heurta à la seule puissance qui décidément l'humiliait : il lui fallut comme nous s'incliner devant la mort; devant la mort échouait décidément son effort industrieux.

Le domaine de l'activité efficace s'était ouvert à son intelligence naissante.. »

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