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L'oeuvre d'art a-t-elle une fonction ? (Pistes de réflexion seulement)

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« Introduction L'artiste paraît être cet individu qui est parvenu à s'émanciper des contraintes serviles de notre société : il est censé vivre de son inspiration, de sa propre volonté.

Dès lors, comment le produit de son travail, son oeuvre, l'oeuvre d'art, pourrait-il obéir à une fin supérieure ? L'oeuvre d'art saurait-elle être soumise en tant que moyen à un but extérieur à elle-même ? Cela ne remet-il pas en cause l'indépendance essentielle à l'art ? A moins qu'on ne puisqse concevoir ce moyen comme une fonction auto-fondée, qui amènerait l'oeuvre d'art vers son propre achèvement ? I L'oeuvre d'art comme moyen au service de la raison : Aristote et Platon -Aristote, dans la Poétique, décrit l'utilité de l'oeuvre tragique : purification des passions de l'âme, et émotion de cette âme, qui rend le message plus persuasif.

L'oeuvre d'art a donc bien une fonction autonome, mais celle-ci demeure un auxiliaire de la raison : il s'agit de purifier l'âme de ses troubles pour mieux exercer sa raison, et d'utiliser ses vertus émotionnelles pour appuyer l'adhésion aux propositions rationnelles. -On voit donc que la fonction de l'art demeure nécessairement soumise aux fins de la raison. Platon se fait plus sévère qu'Aristote : l'art ne saurait avoir une utilité qu'absolument relative à l'oeuvre de la raison.

Platon refuse donc toute fonction autonome à l'oeuvre d'art et à sa beauté : elle ne peut servir qu'à percevoir et dépasser un exemple du Beau, pour conduire à la contemplation unifiée du Beau, du Bien et du Vrai dans l'Idée de l'objet (La République). II Aucune fonction, pour le bien de l'art et pour le bien de la raison : Spinoza et Baudelaire -Pour le bien de la raison : pour Spinoza, l'oeuvre d'art n'a pas grande fonction dans la quête de la vérité et de la béatitude.

Il n'en fait pas grand cas dans sa philosophie, l'art étant en effet à ses yeux une pratique confuse, rétive à la méthode géométrique déployée dans l'Ethique : il ne fait qu'entretenir les passions.

Le mieux dont une oeuvre soit capable est d'engendrer des passions joyeuses : mais encore cette capacité n'est-elle qu'accidentelle, elle n'a rien à voir avec la nature même de l'oeuvre d'art (Ethique). -Pour le bien de l'art : l'art ne peut être authentique et vrai que s'il ne se préoccupe que de ses propres fins esthétiques, selon Baudelaire.

L'art n'affiche donc plus aucune fonction, et ne doit pas en afficher : toute compromission avec les questions morales, politiques, scientifiques, ne peuvent que nuire à sa réelle nature.

L'art est donc essentiellement une activité critique, précisément par son indépendance, sa "gratuité" à l'égard des questions du monde empirique (Le Peintre de la vie moderne). III Dépasser les fonctions du monde : une fonction supême de l'oeuvre d'art, Nietzsche et Kant -Nietzsche : seulement, cette "gratuité" de l'art ne peut se fonder comme totalement indépendante.

Elle est foncièrement critique, on l'a dit : elle se situe en opposition constante avec les valeurs en cours de la société.

La fonction de l'art est donc de remettre en cause les croyances courantes, en se maintenant constamment à la frontière de la société, critiquant ses idées par un mouvement d'élévation, de désintérêt qui n'est que l'expression d'une critique très profonde.

Cette hauteur d'humeur de l'oeuvre d'art, cette gaieté, pour Nietzsche, est le meilleur moyen de contrer la gravité de la vérité et de l'étude de nos problèmes existentiels (Le gai savoir).

Prétendre au désintérêt, telle est la fonction de l'oeuvre d'art. -Kant : la question de ce désintérêt est centrale pour la fonction de l'oeuvre d'art.

Kant dans la Critique de la faculté de juger, définit le plaisir esthétique comme un plaisir désintéressé, c'està-dire n'ayant aucune fonction au service du monde environnant.

Mais ce "désintéressement" est un fait la suprême expression d'un intérêt comme critique du monde, come capacité de le dépasser pour y revenir librement, plus lucide : dans la Critique de la faculté de juger, Kant examine dans le plaisir esthétique le "libre jeu des facultés" (entendement et imagination), espace de liberté humaine qui peut déplacer certaines limites entre l'inconnu et le déjà-connu. Conclusion -L'oeuvre d'art n'a pas de fonction définie ; mais elle affiche une tâche plus grande, qui est celle d'une critique globale de notre existence. -Dès lors, c'est bien l'absence de toute fonction pratique assignée à l'oeuvre d'art qui lui permet un investissement décisif dans notre réalité, grâce à sa liberté absolue d'intérêt. -"L'art pour l'art" n'est donc qu'une formule pour désigner le plus grand service que peut rendre l'art à notre existence : ne plus rien supposer comme allant de soi, remettre en cause l'entièreté de nos sensations.

Service ici à la même hauteur que celui de la science ou de la philosophie. >>> Second corrigé de ce même sujet: http://www.devoir2philo.com/dissertations/102407.htm. »

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